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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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L’escorte se massa, puis partit.

Le lugubre voyage commencait pour les 'epoux Ricard. Tant que le cort`ege, en effet, se trouvait hors de Vernon, cela allait encore `a peu pr`es. Mais `a peine entrait-on dans la ville m^eme, que les cris redoubl`erent. Tous les habitants de la petite localit'e s’'etaient mass'es sur le passage des prisonniers. Les 'epoux Ricard, que la veille encore, on saluait tr`es bas, devaient entendre mille personnes leur vocif'erer des injures, en leur montrant le poing.

`A la gare, ce fut pis encore.

La cour 'etait noire de monde, les cerveaux se montaient. En d'epit des gendarmes, le peuple se rua vers les prisonniers.

— Tiens donc, sale garce ! hurlait un ouvrier.

Et Juve eut tout juste le temps de d'etourner un poing lev'e sur la malheureuse Alice Ricard, plus morte que vive. `A cet instant, Fandor, cependant, sauva la situation.

Le journaliste empoigna le cheval d’un gendarme par la bride et le forca `a reculer vers la foule.

Il excitait en m^eme temps la b^ete qui, se cabrant, pointant, ruant, fit beaucoup mieux reculer le peuple que toutes les objurgations des repr'esentants de l’autorit'e.

— Vite, vite ! criait M. Havard.

Le chef de la S^uret'e profitait de la manoeuvre de Fandor. Aid'e de Juve, qui portait Alice Ricard plus qu’il ne la tra^inait, tandis que lui-m^eme soutenait Fernand, M. Havard se jetait dans la gare. Quelques secondes plus tard, les prisonniers 'etaient en s^uret'e dans le bureau du chef de gare, un brave homme 'epouvant'e par l’aventure :

— Attention, recommandait alors Juve, ces gens-l`a sont capables d’enfoncer les portes !

Juve sortit du petit bureau, allait commander aux gendarmes une manoeuvre d'efinitive.

— Ayez l’air de vous porter vers la gare de marchandises, dit-il. Ces imb'eciles vont croire qu’on va conduire les prisonniers par l`a, ils vous suivront et nous aurons la paix.

Juve s’'epongea le front, car il avait fort chaud, et semblait tr`es 'enerv'e. Il revint cependant retrouver M. Havard, demeur'e avec les prisonniers.

— J’esp`ere que j’ai d'etourn'e la fureur populaire, annonca-t-il. Mais sapristi, patron, vous m’avez fait peur, les arrestations en public vous savez…

Juve se mordit les l`evres car, sans y penser, il allait donner un bl^ame `a son sup'erieur.

Par bonheur M. Havard pensait `a tout autre chose :

— Hein Juve, clamait-il orgueilleusement, voil`a qui doit vous donner une rude lecon de modestie ! Je crois que l’hypoth`ese de la fugue, votre hypoth`ese, serait joliment mal accueillie par la population. Voyez-vous la fureur populaire ?

Mais Juve haussait les 'epaules :

— Ne m’en parlez pas, disait-il. C’est honteux de s’acharner ainsi sur des malheureux.

Au m^eme instant, Fandor tira sa montre et, pitoyable, renseigna Fernand Ricard :

— Vous avez encore quatre minutes `a attendre, le train passe `a six heures vingt-huit.

Mais, comme pour d'ementir les paroles de Fandor, un grand bruit secouait `a ce moment la paisible petite gare de Vernon.

— Qu’est-ce que c’est ? demandait Fandor.

— Le train de Paris, r'epliqua Juve.

Le policier, toutefois, 'etait inquiet.

Il pensait toujours aux manifestations possibles, aussi ajoutait-il :

— Monsieur Havard, si vous le voulez bien, je vais aller voir ce que font les gendarmes ?

— Allez Juve.

Prudemment, Juve quitta le bureau du chef de gare. Il faisait alors trois pas sur le quai de la station o`u commencaient `a d'efiler les voyageurs arrivant de Paris, et soudain Juve s’arr^etait, levait les bras au ciel, poussant un v'eritable hurlement :

— Ah nom de nom !

Or, l’exclamation de Juve 'etait faite sur un ton si tragique, que tous ceux qui se trouvaient `a quelque distance s’immobilisaient, s’arr^etant net.

Quant au policier, apr`es avoir lev'e les bras au ciel, il s’'etait repris `a courir, livide, affol'e, ayant v'eritablement l’air d’^etre frapp'e de d'emence.

O`u courait Juve ?

M. Havard et Fandor, qui avaient tout juste entendu le cri du policier et reconnu sa voix, sortaient `a leur tour du bureau du chef de gare. Ils ne quitt`erent pas leurs prisonniers, mais ils cherchaient `a voir ce que faisait Juve. Et alors, `a peine avaient-ils regard'e, que M. Havard et Fandor s’'elancaient en avant, semblant oublier compl`etement qu’ils avaient deux inculp'es `a surveiller.

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