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Mais la voix de Fant^omas interrompit Juve :
— La paix ! ordonnait rudement le bandit, nous ne sommes pas ici pour faire des phrases. Et je n’ai nullement l’intention de vous tuer.
— Vraiment ?
— Je vous en donne ma parole.
— Juve, poursuivit Fant^omas – mais d'esormais sa voix 'etait devenue plus douce, moins sarcastique – Juve je veux que vous viviez.
— Grand merci, Fant^omas, mais vos d'esirs ne seront pas r'ealis'es, j’ai un revolver dans ma poche qui me permettra…
— Vous n’avez pas de revolver.
Avant m^eme que Fant^omas lui e^ut affirm'e qu’il n’avait pas de revolver, Juve s’'etait apercu, en effet, en se fouillant f'ebrilement, qu’il n’avait pas son fid`ele browning. La poche de son veston avait 'et'e fendue, l’arme avait d^u tomber. Juve avait 'et'e d'epouill'e de son seul moyen de d'efense sans qu’il s’en f^ut m^eme rendu compte.
— Vous n’avez pas de revolver, poursuivait Fant^omas, parce que j’ai fait en sorte que vous soyez d'esarm'e, pour vous 'eviter toute pens'ee funeste. En revanche, Juve, vous avez dans la poche de votre pardessus une excellente paire de menottes, du syst`eme brevet'e r'ecemment adopt'e par la S^uret'e. Est-ce exact ?
— C’est exact.
— Alors, continuait Fant^omas, voici ce que j’ai `a vous proposer, Juve : vous ^etes mon prisonnier, il vous est mat'eriellement impossible de vous 'echapper de ce pi`ege o`u vous avez eu la maladresse de tomber. D’autre part, je suis bien r'esolu `a ne vous rendre la libert'e que le jour o`u vous m’aurez dit o`u se trouve H'el`ene. Donnant, donnant. Jadis, en Angleterre, nous avons d'ej`a fait un pacte et nous l’avons respect'e. Faisons-en un nouveau. Dites-moi o`u est ma fille et vous ^etes libre.
Fant^omas faisait une pause. Juve, avec le flegme qu’il e^ut mis `a discuter de questions totalement indiff'erentes, en profita pour remarquer :
— Mais tout cela n’a rien `a faire avec mes menottes. D’ailleurs, Fant^omas, je vous ai dit `a maintes reprises d'ej`a, je vous l’ai fait dire par Backefelder au moins, et Fandor vous l’a r'ep'et'e, que j’ignorais o`u 'etait H'el`ene.
— Sans doute, mais je ne l’ai pas cru.
La discussion se poursuivait, surprenante, tragique et cependant fort calme. Juve jouait sa vie en r'epondant `a Fant^omas qu’il ne savait point o`u 'etait H'el`ene. Fant^omas, `a coup s^ur, qui recherchait sa fille avec tant d’ardeur, souffrait terriblement en entendant cette affirmation, et pourtant, ni lui ni le policier ne haussaient le ton, on e^ut cru qu’ils se trouvaient dans un salon, et qu’ils causaient de choses sans importance :
— Juve, je ne vous crois pas. Je sais que vous pr'etendez ignorer o`u est H'el`ene, mais peu m’importe. Je suis persuad'e que vous pouvez retrouver ma fille ou m’aider `a la retrouver. Voulez-vous vous allier pour cela avec moi ?
— Non.
— Vous pr'ef'erez demeurer mon prisonnier ?
— Oui.
Et Juve 'etait sinc`ere, car, sachant l’amour que Fandor 'eprouvait pour H'el`ene, il ne pouvait admettre que la fille de Fant^omas retomb^at jamais aux mains de son p`ere, ce qui e^ut 'et'e 'evidemment le pire des malheurs pour la malheureuse jeune fille.
Or, `a la r'eponse cat'egorique du policier, Fant^omas avait paru pris d’une rage subite :
— Alors, hurlait-il, appr^etez-vous, Juve, `a pourrir dans la prison que je vous choisirai. Au surplus, je suis persuad'e que six mois, un an de captivit'e, vous feront changer d’avis. Et puis, il ne s’agit pas de cela, Juve. Pourquoi avez-vous voulu venir au secours de Backefelder ?
— Est-il donc votre prisonnier ? interrogea Juve.
— Sans doute, et ce sont bien ses deux oreilles que je vous ai envoy'ees `a vous et `a Fandor.
— Pourtant, la lettre 'etait fausse, j’imagine ?
— Elle 'etait 'ecrite par moi, riposta Fant^omas.
Mais le bandit s’interrompit :
— Ah ca, faisait-il, Juve, je vous trouve extraordinaire, ma parole. Vous m’interrogez, je n’ai plus `a vous r'epondre. Taisez-vous. Mort de Dieu ! c’est moi qui commande. Vous devriez vous souvenir Juve, que les ordres de Fant^omas sont sans r'eplique.
Juve se tut, attendant les 'ev'enements.
Du fond de son trou, Juve entendait, sans le voir, Fant^omas qui marchait de long en large, `a quelque distance du pi`ege. Brusquement le bandit s’arr^eta, se rapprocha du pr'ecipice :
— Juve.
— Fant^omas ?
— Je vous ordonne de vous passer les menottes que vous avez dans votre poche. Quand vous les aurez, vous me donnerez votre parole d’honneur qu’elles sont r'eellement cadenass'ees et vous me jetterez la cl'e.
— Et pourquoi ferais-je cela, Fant^omas ?
— Parce que, faisait le bandit, j’ai l’intention de vous transf'erer de ce trou dans une autre prison o`u vous serez mieux, Juve. Juve, je ne veux pas que vous mourriez. Il faut que vous me disiez o`u est ma fille. Il faut que vous m’aidiez `a la retrouver.