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L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Аллен Марсель

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Mme Granjeard se tourna vers son fils :

— Il n’en fait jamais d’autres, l’oncle Th'eodor.

Abandonnant son fils `a son travail, Mme Granjeard se rendit dans le petit salon o`u le courtier l’attendait. C’'etait un homme d’une quarantaine d’ann'ees, sobrement v^etu, dont la figure intelligente semblait voil'ee d’un air de d'efiance perp'etuelle. Il se leva `a l’entr'ee de Mme Granjeard, s’inclina tr`es bas, puis, sur son invitation, choisit un fauteuil `a contre-jour :

— Madame, commenca le courtier, je viens vous trouver de la part de M. Th'eodor, qui m’a assur'e que vous voudriez bien 'ecouter avec indulgence les propositions commerciales que j’ai l’intention de vous soumettre.

— Mes caves sont pleines, Monsieur.

— Sans doute, ripostait le courtier, sans doute. Mais je sais que votre d'efunt mari, le regrett'e M. Granjeard, avait organis'e pour le service de ses ouvriers une sorte de magasin o`u ses hommes pouvaient acheter `a des prix d'efiant toute concurrence, les produits n'ecessaires `a leur m'enage.

— Vous voulez parler de la cantine de l’usine ?

— Oui, Madame. M. Granjeard, je crois, s’occupait lui-m^eme d’acheter les approvisionnements et les revendait `a perte `a ses ouvriers, ce qui 'etait une mani`ere d'elicate de leur faire du bien. Dans ces conditions, Madame…

— Mon mari faisait comme bon lui semblait, Monsieur. Depuis sa mort, moi et mes fils, qui sont mes associ'es, nous faisons comme bon nous semble. Mes approvisionnements pour la cantine ont donc chang'e de nature. Mon mari agissait par philanthropie, je pr'etends agir l`a comme ailleurs, en commercante. Je n’ai donc nullement l’intention de vendre du vin `a perte, au contraire. Quelles sont vos qualit'es ? Quels sont vos prix ? C’est sur ces bases, que peut-^etre, nous pouvons arriver `a nous entendre.

— Madame, je suis heureux que vous arriviez, en effet, `a parler prix et catalogue. Voulez-vous jeter un coup d’oeil sur ceci ?

Le courtier tendait `a Mme Granjeard un prospectus, que celle-ci commencait `a examiner. Quel 'etait ce courtier ?

Il s’'etait recommand'e, `a vrai dire, du nom de l’oncle Th'eodor, mais il n’avait apport'e `a l’appui de cette recommandation aucune pi`ece, aucune lettre.

Lorsque le courtier, en effet, avait sonn'e `a la grille, et avait 'et'e recu par Julie, puis introduit dans la maison, un homme qui prenait grand-garde de n’^etre point apercu, s’'etait myst'erieusement gliss'ee dans le jardin entourant la demeure particuli`ere des Granjeard.

Il 'etait v^etu d’un pardessus de couleur sombre, coiff'e d’un chapeau mou enfonc'e tr`es avant sur son cr^ane, il suivait les murailles du jardin, courb'e en deux, 'evitant les endroits d'ecouverts, marchant de pr'ef'erence dans les plates-bandes, entre les massifs des lilas m^eme.

Et, au moment m^eme o`u Mme Granjeard commencait `a causer avec le courtier, dans le petit salon, l’individu s’'etant assur'e que nul ne l’'epiait, gravit rapidement les marches du perron, s’introduisit avec une rapidit'e et une audace extr^emes, dans le vestibule de la maison.

Si le personnage du courtier 'etait myst'erieux et 'enigmatique, l’homme qui p'en'etrait ainsi chez les Granjeard devait avoir de puissantes raisons pour d'esirer n’^etre pas vu, pour d'esirer surtout r'eussir une certaine op'eration.

Parvenu dans le vestibule, marchant avec une habilet'e extr^eme, sans faire le moindre bruit, l’inconnu examina au portemanteau install'e dans l’entr'ee, des pardessus d’hommes, les pardessus des fils Granjeard, qu’il repoussait l’un apr`es l’autre.

Au portemanteau, accroch'e par une manche, il avisa un dernier paletot qu’il retournait en tous sens, avec un sourire de satisfaction :

— Cette fois, je ne me trompe pas, murmurait-il, voil`a bien le v^etement de ce damn'e courtier. H'e, h'e, j’imagine que nous allons nous amuser.

Mais au moment m^eme l’homme p^alit. Un pas avait retenti dans le couloir voisin, dans lai direction du vestibule.

— Bigre, murmura l’homme, vais-je me faire prendre sottement ici ?

Il s’enfonca, immobile, dans une encoignure de porte, retenant sa respiration. Le vestibule, par bonheur, 'etait sombre, Mme Granjeard, en femme 'econome, n’y laissait jamais allumer l’'electricit'e, m^eme `a la tomb'ee de la nuit, et Julie traversa dans son entier la pi`ece sans se douter que quelqu’un y 'etait cach'e.

La bonne avait `a peine disparu que l’homme sortait de l’ombre.

Il revint vers le pardessus accroch'e au porte-parapluie, il fouilla, eut l’air de rire, haussa les 'epaules, puis, furtif, sans faire le moindre bruit, il sortit de la maison, regagna le jardin, se perdit dans la nuit.

Ce myst'erieux visiteur avait 'et'e v'eritablement bien inspir'e en ne s’attardant pas davantage dans le vestibule de l’usine Granjeard. Il 'etait `a peine sorti, en effet, que la porte du petit salon s’ouvrit, le courtier en vins 'etait reconduit par Mme Granjeard en personne.

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