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Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Аллен Марсель

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3 – LES APACHES S’AMUSENT

— Allez, cavale, OEil-de-Boeuf, monte mon vieux. Non, des fois, tu vas pas te fiche par terre ! M’sieu le conducteur, combien que vous nous ferez payer les places ? Y’a une r'eduction, pas vrai, quand on est plusieurs ?

Derri`ere le grand voyou, mince et bl^eme qui, le premier, avait r'eussi `a sauter sur la plate-forme du tramway Auteuil-Saint-Sulpice, une bande d’autres gaillards aux allures louches, se pressait.

— Complet `a l’int'erieur. `A l’imp'eriale, `a volont'e.

— Le 66, le 67…

— Avance donc, eh poireau !

Ils 'etaient bien sept ou huit, tous un peu m^urs, ayant vid'e force chopes et lich'e quantit'e de petits verres. Ils montaient en se bousculant, narguant le conducteur, poussant des cris d’oiseaux et avaient bien plut^ot l’air de prendre d’assaut la voiture publique que de vouloir rentrer paisiblement chez eux.

Aussi bien, il 'etait tard, pr`es de dix heures, et le quartier de Grenelle 'etait retomb'e au silence, au sommeil. `A peine de loin en loin, voyait-on dans la nuit les vitrines flamboyantes des assommoirs o`u les r^odeurs continuaient `a faire ripaille.

Le conducteur commencait `a s’'enerver :

— Allons, c’est-il que vous montez ou que vous ne montez pas ?

La demande s’adressait `a deux femmes qui demeuraient sur le pav'e, `a se disputer.

— Hisse ! cria l’une.

— On monte, on monte ! r'ep'eta l’autre.

Elles s’engageaient en effet dans le petit escalier de l’imp'eriale, continuant `a 'echanger des propos aigres-doux et paraissant de moins en moins d’accord. L’une 'etait une superbe fille `a la chevelure noire abondante, au teint mat, `a l’allure espagnole, qui r'epondait au nom de la Recuerda ; elle 'etait c'el`ebre parmi les apaches de M'enilmontant. L’autre, plus timide, souriante, v^etue `a la facon d’une petite bonne en rupture de place s’appelait Ad`ele.

— Avance, avance ! hurlait la boniche, poussant devant elle sa compagne, on r'eglera ca plus tard ma fille, c’est pas encore toi qui me montera le coup !

La Recuerda se retourna :

— On r'eglera ca quand tu voudras, tout de suite, aujourd’hui ou demain, tu entends ?

— J’entends.

Elles d'ebouchaient sur l’imp'eriale, et leur apparition fut salu'ee d’exclamations joyeuses :

— Tiens, v’l`a les gonzesses qu’avaient perdu leurs hommes.

OEil-de-Boeuf, le terrible apache qui tant de fois avait d'efray'e la chronique criminelle, envoya une lourde taloche sur l’'epaule de Mort-Subite, son vieux copain depuis longtemps revenu de la Nouvelle [2].

— Non mais, zieute-les, crois-tu qu’elles vont se bouffer les puces sur le dos ?

Sur l’imp'eriale d’ailleurs, ils ne s’'etaient assis ni les uns ni les autres. B'eb'e, mis en gaiet'e par un certain raspail [3] consomm'e au dernier cabaret, jouait a saute-mouton, par-dessus la banquette transversale pour le plus grand plaisir d’une grosse fille, qui le regardait en louchant, et que de temps `a autre, il interpellait famili`erement :

— Dis voir, Chol'era, crois-tu qu’on est bon, hein ? moi quand je prendrai ma retraite, je me ferai engager tomme clown dans un cirque.

Plus loin, se tenait Bec-de-Gaz. Bec-de-Gaz n’'etait point devenu plus loquace qu’`a son ordinaire, il 'etait comme toujours maigre et efflanqu'e, 'epouvantablement sale, et debout sur la banquette, serrant le dossier entre les jambes pour garder son 'equilibre, il s’amusait `a interviewer le cocher tout en crachant par-dessus sa t^ete sur la croupe des chevaux, par mani`ere de plaisanterie.

— Et alors ? demandait-il, c’est dans combien de temps que vous devenez conducteur d’autobus et que le canard se transformera ?

Le « canard », cependant, (de temps imm'emorial, l’omnibus d’Auteuil-Saint-Sulpice est surnomm'e le « canard » en raison de sa marche extra lente et des secousses que lui m'enage une voie perp'etuellement d'efonc'ee) s’en allait au petit trot. On 'etait sorti des rues de Grenelle, ou arrivait `a hauteur du long boulevard que domine la voie du m'etro, majestueuse, surmontant les arcades de pierre.

Sur l’imp'eriale, le chahut continuait. On s’'etait group'e autour d’Ad`ele et de la Recuerda, on les excitait :

— Vas-y Ad`ele, montres-y que t’as pas les foies.

— Eh, ne te laisse pas faire, la Recuerda ! Qu’est-ce qu’il dirait ton homme si y savait que t’as eu le taff [4] devant une boniche ?

Les deux femmes s’'etaient prises de querelle une heure auparavant, dans un assommoir. Ce n’'etait pas s'erieux. Ad`ele avait accus'e la Recuerda d’avoir fait de l’oeil `a B'eb'e, dont elle convoitait la protection. Ce n’'etait pas s'erieux. La Recuerda – on le savait bien dans la bande – vivait seule, `a sa guise, sans amant, sans protecteur. N’importe. La querelle 'etait dr^ole et les hommes esp'eraient un cr^epage de chignon.

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