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— Ah c’est vous, dit celui-ci. Eh bien, mes gaillards j’ai joliment besoin de vous ! L'eon, Michel, Martin, il va s’agir de se d'ebrouiller ! Naturellement, vous connaissez la nouvelle ?
— Le Comptoir National ? L’autobus ? demanda Michel.
— Parbleu, je viens d’^etre pr'evenu par le commissaire de police.
`A ce moment, quelqu’un frappait encore `a la porte du cabinet directorial et p'en'etrait sans attendre de r'eponse. C’'etait un quatri`eme inspecteur de la S^uret'e : l’inspecteur L'ev^eque.
M. Havard courut `a lui, lui arracha brusquement les documents qu’il tenait `a la main, puis les ayant examin'es d’un rapide coup d’oeil, le chef de la S^uret'e prof'era, poussant un gros soupir :
— Ah, je m’en doutais, c’est encore vous qui aviez la cote 22.
— Monsieur le directeur, fit L'ev^eque, vous me l’avez donn'ee il y a une minute pour rechercher les fiches des anarchistes que vous soupconnez avoir commis l’attentat du Comptoir National [7].
— Il s’agit bien d’anarchistes ! cria M. Havard. Voyons, mes enfants, c’est stupide ! Le vol du Comptoir National est sign'e, clair comme le jour. Parmi les papiers qui ont disparu, se trouvent ceux qui appartenaient, par suite de la mort de l’infante d’Espagne, au soi-disant baron Stolberg, mari de Mercedes de Gandia. Or, vous savez bien, les uns et les autres, que le baron Stolberg, c’est la derni`ere personnalit'e prise par Fant^omas. Fant^omas, encore, toujours lui !
M. Havard s’arr^etant de parler, courut `a la fen^etre qui donnait sur la cour int'erieure de la Pr'efecture.
Un vacarme assourdissant en montait, des p'etarades qui 'evoquaient les 'ecoles `a feu de toute une batterie d’artillerie.
— D’o`u vient ce tapage ?
— Ce ne peut ^etre que l’automobile de nos coll`egues Nalorgne et P'erouzin, dit Martin. Depuis qu’on les a charg'es de ce service, ils sont toujours en train de r'eparer quelque chose, il faut croire…
— Il ne s’agit pas de cela, fit-il, mais bien de s’'elancer `a la poursuite du voleur de la banque et de ses complices. Car il y a naturellement des complices dans cette affaire.
M. Havard s’interrompit encore. Il se tourna vers son secr'etaire qui l’avait approch'e, surmontant sa timidit'e, et le touchant au bras, il demanda :
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Que voulez-vous ?
Le jeune homme enfin tendit la carte qu’il tenait `a la main.
— Je n’ai pas le temps de recevoir ! cria M. Havard.
Cependant, ses yeux s’'etaient arr^et'es sur le bristol et il lut `a haute voix :
M. Bercelier
Directeur technique de la Compagnie g'en'erale des Omnibus
— Qu’il entre, s’'ecria le chef de la S^uret'e. Ah ! par exemple, il vient `a point !
Deux secondes apr`es, M. Bercelier p'en'etrait dans le cabinet du haut fonctionnaire. Celui-ci courut `a lui :
— Eh bien, fit-il, en voil`a une histoire ! Si vous croyez que c’est amusant pour nous. Mais aussi je ne comprends pas la Compagnie. Vos employ'es ne sont donc pas capables de garder leur voiture ? Les engins de cette esp`ece, des mastodontes de cette sorte ne se volent pourtant pas comme un mouchoir de poche ?
— Sans doute, r'epliqua M. Bercelier, mais l’aventure est tellement extraordinaire, et la t'em'erit'e des voleurs si grande, que nous ne pouvions gu`ere nous attendre…
— Vous vous rendez compte, poursuivit M. Havard, de la responsabilit'e qu’encourt la Compagnie ?
— Les agents de police de la place Clichy, survenus au moment de l’accident, ont manqu'e de pr'esence d’esprit. Ils auraient d^u songer qu’on allait peut-^etre voler la Banque, et organiser une surveillance imm'ediate. Je sais bien qu’ils n’'etaient pas nombreux. Mais la Compagnie des Omnibus ne saurait ^etre rendue responsable de l’insuffisance des gardiens de la paix.
M. Havard leva les bras au ciel `a ces derniers mots :
— Ni moi non plus ! cria-t-il. Les agents de police ne me regardent pas. C’est l’affaire du pr'efet et si vous comptez engager la discussion sur ce terrain, c’est `a lui qu’il faudra vous adresser.
M. Bercelier, un homme tr`es calme, tr`es froid et dont l’attitude pond'er'ee faisait un curieux contraste avec celle du chef de la S^uret'e, v'eritablement hors de lui-m^eme ce jour-l`a, coupa court `a la discussion d’un geste de la main.
— Monsieur le chef de la S^uret'e, dit-il, j’ai quelque chose de plus grave `a vous communiquer.
— De quoi s’agit-il ?
M. Bercelier reprit :
— Voil`a, un autre autobus a 'et'e vol'e.
— Il ne manquait plus que cela ! Comment est-il cet autobus ? Quel est son num'ero ?
— La voiture n’a pas de num'ero. En outre, elle est difficile `a reconna^itre. C’est ce que nous appelons une « voiture haut-le-pied ». Et qui a pour mission d’aller se substituer aux v'ehicules en panne, tant^ot sur une ligne, tant^ot sur une autre. Je viens d’apprendre au d'ep^ot qu’elle n’est pas rentr'ee `a midi comme d’ordinaire. Or, il est neuf heures du soir et nous ne savons toujours pas ce qu’elle est devenue.