Comme quoi Napol'eon n'a jamais exist'e... = Почему Наполеона никогда не было
Peres Jean-Baptiste

J.-B. P'eres, biblioth'ecaire de la Ville d'Agen, d'emontra en 1827 que Napol'eon n'avait jamais exist'e. En fait il d'emontra qu'`a force d'acharnement et de suspicion fanatique, on peut toujours trouver des co"incidences "bizarres", permettant de jeter le doute sur n'importe quoi…
В 1827 г. во французском городе Ажане была издана брошюра профессора математики Лионского университета. Автор её утверждал, что Наполеона никогда не было, что он мираж XIX века, результат массового самогипноза, «солярный миф». Доказательства лионского профессора были строго научными. Он выделил в жизни Наполеона девять основных характерных черт, в том числе его имя, место рождения, имя матери, число братьев и сестер, подавление им Французской революции, число маршалов и количество лет его царствования. Анализ их привел профессора к выводу: Наполеон никогда не существовал, он — символ Солнца.
Существование этой книжки заново открыл для советского читателя проф. П. Н. Берков в своей интересной работе «О людях и книгах (из записок книголюба)» (М., 1965). В русском переводе этот научный памфлет впервые появился в 1912 г.
В файле опубликован французский оригинал брошюры и ее русский перевод.
Pr'eface
Le petit opuscule qu'on va lire a d'ej`a quarante ann'ees d'existence, et il a 'et'e r'eimprim'e huit ou dix fois.
'Ecrit par M. J.-B. P'er`es, biblioth'ecaire de la ville d'Agen, il 'etait, dans la pens'ee de son auteur, une r'efutation du syst`eme de Dupuis. On sait, en effet, que l'auteur de l'Origine de tous les cultes identifiait les divinit'es de la Fable avec les constellations, trouvait dans l'histoire des dieux de la mythologie, une expression all'egorique du cours des astres, et appliquait son 'etrange th'eorie `a l'histoire de J'esus-Christ: pour lui, le Christ n''etait que le soleil, et les douze ap^otres les douze signes du zodiaque.
C'est pour r'efuter cette pr'etendue explication, donn'ee par Dupuis en 12 volumes in-8°, que M. P'er`es a imagin'e l'ing'enieuse plaisanterie que nous r'e'editons aujourd'hui. Il a suivi en cela le pr'ecepte du fabuliste:
Quand l'absurde est outr'e, l'on lui fait trop d'honneur de vouloir par raison combattre son erreur: ench'erir est plus court, sans s''echauffer la bile.
C'est ench'erir, en effet, que d'appliquer la th'eorie de Dupuis `a un 'ev'enement tr`es-rapproch'e de nous; c''etait en outre donner une preuve de bon sens et d'esprit que de faire cette application, moins de dix ans apr`es la mort de Napol'eon Ier, `a Napol'eon lui-m^eme.
Peut-^etre pensera-t-on qu'il 'etait inutile de r'e'editer la r'efutation d'un ouvrage, c'el`ebre en son temps, mais tomb'e dans un juste oubli.
Nous ne l'avons point cru. Ind'ependamment de l'int'er^et que pr'esentent ces pages confi'ees `a notre garde et du devoir que nous avions de ne les point laisser p'erir, nous ne pouvons nous dissimuler que les th'eories de Dupuis ont rev'ecu et revivent tous les jours, modifi'ees et rajeunies. „Ce qui a 'et'e, c'est ce qui sera,“ disait l'Eccl'esiaste, et la science incr'edule justifie ce mot en cherchant `a 'ebranler la r'ealit'e des r'ecits 'evang'eliques et `a nous faire voir des fictions, des all'egories, des mythes, l`a o`u l''Evangile nous montre des faits.
D'autres ont oppos'e et opposent `a ces tentatives hardies de falsification historique les donn'ees de la science et les t'emoignages du pass'e. Pour nous, nous croyons aussi qu'on peut faire justice de ces attaques par une raillerie fine et incisive comme celle de notre opuscule.
