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Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Аллен Марсель

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Le G'enie du crime, impassible, toujours cependant, et feignant de ne pas l’entendre, se contentait d’insister :

— Viens… disait-il. Viens, je le veux…

Il avancait toujours vers la jeune femme. H'el`ene, reculant devant lui, pas `a pas, se trouvait maintenant adoss'ee presque `a la tenture garnissant la fen^etre du salon orange.

— Je ne vous suivrai pas, riposta H'el`ene, articulant ses paroles avec une lenteur d'ecid'ee. Je ne vous suivrai jamais… Tuez-moi si vous le voulez, Fant^omas ; cela seulement vous pouvez le tenter… et encore, si vous faites un mouvement, je vous avertis que je donne l’alarme et que je vous ferai prendre, enfin, comme un ignoble bandit que vous ^etes…

Or, `a cette apostrophe virulente, Fant^omas ne r'epondait point. Simplement il haussait les 'epaules, pendant qu’un sourire passait sur ses l`evres.

La col`ere alors affolait H'el`ene. Cessant de reculer, elle marcha brusquement dans la direction du G'enie du crime.

— Je suis la femme de Fandor, murmurait-elle. La femme de Fandor ne peut pas ^etre une poltronne. Fant^omas, je n’ai point peur de vous… Fant^omas, je vous somme de fuir… On vient… Dans quelques secondes, il sera trop tard. Partez… Je ne vous livre pas, par respect pour les sentiments dont vous avez fait preuve pour moi… Vous m’avez aim'ee, vous m’aimez peut-^etre encore maintenant ; j’'etais `a vos yeux votre fille, une fille ne livre pas son p`ere. Ah !… profitez de ma cl'emence, Fant^omas, mais souvenez-vous que vous ^etes `a ma merci ! Allons, fuyez… partez…

Certes, `a cet instant, H'el`ene, comme elle l’avait dit elle-m^eme, se montrait digne de Fandor. Il fallait une ^ame intr'epide `a la jeune femme, il lui fallait un courage surprenant pour oser parler ainsi au Ma^itre de l’'epouvante, pour oser lui donner des ordres, `a lui qui en donnait `a tous.

Fant^omas, toutefois, souriait toujours.

Sous le masque qui voilait ses traits, son impassibilit'e amus'ee avait quelque chose d’'enigmatique et d’effroyable. On sentait que la col`ere d’H'el`ene, que les efforts de la jeune femme 'etaient vains, et que Fant^omas, `a son heure, `a l’instant o`u cela lui semblerait bon, disposerait d’elle, en d'epit d’elle-m^eme.

Fant^omas jouait avec H'el`ene comme un chat joue avec la souris qu’il fascine. Il 'etait le tigre qui fixe sa proie ; immobile encore, on le devinait pr^et `a bondir, pr^et `a satisfaire sa f'erocit'e.

H'el`ene, cependant, s’'enervait de plus en plus. V'eh'emente, elle osa s’avancer jusqu’`a fr^oler presque Fant^omas. La voix sifflante, le regard affol'e, elle r'ep'eta :

— Fant^omas, on vient… Fant^omas, il faut fuir…

La jeune femme tendait les bras, d'esignant la porte au bandit. Des pas se rapprochaient en effet, Fant^omas seulement alors parut sortir de son impassibilit'e.

Sa main se leva. Son gant noir, tranquillement, fut arrach'e, tomba sur le tapis. En un instant, il d'epouillait la cagoule qu’il portait sur son visage, et qu’il jetait `a terre au hasard…

— Il faut fuir, H'el`ene ? demandait-il sur un ton de raillerie…

— Il faut fuir, r'ep'eta la jeune femme, se contraignant `a parler sur un ton de supr^eme 'energie.

Mais elle n’achevait m^eme pas sa phrase. Fant^omas, brusquement, venait d’'eclater de rire.

— Enfant… dit-il.

Et avant qu’H'el`ene ait fait un mouvement, elle sentait son poignet `a demi bris'e, sous l’'etreinte de Fant^omas qui l’attirait violemment.

— H'el`ene, disait avec pr'ecaution le G'enie du crime… H'el`ene, vous devriez savoir que je ne suis point de ceux qui fuient… moins encore de ceux qui peuvent avoir peur, et que personne jamais, en aucun temps, en aucun lieu, en aucun cas, n’a pu faire obstacle `a ma volont'e ! Il faut m’ob'eir, il faut venir, tu viendras !

Le bouton de la porte grinca.

Fant^omas et H'el`ene 'etaient encore au milieu du salon orange. Dans une seconde Fandor allait entrer. C’'etait lui qui, rassur'e sur le sort de la reine, ayant fait son devoir jusqu’au bout, revenait vers sa femme.

Fandor entra… et c’'etait alors qu’il poussait un cri terrible : le salon orange 'etait vide !

Fant^omas et H'el`ene venaient de dispara^itre !

O`u donc 'etait le Ma^itre de l’effroi ?

Comment donc avait-il ravi la jeune femme ?

Pourquoi celle-ci, sans mot dire, s’'etait-elle subitement r'esign'ee `a accompagner le monstre ?

Fant^omas, une fois de plus, venait de trouver, dans sa froide f'erocit'e, une terrible force morale pour contraindre H'el`ene `a faire son bon plaisir.

Comme la porte s’ouvrait d'ej`a, Fant^omas avait brusquement repouss'e la jeune femme dans l’embrasure de la fen^etre. H'el`ene 'etait cach'ee par la tenture. Lui-m^eme, dans les plis du grand rideau de velours, se dissimulait ais'ement…

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