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Том 6. С того берега. Долг прежде всего
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Герцен Александр Иванович

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Один мужественный плач, одно великое негодование, одно мрачное проклятие и раздалось этим каннибалам из уст Ламенне. – Старика будут судить.

Им не уйти от его проклятия. – Да, не уйти и тем слабым, жалким, которые хотели скорлупу республики без ее зерна, которые осмелились на всех перекрестках солгать, солгать страшными словами:

Libert'e, Egalit'e, Fraternit'e [135] .

Это огненные слова Даниила, это смертный приговор – без апелляции, без помилования.

135

Свобода, Равенство, Братство (франц.). – Ред.

Казнь будет – кровь, кровь, кровь польется страшная. Ну, что же выйдет из этой крови? – Смерть, распадение старому миру… Это будет торжество притесненных, праздник мести… анархия – оргия крови… ну, а дальше – я не знаю. Идея социалистов не созрела столько же, сколько идея мещан сгнила. У них больше предчувствия, нежели знания; больше пониманья современного зла, нежели будущего блага… на таких носящихся (schwebende) идеях не удаются революции, но истребление удается – будет такая Жакри, такая Варфоломеевская ночь, перед которой ужасы июньских дней покажутся отеческим исправлением, детской игрой, и в этом море крови, огня, бешенства, гнева, мести – погибнет гниющий, разрушающийся мир, – и это прекрасно – Vive la mort…

– Да здравствует хаос, экстерминация!..

– Vive la mort!..

И да наступит будущее.

Париж, 27 июля 1848

Donoso Cort`es, marquis De Valdegamas, et Julien, Empereur Romain*

Ils ont des yeux, les conservateurs, et ils ne voient pas; plus sceptiques encore que ne le fut Saint Thomas, ils touchent la plaie et ne croient pas `a sa profondeur.

«Voil`a, – disent-ils, – les progr`es de la gangr`ene sociale; voil`a l'esprit de n'egation qui souffle la destruction, voil`a le d'emon de la r'evolution qui 'ebranle les derniers soutiens du v'en'erable 'edifice politique; c'est clair, notre monde court `a sa perte, entra^inant avec lui la civilisation, les institutions; il a d'ej`a un pied dans la tombe…» Et ils ajoutent: «Doublez la force des gouvernements, ramenez les hommes aux croyances qu'ils n'ont plus, appuyez l'autorit'e sur les arm'ees permanentes, il y va du salut d'un monde entier!»

Sauver un monde par des r'eminiscences, par des mesures coercitives? – Quelle d'emence! Ou le sauve par une bonne nouvelle, et non par une religion r'echauff'ee, on le sauve par un verbe qui porte en germe un nouveau monde, et non par la restauration d'un ordre de choses vieillies. – Chr'etiens, vous le savez!.

Est-ce obstination de la part des conservateurs, ou manque d'intelligence; est-ce la peur d'un avenir sombre qui trouble leur entendement, parce qu'ils ne voient que ce qui succombe, parce qu'ils ne s'attachent qu'au pass'e et ne s'appuient que sur des ruines, pr^etes `a s''ecrouler? C'est aussi le r'esultat de la confusion compl`ete des id'ees, `a laquelle nous sommes parvenus `a force de r'evolutions incompl`etes et de restaurations aveugles, `a force d'incons'equences, de repl^atrages, cette confusion nous rend extr^emement difficile `a saisir toute notion claire, simple, naturelle.

Cette confusion pr'eexiste pour nous comme un h'eritage; nous la trouvons 'etablie dans notre ^ame au nom de l'autorit'e. Le r'eveil des facult'es intellectuelles, la fonction logique est paralys'ee, d'evi'ee de sa route. Le rapport naturel de l'homme `a l'ext'erieur est troubl'e. L''education rend les hommes fous avant qu'ils aient eu le temps d'avoir de l'esprit.

Au moins, dans le pass'e il y avait plus d'unit'e; une folie 'epid'emique n''etait presque pas remarqu'ee; tout le monde 'etait dans l'erreur, mais tout le monde 'etait d'accord sur les g'en'eralit'es. A pr'esent, figurez-vous ce chaos qui obscurcit la pens'ee de la g'en'eration contemporaine. Pr'ejug'es du monde romain; pr'ejug'es du moyen-^age; pr'ejug'es de l'Evangile; pr'ejug'es des encyclop'edistes; le catholicisme et l''economie politique, Voltaire et Loyola, l'id'ealisme dans les th'eories et le mat'erialisme dans la vie, une moralit'e abstraite, rh'etorique dans la bouche et une conduite qui n'a rien de commun avec elle.

Cette masse h'et'erog`ene s''etablit dans notre esprit sans contr^ole, sans coordination quelconque, ni analyse. Une fois arriv'es `a l'^age m^ur, nous sommes trop occup'es, trop paresseux et trop l^aches pour citer un `a un tous ces dogmes devant le tribunal de la critique et c'est ainsi que nous ne parvenons presque jamais `a la clart'e lucide du r'ealisme.

Cette confusion n'existe nulle part `a un tel degr'e qu'en France. Les Francais, ne vous en scandalisez pas, priv'es en g'en'eral d'une 'education philosophique, comprennent avec une grande sagacit'e les r'esultats, mais ils les saisissent d'une mani`ere abstraite, et ces r'esultats restent isol'es, manquant d'ensemble, de m'ethode. De l`a vient n'ecessairement le vague de toutes les id'ees, des contradictions `a chaque pas.

On est forc'e, en France, de r'ep'eter les v'erit'es les plus 'el'ementaires, de revenir sur des principes qui n''etaient pas nouveaux du temps d'un Bacon ou d'un Spinoza. Il n'y a rien d'acquis chez vous, comme par exemple en Allemagne, sous le point de vue scientifique, en Angleterre sous le point de vue du droit. De l`a cette l'eg`eret'e de changement dont nous sommes les continuels t'emoins. Une g'en'eration de r'evolutionnaires devient absolutiste. Apr`es trois r'evolutions on en est encore `a la question de la censure, de la prison pr'eventive, de la transportation sans jugement, parce qu'il n'y a rien de gagn'e d'efinitivement. Cette confusion s'est produite dans la science m^eme par l''eclectisme de M. Cousin, qui lui a donn'e une organisation syst'ematique.

Cette confusion r`egne dans tous les camps, chez les d'emocrates comme chez les absolutistes, `a plus forte raison chez les mod'er'es qui ne savent ce qu'ils veulent, ni ce qu'ils ne veulent pas [136] .

Permettez-moi de vous citer un exemple r'ecent de ce vague dans les id'ees de nos adversaires; je me propose, pour une autre fois, de prendre mon exemple au sein de la famille.

Les journaux royalistes et ultramontains ont cit'e avec enthousiasme un discours de M. Donoso Cort`es. C'est un discours tr`es remarquable sous beaucoup de rapports. L'orateur a profond'ement appr'eci'e la terrible position de l'Europe actuelle, qui est `a la veille d'un cataclysme in'evitable, fatal. Le tableau qu'il en fait est palpitant de v'erit'e. Il repr'esente l'Europe d'esorganis'ee, impuissante, entra^in'ee `a sa perte, mourant de faiblesse, et le monde slave se ruant sur le monde germano-romain, pour se promener l'arme au bras par toute l'Europe.

136

Je ne connais qu'un seul 'ecrivain francais qui s'est 'emancip'e des influences traditionnelles, qui a le courage d'une cons'equence logique `a toute 'epreuve et qui ne recule devant aucune v'erit'e, qui s'impose comme d'eduction, – c'est Proudhon.

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