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— Mon Dieu, je suis perdue !
— C’est bien toi Sarah Gordon ?
— Oui.
Le bandit avanca d’un pas, se rapprochait, `a le toucher, du lit dans lequel 'etait assise l’Am'ericaine, toute tremblante.
— Tu as voulu, grommela-t-il, porter la main sur ma fille et la faire arr^eter, car c’est elle qui, tout `a l’heure, est venue te parler. Tu l’as chass'ee comme une mis'erable, mais tu seras ch^ati'ee.
Une sourde col`ere semblait gronder dans le coeur de Fant^omas !
— Que t’a-t-elle dit, tout `a l’heure ? Et pourquoi l’as-tu repouss'ee ?
Sarah Gordon, au paroxysme de l’'emotion, se taisait. Fant^omas insista durement :
— R'eponds, si tu ne veux pas mourir.
— Elle m’a dit, elle m’a demand'e, elle m’a ordonn'e de ne point partir ce soir, ni demain. Elle veut garder Dick `a Paris.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, fit Sarah. Sans doute l’aime-t-elle, elle aussi ?
— C’est faux ! H'el`ene n’aime pas ce cabotin. C’est toi qui en es 'eprise. Ah mis'erable, tu ne sais pas…
Mais brusquement Fant^omas s’arr^eta de parler, et, au lieu de continuer `a se tenir debout, presque pench'e sur la jeune fille, il s’accroupit derri`ere son lit, cependant qu’apr`es avoir grommel'e quelques impr'ecations de d'epit, il lui ordonnait `a voix basse :
— Ne fais pas un mouvement, pas un geste et ne dis plus une parole, sans quoi je te tue.
Puis Fant^omas r'ep'eta encore :
— Mal'ediction, mal'ediction !
Le bandit, d'esormais, 'etait s'epar'e de la fen^etre de la chambre par le corps de Sarah, qui se tenait assise dans le lit.
La jeune fille, sans comprendre les ordres de Fant^omas, lui avait ob'ei. Elle ne fit pas un mouvement. Il y eut un silence pendant lequel l’inqui'etude de l’Am'ericaine s’accrut encore. Que se passait-il donc ? Et comment se faisait-il que ce terrible personnage demeurait agenouill'e `a c^ot'e d’elle `a sa gauche, cependant qu’il tenait toujours son revolver braqu'e sur la jeune fille, pr^et `a tirer ? Sarah, si elle ne bougeait pas le corps, avait toutefois le loisir de remuer la t^ete.
Elle venait de regarder `a sa gauche, un l'eger bruit attira son regard dans la direction oppos'ee.
Cette direction 'etait celle de la fen^etre et, lorsqu’elle eut regard'e de ce c^ot'e, Sarah se sentit encore plus terrifi'ee qu’elle ne l’avait 'et'e jusqu’alors.
Sur le balcon, `a l’ext'erieur, et s'epar'e d’elle simplement par les vitres de la crois'ee, se trouvait une autre silhouette humaine, qui semblait surveiller la sc`ene se d'eroulant `a l’int'erieur de la chambre `a coucher.
Mais ce qui frappait Sarah, c’est qu’appuy'e contre la vitre, devant cette nouvelle apparition, se trouvait encore un canon de revolver nettement dirig'e sur la poitrine de la jeune fille.
Et Sarah, d'esormais, se rendait compte qu’elle 'etait de la sorte menac'ee de deux c^ot'es et que, si elle faisait un mouvement, Fant^omas, qui la surveillait `a gauche, la tuerait infailliblement, `a moins que ce ne soit l’individu qui la surveillait `a droite et qui, vraisemblablement, devait ^etre l’auxiliaire, le complice du bandit.
Combien de temps resta-t-elle ainsi immobile ? Quelques secondes, quelques minutes peut-^etre.
Sarah 'etait tellement interloqu'ee, abasourdie, effar'ee, qu’elle 'etait bien incapable de se rendre compte de quoi que ce f^ut.
Fant^omas, cependant `a voix basse, r'ep'etait sans cesse :
— Ne fais pas un geste, pas un mouvement, sans cela je te tue.
Et, `a chacune de ces paroles, instinctivement, Sarah tournait la t^ete de son c^ot'e. Or, `a un moment donn'e, elle s’apercut que le bandit avait boug'e, il ne s’approchait pas d’elle, mais au contraire, il reculait, `a genoux, ne s’'ecartant pas de la ligne droite, qui 'etait constitu'ee par lui `a une extr'emit'e, Sarah au milieu, et le myst'erieux personnage arm'e d’un revolver `a l’ext'erieur de la pi`ece.
En r'ealit'e, si par hasard ils 'etaient adversaires, l’un et l’autre 'etaient emp^ech'es de tirer et de se viser mutuellement sous peine de voir les balles de leurs armes traverser le corps de Sarah qui s’interposait entre eux deux.
Lentement, Fant^omas, marchant toujours `a reculons, avait gagn'e l’extr'emit'e de la pi`ece, et, `a cet endroit, se trouvait la porte, qui faisait communiquer la chambre avec le salon. Il l’entreb^ailla doucement, puis, il murmura d’une voix pleine de rage :