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L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Аллен Марсель

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— As-tu mont'e le cervelas ?

— Probable. Puis aussi quatre litres `a douze, tiens, v’l`a la monnaie.

Sur la table de la petite pi`ece qui servait de salle `a manger, Rose Coutureau venait de jeter quelques gros sous d’un air nonchalant et maussade. Son p`ere, qui sommeillait, `a demi 'etendu sur la table, la t^ete pos'ee sur le bras, se redressa, regarda sa fille, non sans manifester un certain 'etonnement.

Apr`es avoir b^aill'e deux ou trois fois, car il semblait avoir tr`es sommeil, le p`ere Coutureau interrogea :

— Quatre litres ? Pourquoi c’est-il que tu as apport'e autant de vin aujourd’hui ?

Rose Coutureau 'etait pass'ee dans la cuisine o`u elle pr'eparait le d'ejeuner, d'ej`a fort en retard, car il 'etait au moins une heure et quart de l’apr`es-midi.

Elle revint, haussant les 'epaules, et expliqua :

— Eh bien, un pour le manger de midi, pas vrai, et un autre pour le soir.

Le p`ere Coutureau, qui savait compter, approuva, mais il ajouta :

— Eh bien, ca ne fait jamais que deux, ca…

D’une voix grondeuse et presque inintelligible, Rose Coutureau, qui vraisemblablement, 'etait de fort mauvaise humeur, r'epondit :

— Eh bien, j’en ai mont'e deux autres pour demain, voil`a tout !

Et elle retourna dans la cuisine, cependant que le p`ere Coutureau la suivait d’un regard qui avait une expression de m'efiance :

— Qu’est-ce qu’elle combine encore ? se demanda-t-il, et pourquoi qu’elle apporte des provisions pour deux jours ?

Il h'esita un instant, se demanda s’il n’allait pas essayer de tirer au clair cette situation 'evidemment anormale et compliqu'ee, qui devait provenir d’une cause qu’il ignorait. Mais il n’osa pas.

Aussi bien, sa fille 'etait fort occup'ee en ce moment `a se d'ebattre avec le fourneau `a gaz qui ne marchait pas. Et le p`ere Coutureau qui, d'ecid'ement, avait sommeil, se coucha `a nouveau `a demi sur la table et essaya de s’endormir, la t^ete appuy'ee sur le coude.

Il s’'etait attard'e la veille, longtemps, apr`es la repr'esentation du th'e^atre. Tout d’abord, on s’'etait 'eternis'e dans les couloirs des loges, `a discuter les divers incidents qui avaient 'et'e suscit'es, l’avant-veille, par la venue du journaliste Fandor.

Puis, au lieu de s’en aller, quelques artistes, parmi lesquels se trouvait le p`ere Coutureau, s’'etaient mis `a travailler `a pr'eparer des d'ecors, `a b^atir des praticables, pour la nouvelle pi`ece qui allait passer dans quelques jours.

On en avait eu jusqu’`a quatre heures du matin, et dame, alors, au lieu d’aller se coucher, on avait pr'ef'er'e attendre une heure de plus, et ne sortir du th'e^atre qu’au moment o`u s’ouvriraient les marchands de vins. D`es lors, de cinq heures `a dix heures, on avait 'et'e boire et se restaurer dans divers bistrots. Enfin le p`ere Coutureau 'etait rentr'e, l'eg`erement ivre et passablement fatigu'e.

Il avait eu `a s’occuper de son int'erieur, car Rose Coutureau n’aimait gu`ere faire le m'enage, et de la sorte le vieil habilleur n’avait pu commencer `a go^uter du repos que vers midi moins le quart, au moment o`u sa fille 'etait partie aux provisions.

Elle 'etait revenue une heure apr`es, au moment o`u son p`ere allait s’assoupir pour de bon. Celui-ci essayait de s’assurer du sommeil avant que le d'ejeuner f^ut pr^et, mais c’'etait en vain. Rose allait et venait, fit du tapage, remua des meubles, des objets, et le vieil ivrogne grommelait sans cesse, pestant contre la fatigue dont il ne pouvait se d'epartir.

— Donne-moi un verre de vin blanc, ordonna-t-il `a sa fille, ca me remettra.

Il en but un, puis deux, et s’'etira longuement, mais Rose vint le bousculer, l’obligea `a se d'eranger de la table sur laquelle elle mettait le couvert.

Le p`ere et la fille exp'edi`erent leur frugal d'ejeuner en silence. Ils n’'echang`erent pas trois paroles. Si le p`ere Coutureau tombait de sommeil, sa fille 'etait sombre, pr'eoccup'ee, nerveuse au dernier point.

En un quart d’heure ils avaient fini. Rose d'ebarrassa vivement. Et le p`ere Coutureau entrevoyait d'esormais avec joie quelques heures de tranquillit'e devant lui, pendant lesquelles il allait pouvoir se reposer sur son lit. Il allait quitter la pi`ece qui servait de salle `a manger lorsque Rose lui barra le passage. Elle avait son chapeau sur la t^ete ; sous son bras elle dissimulait un volumineux paquet.

— Tu sors ? demanda le p`ere Coutureau, 'etonn'e de voir sa fille s’en aller de si bonne heure.

— Oui, r'epondit Rose, qui ajouta : Adieu, je me d'ebine.

Coutureau demeura un instant surpris, consid'erant la gamine et cherchant `a lire dans ses yeux le motif v'eritable de cette sortie pr'ecipit'ee. La jeune fille, d’ailleurs, n’essaya pas de dissimuler longtemps :

— Eh bien oui, fit-elle, quoi, je sors ! Ne suis-je pas libre ?

— Sans doute, reconnut son p`ere, tu peux te balader comme tu veux, surtout que les r'ep'etitions ne commencent pas avant cinq heures. Viendras-tu me prendre pour aller au th'e^atre ?

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