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La gu?pe rouge (Красная оса)
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Аллен Марсель

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— Que faites-vous l`a ?

L’homme, sans se troubler, tira de sa poche une carte d’invitation crasseuse `a moiti'e d'echir'ee :

— J’attends, d'eclara-t-il, pour entrer dans la taule, qu’on ait ouvert les lourdes.

M. Marquelet sursauta, cependant il ne pouvait rien dire, cette personne poss'edait une invitation r'eguli`ere. Il lui recommanda cependant `a voix basse :

— Vous n’^etes pas tr`es bien habill'e, cachez-vous derri`ere quelqu’un, lorsque le ministre arrivera. Il ne faut pas qu’il voie des gens aussi…

M. Marquelet n’osait dire « aussi sales », mais son interlocuteur comprit et il s’'eloigna en grommelant :

— Vrai, quelle d'emocratie ! On dirait pas qu’on est en R'epublique. Faudrait maintenant qu’on vienne en habit de c'er'emonie ? Moi je garde ca pour les dimanches.

L’homme qui s’'ecartait de la sorte, c’'etait Bouzille.

M. Marquelet serra chaleureusement la main de Me Henri Faramont : le b^atonnier venait d’arriver avec sa femme et son fils. Le ma^itre du Barreau 'etait tout souriant.

— Ah mon cher b^atonnier, s’'ecria M. Marquelet, en lui 'ecrasant les phalanges, je ne sais comment vous remercier au nom des Artistes Internationaux. Le fait que vous nous avez pr^et'e votre superbe Rembrandt, votre admirable P^echeur `a la ligne, va attirer tout Paris.

Il s’arr^eta brusquement et courut `a l’entr'ee du parc ; deux voitures automobiles venaient de s’y arr^eter, des personnages en redingote, aux allures endimanch'ees, en descendirent.

— C’est le Gouvernement, d'eclara M. Marquelet.

Il fit signe `a un gardien, lequel le r'ep'eta au chef d’orchestre, et la musique entonna la Marseillaise, cependant que bon nombre des hommes pr'esents se d'ecouvraient.

Puis l’on vit s’avancer M. Dubois, sous-secr'etaire d’'Etat aux Beaux-Arts. Le repr'esentant du Gouvernement 'etait un homme d’une quarantaine d’ann'ees, au visage aimable, `a la tenue relativement 'el'egante qui portait une jaquette, un pantalon clair, des souliers vernis, et un chapeau haut de forme. Il avait aussi les mains gant'ees et gant'ees de beurre frais, ce qui lui donnait un peu l’allure d’un mari'e de province. Il arrivait, suivi d’une demi-douzaine de tout petits jeunes gens, aux physionomies 'eveill'ees, quelque peu narquoises. Certains 'etaient d'ecor'es, les autres portaient `a la boutonni`ere des fleurs de toutes les couleurs.

M. Marquelet s’inclina tr`es bas devant le « Gouvernement ».

— Au nom de la Soci'et'e des Artistes Internationaux, d'eclara-t-il d’une voix qui tremblait l'eg`erement, je vous remercie. Monsieur le Ministre, de bien vouloir honorer de votre pr'esence l’inauguration de notre Exposition.

Le ministre s’inclina `a son tour, mais M. Marquelet continua `a parler pendant une dizaine de minutes.

Puis, ce fut le tour de M. Dubois de r'epondre au pr'esident.

Il le fit avec cette facilit'e verbeuse qui constitue l’'eloquence de la plupart des hommes d’'Etat. Il acheva sur une p'eroraison grandiloquente et convaincue au cours de laquelle il m^ela la politique et l’art, de la facon la plus inattendue sans doute, mais assur'ement la plus heureuse.

Et des bravos retentirent alentour, cependant que les jeunes attach'es d'evisageaient curieusement les jolies femmes de l’assistance.

Conform'ement aux instructions de M. Marquelet, Bouzille s’'etait dissimul'e dans les derniers rangs de la foule, pour n’^etre pas remarqu'e par le repr'esentant du gouvernement. Il avait retrouv'e dans une all'ee du jardin celui qu’il appelait parfois « son patron ».

Le Danois 'Erick Sunds 'etait l`a en effet, mais il semblait avoir perdu toute sa gaiet'e habituelle. Il avait les traits fatigu'es. Sur son visage se peignait une 'etrange p^aleur.

« Probable, pensa Bouzille, qu’il a d^u faire cette nuit une bombe carabin'ee. »

Et comme il lui sugg'erait tout bas :

— Vous ne vous ^etes pas couch'e, pas vrai ?

'Erick Sunds lui lanca un mauvais regard, qui interdit `a Bouzille d’insister.

Cependant, le cort`ege officiel p'en'etrait dans le Palais de Bagatelle :

— Si vous le voulez bien, monsieur le ministre, commenca Marquelet, nous allons voir d’abord les gravures. Nous examinerons ensuite les vitrines qui contiennent les bibelots, puis la sculpture nous retiendra quelques instants et enfin nous passerons dans le salon d’honneur.

On fit une premi`ere station devant un groupe de marbre d^u au sculpteur Rube. Cela repr'esentait une temp^ete en mer. Une barque oscillait dans un 'equilibre instable. Rube 'etait l`a, il plastronnait, le coude appuy'e sur le socle supportant son oeuvre.

— Ah, ah, fit le ministre, qui regarda quelques instants, mais sans rien dire.

Le cort`ege s’'eloigna : Rube 'etait devenu tout rouge, et tandis que ses camarades le consid'eraient d’un oeil amus'e, il grogna entre ses dents :

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