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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Au m^eme instant, le magistrat reprenait :

— Messieurs, nous allons mettre en pr'esence les deux inculp'es actuellement d'etenus, c’est-`a-dire le jeune Th'eodore Gauvin et la nomm'ee Brigitte. Ils invoquent tous deux le m^eme alibi. Ils pr'etendent que, sans se conna^itre, ils se sont rencontr'es sous l’arche d’un pont, `a deux heures du matin, c’est-`a-dire `a peu pr`es `a l’heure du crime, au cours de la nuit tragique. Nous allons voir s’ils vont persister dans ces affirmations.

Parlant de plus en plus s`echement, le juge se retournait vers le garde r'epublicain :

— Faites entrer la nomm'ee Brigitte.

Un instant apr`es, la jeune femme 'etait introduite dans le cabinet du juge d’instruction.

Brigitte 'etait effroyablement p^ale. Ses yeux 'etaient tir'es, gonfl'es par les larmes, et les sanglots lui secouaient encore convulsivement les 'epaules.

`A peine avait-elle p'en'etr'e dans la petite pi`ece, qu’apercevant Jacques Faramont, tr`es 'emu lui aussi, elle s’'elanca vers lui :

— Jacques ! Jacques ! Sauve-moi, criait la malheureuse. Je suis innocente !

Le pauvre jeune avocat ne pouvait qu’ouvrir les bras et la serrer tendrement sur sa poitrine :

— Aie du courage, disait-il, ne t’affole pas. Je sais bien que tu es innocente. Le tout, c’est de le prouver, mais nous y arriverons.

Juve, lui aussi, murmura quelques mots `a la jeune femme :

— Mademoiselle, disait le policier, soyez calme et ne vous rendez pas malade. Voyez-vous, la sant'e, c’est la premi`ere des choses. Oui, croyez-moi. Ah, j’ai une autre recommandation `a vous faire : t^achez de ne point vous troubler et r'epondez toujours la v'erit'e. Rien que la v'erit'e, toute la v'erit'e. Le meilleur moyen de se d'efendre quand on est innocent, c’est de ne pas ruser.

Juve allait continuer `a parler, mais la main de M. Havard se posait sur son 'epaule :

— Juve, reprochait le chef de la S^uret'e, je ne vous comprends pas, mon ami. Vous semblez plein de bienveillance `a l’'egard de cette femme. Elle a tu'e. Elle est coupable.

Juve, `a ces mots, avait un ind'efinissable sourire :

— J’endors son esprit, disait-il, je la dupe, patron.

Cette conversation devait cesser cependant, car le juge d’instruction s’impatientait :

— Je vous prierai de faire silence, demanda-t-il.

Et, s’adressant `a l’inculp'ee, il ajoutait :

— Mademoiselle, vous persistez `a soutenir que la nuit du crime, vous vous trouviez sous un pont et que vous y avez rencontr'e un jeune homme avec qui vous vous ^etes entretenue, qui vous a consol'ee, et que vous n’aviez jamais vu auparavant ?

— Oui, monsieur.

— Ce jeune homme, vous ^etes capable de le reconna^itre ?

— Oui, monsieur.

— Bien. Asseyez-vous ici dans ce coin et ne bougez plus.

Le juge se leva, alla ouvrir la porte d’un petit salon communiquant avec son cabinet, il en revint quelques instants plus tard, causant famili`erement avec le jeune Th'eodore Gauvin.

Le magistrat avait 'evidemment pr'evenu le jeune homme de n’avoir `a faire aucun geste suspect, d’adopter une attitude indiff'erente, tranquille.

Il voulait voir si Brigitte allait le reconna^itre.

Or, ce qui se passait 'etait d'efinitif, d'ecisif, surtout dans l’esprit de Juve.

`A peine Th'eodore Gauvin 'etait-il entr'e, en effet, dans le cabinet du juge d’instruction, qu’il apercevait Brigitte et que Brigitte l’apercevait :

— Ah ! mon Dieu, cria Th'eodore, mais voil`a la jeune femme que j’ai vue…

Et, en m^eme temps, Brigitte se pr'ecipitait vers Th'eodore en criant :

— Lui, c’est lui !

Cette confrontation amena naturellement quelque d'esordre parmi les assistants. Le notaire, M e Gauvin, bondissait sur son fils, l’empoignait aux 'epaules, lui plaquait deux vigoureux baisers sur les joues :

— Ah, mon petit ! dit le tabellion.

Et cet homme grave, digne, impassible d’ordinaire, avait deux grosses larmes au coin des yeux.

Havard, pendant ce temps, se frottait les mains, et clignait de l’oeil en regardant Juve :

— Ils ne sont pas forts, murmurait le chef de la S^uret'e. Ils se reconnaissent tout de suite sans difficult'e. Autant vaudrait pour eux avouer qu’ils sont complices.

`A l’autre bout de la pi`ece cependant, Michel retenait par le bras M e Faramont qui, tr`es p^ale, voulait s’'elancer vers sa ma^itresse.

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