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L'agent secret (Секретный агент)
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Аллен Марсель

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— Ce plan, Juve, d'eclara-t-il, appartient `a votre pays, jamais nous n’avons voulu…

Un instant les deux hommes quitt`erent des yeux Fant^omas, et cet instant suffit au bandit pour soudain se dissimuler… dispara^itre…

Juve, loin de perdre la t^ete, appela :

— Michel !

L’inspecteur de la S^uret'e, post'e dans la galerie toute voisine, entra aussit^ot.

Derri`ere lui parurent quelques messieurs en habit noir, qui n’'etaient autre que des agents de la Pr'efecture.

En deux mots, Juve renseigna Michel :

— Fant^omas est l`a… dissimul'e… mais non pas 'evad'e… Ces murs peut-^etre rec`elent une cachette… mais point un passage, une issue…

« Enlevons tous ces meubles, qui constituent une v'eritable barricade et fortifient le monstre dans sa retraite. »

Quelques minutes s’'ecoulaient, angoissantes, silencieuses. Juve avait obtenu, exig'e que le roi quitt^at la pi`ece dont le policier, assist'e de Michel, d'efendait soigneusement l’entr'ee.

Des domestiques arriv`erent, laquais aux faces glabres, qui dispos`erent sur la chemin'ee quelques vases de fleurs qui, ailleurs encombraient sans doute. Puis ils se retir`erent sans se douter du drame qui se d'eroulait, sans soupconner un instant que derri`ere l’amoncellement insolite de meubles qui se trouvaient dans la biblioth`eque, se cachait leur ma^itre, le baron de Naarboveck, et que ce ma^itre n’'etait autre que Fant^omas, d'esormais accul'e par la police, mais sans doute aussi pr^et `a vendre ch`erement sa vie…

Ils eurent un semblant d’h'esitation, puis Juve commanda :

— En avant !

Aid'e de six hommes, le policier et l’inspecteur Michel commenc`erent le bouleversement d'efinitif de la biblioth`eque, remuant les meubles un par un, regardant sous les canap'es, 'ecartant les rideaux, les tentures.

Rien… Pas de Fant^omas !

— Par exemple ! murmura Juve.

Cependant, Juve 'etait 'egalement s^ur de lui : la biblioth`eque ne comportait pas de trappes ni de porte secr`ete, le plancher ne s’ouvrait pas, le plafond n’'etait pas mobile.

Juve prit une d'ecision soudaine :

— Tirez-moi tous ces meubles dans la galerie, ordonna-t-il, nous allons bien voir… Fant^omas n’est ni invisible, ni impond'erable…, il ne peut ^etre sorti d’ici, il faut donc qu’il y soit.

Non sans peine, car il fallait agir en h^ate et sans bruit, les agents d'em'enag`erent par l’'etroite porte de la biblioth`eque les gros meubles qui s’y trouvaient, les menus objets 'egalement.

On avait enlev'e un confortable fauteuil de cuir, quatre chaises, un gu'eridon, deux 'etag`eres, et la pi`ece se d'emeublait de plus en plus, lorsque, soudain, Wilhelmine apparut `a l’entr'ee.

Pendant ces tragiques 'ev'enements, le bal continuait et la f^ete 'etait plus anim'ee que jamais. De temps `a autre les trois personnages qui s’'etaient trouv'es r'eunis dans cette biblioth`eque avaient percu les refrains entra^inants des valses des tziganes et le joyeux murmure des conversations anim'ees.

`A la vue du d'esordre organis'e par Juve, la jeune fille demeura interdite, stup'efaite.

Le policier, nerveux `a l’extr^eme, parut interloqu'e, aussi, par cette apparition soudaine, mais il sembla d'efaillir au premier mot que lui adressait la jeune fille :

— Monsieur Juve, dit en effet celle-ci, sur un ton fort naturel, je suis bien contente de vous trouver. Le baron de Naarboveck m’envoie `a vous…

Juve bondit :

— Qui cela, mademoiselle ?

— Le baron de Naarboveck, r'ep'eta la jeune fille, 'etonn'ee par l’attitude de Juve.

— Le baron de Naarboveck me demande ? insista celui-ci. O`u ?… Depuis quand ?…

Tr`es simplement Wilhelmine expliqua :

— Je le quitte `a la seconde, `a l’entr'ee du salon : il sortait d’ici… Mais pourquoi mettez-vous tous ces meubles dans la galerie ?… Il m’a dit : « Wilhelmine, je suis un peu fatigu'e et je remonte un instant dans ma chambre, mais va donc dire `a M. Juve… »

Wilhelmine s’interrompit, car Juve s’'etait ressaisi, et, sans se pr'eoccuper de Wilhelmine, il se pr'ecipitait dans la galerie encombr'ee des meubles retir'es de la pi`ece.

Et soudain le policier s’arr^eta, fig'e de stupeur.

Il venait de se heurter `a un grand fauteuil, qu’il n’avait pas remarqu'e jusqu’alors, bien que cependant ce meuble figur^at dans l’installation de la biblioth`eque. Mais d'esormais son allure insolite devait retenir l’attention du policier.

Atterr'e, Juve le consid'erait :

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