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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Solennel, le faux Baraban d'eclara :

— Tout est fini `a jamais entre nous, madame, et je d'em'enage au prochain terme.

Cependant, Baraban s’'etait avanc'e dans la rue, une clameur s’'elevait.

C’'etaient les comm`eres du quartier qui prof'eraient leur enthousiasme et leur surprise `a la vue du vieillard, et Juve, qui le suivait difficilement dans la foule, entendait `a son sujet les commentaires les plus bizarres :

— Comme il est chang'e, on ne le reconna^itrait pas, disait la fruiti`ere, juch'ee sur un escabeau sur le pas de sa porte, cependant que deux voisines protestaient :

— Moi, je le reconnais ! Toujours le m^eme, ce Baraban, et v^etu comme un prince. On voit bien que c’est un homme `a femmes.

Baraban, cependant, s’'eloignait, 'ecartait d’un geste digne les importuns. Quelques audacieux avaient demand'e :

— Qu’est-ce qu’il vous est donc arriv'e, Monsieur Baraban ?

— Si vous voulez le savoir, lisez les journaux, il y a vingt-cinq colonnes sur mon histoire, on ne parle que de moi.

Juve avait rejoint Baraban.

— Tiens, fit celui-ci d’un air 'etonn'e, vous voil`a, cher monsieur ? Qu’y a-t-il pour votre service ?

Juve 'etait accoutum'e aux plus extraordinaires originalit'es. Toutefois, en d'epit de son flegme, il ne put demeurer impassible :

— Ah ca, d'eclara-t-il, mais vous avez toujours l’air de tomber de la lune, Monsieur Baraban ! Il me semble pourtant que vous devriez vous souvenir que j’'etais avec vous, il y a deux minutes ?

D’un air tr`es naturel, Baraban r'epondit :

— Mais certainement, mais certainement. Toutefois, je croyais que nous nous 'etions quitt'es.

Il se penchait `a l’oreille de Juve :

— Je vais retrouver une petite femme. Un petit bijou d'elicieux, quelque chose d’exquis. Alors, vous comprenez…

Juve fronca le sourcil :

— Est-ce que cet animal se moque de moi ? pensait-il, ou bien alors est-il compl`etement loufoque ?

Juve, toutefois paya d’audace :

— Mon cher Baraban, fit-il, vous ^etes un type dans mon genre qui me convenez parfaitement et je ne veux pas vous l^acher. Nous allons aller la voir ensemble, cette petite femme.

— Ah mais non, ah, mais non ! Ca n’est pas possible ! Elle sera furieuse que j’am`ene quelqu’un, m^eme un ami. Vous comprenez bien, les amoureux comme elle et moi, comme nous, ca ne s’exhibe pas, ca se cache.

— Je saurai me retirer `a temps.

— Non, non, protestait Baraban, moi je ne veux pas ! Vous comprenez, c’est tr`es g^enant. Surtout qu’elle ne vous conna^it pas.

— Est-ce bien s^ur ?

Mais il 'etait difficile de joindre le regard de l’extraordinaire f^etard. Sous pr'etexte de soleil, il avait substitu'e `a son lorgnon noir des lunettes jaunes, ce qui lui donnait une allure d’un comique extravagant. Il s’arr^eta cependant de bavarder et Juve en profita pour dire d’un air tr`es protecteur :

— Vous pensez bien, mon cher Baraban, que je suis au courant de vos amours.

Et il ajouta avec une mine attrist'ee :

— Votre pauvre neveu Fernand Ricard, vous lui en faites pousser des cornes.

— Quoi ? s’'ecria Baraban, vous savez qu’Alice… ?

— Oui, fit Juve, je sais qu’Alice…

Et celui que Juve prenait pour l’oncle Baraban, un instant surpris, reprit son aplomb :

— Eh bien, fit-il, puisqu’on ne peut rien vous dissimuler, je vais tout vous confier. Ce n’est pas avec ma ni`ece que j’ai rendez-vous. La pauvre petite, ca a chauff'e hier soir, quand elle a su que je la trompais, mais je l’ai provisoirement r'econcili'ee avec son mari. Non, celle que je vais voir, c’est Germaine, une brune capiteuse, au teint mat, on dirait une Espagnole ou une Italienne, et ce qu’il y a de plus curieux, c’est qu’elle est n'ee `a Montmartre.

Juve poursuivait avec ent^etement :

— Je vous accompagne. Je veux `a toute force conna^itre Germaine.

— Non.

— Si !

Leste comme un jeune homme, Baraban parcourait `a pas press'es le trottoir de la rue Richer. Au carrefour de la rue de Tr'evise, un autobus stoppait, il y monta, s’engouffra `a l’int'erieur, puis le v'ehicule d'emarrait.

Mais le policier 'etait leste, lui aussi : il rattrapa l’autobus `a la course, sauta dans la voiture, voulut `a toute force aller s’asseoir `a c^ot'e de l’'enigmatique personnage. Le conducteur l’en emp^echa :

— Complet `a l’int'erieur, d'eclara-t-il. Une place seulement sur la plate-forme.

— C’est encore heureux, pensa Juve, que ce ne soit pas complet.

Baraban semblait ne pas s’^etre apercu que Juve avait pris le m^eme v'ehicule que lui. L’extraordinaire vieillard descendit au boulevard Rochechouart. Il tomba dans les bras du policier :

— Ah, par exemple, s’'ecria-t-il en voyant Juve, elle est bien bonne. Bonjour, mon cher.

Puis, aussit^ot il lui dit :

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