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— Attention, minute, des fois, m’sieur Juve, vous me garantissez au moins que si je vous donne ce papier, y aura pas de casse pour moi ?
— Comment avez-vous cette photographie ?
— J’ai l’habitude, m’sieur Juve, chaque fois que je peux, de photographier discr`etement les gens de la haute qui viennent avec des poules passer une heure de bon temps dans la maison.
— Bien, je comprends. 'Emile, donnez-moi cette photographie.
Il tendit la main. 'Emile insista :
— Pas de casse pour moi, hein ?
— Non, rien `a craindre.
Le document passa de la main du garcon d’h^otel dans celle du policier.
— Voil`a la chose, il me faudrait vingt francs.
Mais, certes, `a cet instant, Juve n’avait nulle envie d’'economiser sur le prix que pouvait demander l’individu.
Juve n’en croyait pas ses yeux. La femme dont il avait la photographie sous les yeux, la femme qui s’appuyait au bras de l’oncle Baraban, la femme qui avait accompagn'e l’oncle Baraban au Nocturn-H^otel, qui faisait la noce avec lui, qui 'etait sa ma^itresse, cette femme-l`a, Juve la reconnaissait parfaitement, c’'etait Alice Ricard, c’'etait l’'epouse de Fernand Ricard.
***
Il 'etait quatre heures lorsque Juve arrivait `a Vernon, devant la petite maison des Ricard, en compagnie de Fandor, qu’il avait 'et'e chercher. Juve n’avait rien confi'e `a Fandor de l’extraordinaire d'ecouverte qu’il venait de faire, il lui avait tout simplement dit :
— Viens avec moi, je dois aller interroger Alice Ricard. Tu entendras des choses int'eressantes.
Fandor, depuis cette d'eclaration, ne tenait naturellement pas en place.
— Ah ca, demandait-il encore au moment o`u Juve et lui p'en'etraient dans le jardin de la villa, ah ca, Juve, qu’est-ce que vous avez appris ? Vous voil`a d’une humeur charmante. C’est signe, `a coup s^ur, que vous avez d'ecouvert quelque chose qui confirme l’hypoth`ese de la fugue ?
— Attends, tu vas voir !
L’un et l’autre se trouvaient, quelques instants plus tard, en pr'esence de la femme du courtier.
Juve s’inclinait c'er'emonieusement devant elle et, tout d’abord, s’informait.
— Votre mari n’est pas l`a, madame ?
— Non, monsieur, r'epondait Alice, qui avait fr'emi en reconnaissant le policier, et qui, mal remise encore des 'emotions de la nuit pr'ec'edente, se demandait si la visite de Juve n’avait pas quelque myst'erieux rapport avec la venue de l’homme noir.
— Mon mari, monsieur, ajoutait Alice, est actuellement en tourn'ee pour ses affaires.
— Tr`es bien, madame.
Juve toussait un peu, puis d'eclarait :
— Cela vaut beaucoup mieux, car ce que j’ai `a vous dire ne doit pas ^etre dit devant M. Ricard.
— Monsieur, je ne vous comprends pas.
— Vous allez me comprendre, madame.
D’un clin d’oeil, Juve attira alors l’attention de Fandor, qui n’avait d’ailleurs nul besoin de cet avertissement.
— Vous ^etes, reprit Juve, une femme charmante et je ne voudrais pour rien au monde m’exposer `a vous causer des ennuis conjugaux.
Juve insista sur le dernier mot. Alice Ricard, plus p^ale encore, tressaillit.
— Expliquez-vous clairement.
— Madame, continuait Juve, il faut d’abord que je m’excuse. La police est indiscr`ete, c’est son m'etier, c’est son devoir. Croyez bien que la d'emarche que je fais m’est impos'ee.
— Mais parlez, monsieur, parlez, par Dieu, que voulez-vous dire ?
Depuis un quart d’heure qu’il la questionnait, Juve torturait `a ce point la jeune femme qu’elle en arrivait `a ne plus ^etre capable de dissimuler son anxi'et'e.
« Tout va bien », pensait Juve.
Il demanda brutalement :
— Voyons, madame, r'epondez-moi en toute franchise, vous avez un amant, n’est-ce pas ?
Or, cette question, cette question qui avait ahuri Fandor, fit bondir Alice Ricard. Elle porta la main au coeur comme si elle e^ut pens'e mourir sur le coup.
— Monsieur, dit-elle, c’est indigne ! On n’insulte pas une femme. Mon mari…
Juve ne sourcillait m^eme pas. Il laissait passer la premi`ere 'emotion d’Alice Ricard, puis, fouillant dans son portefeuille, il tendit `a la jeune femme, la photographie que lui avait remise, le matin m^eme l’'equivoque 'Emile.
— Madame, d'eclara Juve, vous alliez avec M. Baraban, votre oncle, au Nocturn-H^otel. Vous ^etes sa ma^itresse, je le sais, ne niez pas.