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— Tenez, Prosper, fit-il lorsqu’il eut achev'e, voil`a votre affaire. D'esormais, vous avez toutes les qualit'es. D’ailleurs, ce que je dis, je le pense. Je regrette vivement votre d'epart.
Prosper, se confondant en remerciements, allait entreprendre une longue conversation, mais Herv'e Martel, en homme d’affaires habitu'e `a 'econduire les raseurs, trouva le mot aimable et cependant d'efinitif pour le reconduire jusqu’`a la porte de son cabinet.
— Continuons, Mademoiselle.
Herv'e Martel dicta deux ou trois lettres, donnant des rendez-vous d’affaires, puis :
— Cette lettre, Mademoiselle, vous ne l’'ecrirez pas sur du papier de la charge, mais sur du papier personnel. 'Ecrivez :
Madame Irma de Steinkerque,
Ma ch`ere amie,
Nous nous r'eunissons, quelques joyeux camarades, chez moi, avenue Niel, apr`es-demain soir. J’esp`ere que vous serez des n^otres. On d^inera sans c'er'emonie, `a huit heures… R'epondez-moi bien vite que vous ^etes assez gentille pour nous charmer de votre pr'esence.
Votre bien affectueusement d'evou'e.
— Vous ajouterez en post-scriptum… Apr`es tout, non, fit-il, je ne peux tout de m^eme pas vous dicter cela. Quand la lettre sera faite, vous me la donnerez avec l’enveloppe, je mettrai le post-scriptum `a la main.
M lle H'el`ene sourit mais ne broncha pas, et comme M. Herv'e Martel ne disait plus rien :
— Est-ce termin'e ?
— Oui, fit Herv'e Martel. Allez me taper ce courrier au bureau et n’oubliez pas de me le rapporter `a signer avant l’heure du d'ejeuner.
Et, tandis que la jeune fille, m'eticuleusement, reformait le rouleau de ses feuilles de papier :
— Eh bien, quoi, Mademoiselle H'el`ene, vous avez de graves chagrins ? des peines sentimentales ?
— Pourquoi donc, Monsieur ?
— Mais vous soupirez d’une facon qui vraiment d'enote une tristesse extraordinaire.
— Moi, Monsieur ? mais je n’ai nullement soupir'e.
— Tiens, c’est 'etonnant. J’'etais persuad'e. Enfin il vaut mieux, n’est-ce pas, que je me sois tromp'e ?
La jeune dactylographe sourit gracieusement. Puis, subitement, une id'ee lui vint.
— Pardon, Monsieur, le paquet de titres que je dois emporter pour le faire recommander. O`u est-il ?
Herv'e Martel se dirigea vers le bureau sur lequel il avait plac'e les papiers. Tout `a coup, il s’arr^eta net :
— Vous les avez pris, Mademoiselle, ces titres ? Ils 'etaient l`a-dessus il y a quelques instants,
— Il m’a sembl'e les voir, en effet, Monsieur. Mais il faut croire que je me suis tromp'ee, puisqu’ils n’y sont pas.
— C’est exact, ils n’y sont pas. J’aurais cependant jur'e que…
— Ma foi, moi aussi.
— Je sais bien que je suis distrait, mais `a ce point-l`a cependant.
Le courtier regarda autour de lui, souleva les coussins de son canap'e, remua quelques dossiers, entrouvrit deux ou trois fois le tiroir dans lequel il avait mis, quelques jours auparavant, les titres en question, et qu’il croyait bien avoir repris. Mais il ne retrouva rien.
— Voyons, c’est impossible, grogna-t-il. Vous faites erreur, ou moi. Ou alors, je me trompe, ce paquet n’est pas bien gros. Regardez donc si, par hasard, dans vos feuilles de st'enographie.
La jeune fille d'efit vivement le rouleau de papier. Les titres n’y 'etaient pas. Cependant que la jeune fille rougissait, quelque peu agac'ee, Herv'e Martel semblait de plus en plus pr'eoccup'e, et sur sa physionomie tr`es franche, tr`es mobile, ses impressions se manifestaient tr`es nettement.
— C’est curieux, grommela-t-il encore, absolument invraisemblable.
Jusqu’alors, Herv'e Martel 'etait all'e et venu dans la pi`ece, en proie, semblait-il, `a une impatience f'ebrile. Brusquement, il s’arr^eta, consid'era la jeune fille.
— Enfin, dit-il en se croisant les bras, ne trouvez-vous pas cela extraordinaire ?
— Mais si, Monsieur, dit H'el`ene.
— N’est-ce pas, reprit le courtier, c’est extraordinaire. Ces titres n’ont pas pu s’en aller tout seuls. C’est `a se demander si quelqu’un ne les a pas pris ? `A la rigueur, on pourrait penser `a Prosper, au cocher, mais il me semble qu’apr`es son d'epart les titres 'etaient encore l`a. Qu’en pensez-vous ?
— Je n’ai pas fait attention, mais il me semble, en effet, que vous avez raison.