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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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— Au Crocodile, commanda Juve, place Pigalle, vous connaissez ?

Le cocher toisa l’inspecteur d’un regard de d'edain :

— Oui, monsieur, oui ! Je connais.

« Bon, pensa Juve, en s’asseyant dans la voiture, il me prend pour un provincial. »

Le fiacre trottinait cependant vers les hauteurs de Montmartre et Juve se bercait d’esp'erances fallacieuses.

« Fandor ne se doute certes pas, pensait-il, que je me dirige vers les bo^ites de nuit. Lui qui tient pour l’assassinat serait `a coup s^ur joliment stup'efi'e s’il savait que je me rends au Crocodilepour y chercher des nouvelles de l’oncle Baraban. »

En fait, c’est Juve qui, au contraire, e^ut 'et'e passablement ahuri s’il avait su qu’au moment m^eme o`u il se rendait vers le Crocodile, Fandor venait de quitter l’'etablissement, en possession de tous les renseignements qu’il pouvait d'esirer. Les deux amis, sans s’en douter, avaient eu la m^eme inspiration et l’un et l’autre, le m^eme jour.

Juve, arriv'e place Pigalle, paya son fiacre, et, traversant le trottoir, se dirigea vers le petit escalier qui montait au salon du premier.

`A peine, h'elas, avait-il mis les pieds sur les premi`eres marches, qu’un chasseur, tout galonn'e d’or et plus d'ecor'e qu’un amiral suisse, se pr'ecipitait `a sa rencontre.

— Monsieur, s’il vous pla^it ?

— Quoi donc ?

Le chasseur se rapprochait et, myst'erieusement, murmurait `a l’oreille du policier :

— Pass'e minuit, monsieur, nous ne laissons plus entrer dans les salons les personnes qui ne sont pas en tenue de soir'ee. L’habit est obligatoire ici.

L’observation interloqua Juve. Bient^ot, pourtant, le policier 'eclata de rire :

— Le r`eglement n’est pas pour moi, disait-il d’un ton assur'e. Au surplus, je ne tiens pas `a entrer dans les salons. Pr'evenez le g'erant que j’ai besoin de le voir.

Naturellement, au ton autoritaire du policier, le chasseur se troubla, il mit la casquette `a la main pour demander :

— De la part de qui, monsieur ?

— De la part du policier Juve.

Il parut, `a ce moment, au Roi des Inspecteurs de la S^uret'e que le chasseur le consid'erait avec une certaine stup'efaction. Mais, en d'epit de sa modestie habituelle, Juve ne s’en 'etonnait pas outre mesure.

— Parbleu, pensait-il, tout en suivant le chasseur qui le conduisait `a une sorte de petit salon d’attente, mon nom produit ici son effet habituel.

Juve se trompait.

Quelques secondes plus tard, en effet, le g'erant du Crocodilearrivait. Il paraissait toiser de facon d'edaigneuse le policier, et c’est d’un ton presque menacant qu’il interrogea :

— Vous me demandez, monsieur ?

— Oui.

— Et vous pr'etendez ^etre ?

Juve, `a cette phrase, fronca les sourcils :

— Je ne pr'etends pas, affirma-t-il, je suis Juve, l’inspecteur Juve. Vous connaissez ?…

— Je connais tr`es bien, r'epondit, narquois aussi, le g'erant du Crocodile. Je connais m^eme trop bien, peut-^etre…

Puis il changea de ton. Redevenant brusque, il interrogea :

— Vous avez une carte de police, je suppose ?

`A ce moment, l’'etonnement de Juve fit place `a un v'eritable ahurissement. Il n’avait pas l’habitude d’^etre trait'e de la sorte.

— Assur'ement, dit-il, d’ailleurs, la voici…

Le policier mit la main dans sa poche, prit son portefeuille, l’ouvrit, et demeura muet de stup'efaction.

De temps imm'emorial, en effet, Juve placait dans une pochette sp'eciale, cette carte de police, une carte bleue, cet « oeil » qui lui ouvrait d’ordinaire toutes les portes et forcait toutes les consignes.

Le matin m^eme, Juve avait gliss'e `a c^ot'e de cet « oeil », la photographie de Baraban. Il se rappelait fort bien ce d'etail, et pourtant… Il devait constater qu’il n’y avait dans le portefeuille, ni photographie de Baraban, ni carte de police.

— Bon Dieu, qu’est-ce que cela veut dire ? pensa Juve.

Il fouillait rageusement dans ses papiers, lorsque, d’une voix hautaine, le g'erant du Crocodile, l’interpellait `a nouveau :

— Vous ne la trouvez pas cette carte ?

— Non, avoua Juve, j’ai d^u la laisser chez moi, mais…

Le policier n’eut pas le temps d’achever, le g'erant du Crocodileen effet, venait de se croiser les bras et le regardait d'edaigneusement :

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