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L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Аллен Марсель

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Fandor, heureusement, avait plus d’un tour dans son sac. Au moment m^eme o`u il se sentait mourir, philosophe, il d'ecida :

— Sapristi, puisqu’il le faut, mourons.

Cette d'ecision, `a laquelle se r'esignait si `a propos Fandor 'etait en r'ealit'e le fruit d’une r'eflexion fort avis'ee. Le journaliste, en effet, ne s’illusionnait pas le moins du monde sur le p'eril r'eel o`u il se trouvait :

— Si je continue `a me d'ebattre, se disait-il, il est 'evident que le premier r'esultat auquel je vais arriver sera de me faire tuer compl`etement, ensuite de me faire briser le cr^ane par l’'energum`ene qui me tient en sa puissance. Au contraire, si je meurs, il va me l^acher et dame, alors, j’ai une petite chance de ressusciter le moment venu.

— Mourons, dit Fandor.

Une dernier fois ses jambes battirent l’air, puis il ne r'esista plus, mou comme un sac de son. Et il mourut.

`A pr'esent, l’assassin ne le sentant plus se d'ebattre, desserrait un peu son 'etreinte, cessait de le frapper, Fandor eut tout juste le temps de happer une bouff'ee d’air, de reprendre connaissance. D'ej`a, il se sentait saisi par les pieds, emport'e en l’espace de quelques m`etres, puis, jet'e brutalement dans quelque chose, une caisse peut-^etre, o`u il se meurtrissait douloureusement, et l`a, enfin, r'eellement, il perdit conscience.

***

Quand il revint `a la vie, il s’apercut avec stupeur, non seulement qu’on venait de le pr'ecipiter dans un tonneau, mais encore qu’on avait rabattu le couvercle de ce tonneau, et qu’en grande h^ate, `a vigoureux coups de maillet, on en clouait le couvercle.

Certes, il avait fr^ol'e la mort de pr`es nombre de fois. Nombre de fois il avait senti le souffle glacial du s'epulcre lui effleurer le front et il 'etait toujours pr^et `a faire le sacrifice de sa vie, mais l`a, il eut peur, ou presque.

— Boucl'e, se dit-il, je suis irr'em'ediablement boucl'e dans ce tonneau. Hum, c’est un dr^ole de cercueil que l’on m’a choisi.

Et, comme il 'etait tr`es faible, 'etourdi encore par les coups qu’il avait recus, mal remis de sa syncope, il demeura sans mouvement, cependant que l’on continuait de clouer le couvercle de son cercueil.

Enfin, les coups de maillet s’arr^et`erent. J'er^ome Fandor, avait retrouv'e toute sa lucidit'e. Il ne se rendait que mieux compte de ce que sa situation avait d’aventureux :

— Ce qui m’arrive est bien simple, se d'eclarait-il, j’ai 'et'e pris par Fant^omas, Fant^omas me croit mort et m’a enferm'e dans un tonneau. Fant^omas va laisser ce tonneau dans quelque coin ignor'e et comme je n’ai aucun moyen de d'efoncer mon cercueil improvis'e, je vais tout doucement crever de faim, de soif, d’asphyxie. C’est r'ejouissant.

Or, les r'eflexions du jeune homme, au moment m^eme, furent brusquement interrompues.

Sa cachette se renversait `a l’improviste, on roulait le tonneau et J'er^ome Fandor, Diog`ene d’un nouveau genre, 'etait bien oblig'e de subir l’'etourdissant supplice de ce voyage `a l’int'erieur d’une barrique qui pivotait sur elle-m^eme.

— Jadis, songeait le journaliste, j’ai d'ej`a voyag'e `a l’int'erieur d’un tonneau, mais c’'etait sans couvercle. Juve 'etait avec moi et enfin nous 'echappions `a Fant^omas. Tandis qu’en ce moment… O`u menait-on le tonneau ? J'er^ome Fandor se le demandait. Apr`es l’avoir roul'e quelques minutes, lui avoir fait parcourir une soixantaine de m`etres peut-^etre, J'er^ome Fandor eut l’impression qu’on le relevait. Par bonheur, il avait la t^ete en haut. En m^eme temps, il avait d'ecouvert une petite fente pour lui permettre de voir et lui 'eviter l’asphyxie.

Brusquement, il entendit quelqu’un qui disait :

— Dites donc, prenez garde, si cette sacr'ee barrique roulait, elle tomberait dans le trou.

Nouvel et surprenant accident, l’air du tonneau 'etait naturellement charg'e de vapeurs alcooliques et ces vapeurs finirent m^eme par lui monter tellement au cerveau, que lentement, mais s^urement gris'e, il se prit `a chanter.

— C’est rigolo en diable, hurla le jeune homme, c’est farce comme tout, ce qui m’arrive, h'e, l`a-bas, tavernier de mon coeur, ne me laisse pas moisir l`a-dedans ! Tue-moi, mais ne vous payez pas ma t^ete. Cr'e bon sang, si ca vous chante, enfermez-moi dans un tonneau plein, mais pas dans un tonneau vide.

Et puis, Fandor s’arr^eta de parler. La v'erit'e alors lui apparut :

— Qu’est-ce que je radote ? se demanda-t-il, je deviens saoul, vingt mille diables. Nous voil`a propre. Pas `a dire, co^ute que co^ute, il faut que je sorte de l`a.

R'eagissant de toutes ses forces contre l’ivresse qui lui alourdissait les paupi`eres, Fandor s’arc-bouta contre les parois du tonneau, s’efforcant de les d'efoncer. Il ne parvint m^eme pas `a les 'ebranler.

— De mieux en mieux. C’est solide comme un tonneau de vin de champagne. Non, au fait ce serait plut^ot un bocal de cornichons, et moi, le cornichon. Ce que je dois avoir l’air cloche l`a-dedans.

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