Puisse ce petit livre mettre beaucoup d'esprits sur les traces de la v'erit'e et, en dissipant quelques pr'ejug'es, frayer le chemin au Ma^itre de la v'erit'e!
Comme quoi Napol'eon n'a jamais exist'e
ou Grand erratum source d'un nombre infini d'errata a noter dans l'histoire du XIXe si`ecle
Napol'eon Bonaparte, dont on a dit et 'ecrit tant de choses, n'a pas m^eme exist'e. Ce n'est qu'un personnage all'egorique. C'est le soleil personnifi'e; et notre assertion sera prouv'ee si nous faisons voir que tout ce qu'on publie de Napol'eon le Grand est emprunt'e du grand astre.
Voyons donc sommairement ce qu'on nous dit de cet homme merveilleux.
On nous dit:
Qu'il s'appelait Napol'eon Bonaparte;
Qu'il 'etait n'e dans une ^ile de la M'editerran'ee;
Que sa m`ere se nommait Letitia;
Qu'il avait trois soeurs et quatre fr`eres, dont trois furent rois;
Qu'il eut deux femmes, dont une lui donna un fils;
Qu'il mit fin `a une grande r'evolution;
Qu'il avait sous lui seize mar'echaux de son empire, dont douze 'etaient en activit'e de service;
Qu'il triompha dans le Midi, et qu'il succomba dans le Nord;
Qu'enfin, apr`es un r`egne de douze ans, qu'il avait commenc'e en venant de l'Orient, il s'en alla dispara^itre dans les mers occidentales.
Reste donc `a savoir si ces diff'erentes particularit'es sont emprunt'ees du soleil, et nous esp'erons que quiconque lira cet 'ecrit en sera convaincu.
1) Et d'abord, tout le monde sait que le soleil est nomm'e Apollon par les po`etes; or la diff'erence entre Apollon et Napol'eon n'est pas grande, et elle para^itra encore bien moindre si l'on remonte `a la signification de ces noms ou `a leur origine.
Il est constant que le mot Apollon signifie exterminateur; et il para^it que ce nom fut donn'e au soleil par les Grecs, `a cause du mal qu'il leur fit devant Troie, o`u une partie de leur arm'ee p'erit par les chaleurs excessives et par la contagion qui en r'esulta, lors de l'outrage fait par Agamemnon `a Chrys`es, pr^etre du soleil, comme on le voit au commencement de l'Iliade d'Hom`ere; et la brillante imagination des po`etes grecs transforma les rayons de l'astre en fl`eches enflamm'ees que le dieu irrit'e lancait de toutes parts, et qui auraient tout extermin'e si, pour apaiser sa col`ere, on n'e^ut rendu la libert'e `a Chrys'eis, fille du sacrificateur Chrys`es.
C'est vraisemblablement alors et pour cette raison que le soleil fut nomm'e Apollon. Mais, quelle que soit la circonstance ou la cause qui a fait donner `a cet astre un tel nom, il est certain qu'il veut dire exterminateur.
Or Apollon est le m^eme mot qu'Apol'eon. Ils d'erivent de Apolly^o, ou Apole^o deux verbes grecs qui n'en font qu'un, et qui signifient perdre, tuer, exterminer. De sorte que, si le pr'etendu h'eros de notre si`ecle s'appelait Apol'eon, il aurait le m^eme nom que le soleil, et il remplirait d'ailleurs toute la signification de ce nom; car on nous le d'epeint comme le plus grand exterminateur d'hommes qui ait jamais exist'e. Mais ce personnage est nomm'e Napol'eon, et cons'equemment il y a dans son nom une lettre initiale qui n'est pas dans le nom du soleil. Oui, il y a une lettre de plus, et m^eme une syllabe; car, suivant les inscriptions qu'on a grav'ees de toutes parts dans la capitale, le vrai nom de ce pr'etendu h'eros 'etait N'eapol'eon ou N'eapolion. C'est ce que l'on voit notamment sur la colonne de la place Vend^ome.