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— Fort bien. Et o`u est ce portefeuille ?
— Tout au fond de la cave, monsieur Juve, dans la seconde salle m^eme.
— Il y a donc deux caves ?
— Oui et non. Le souterrain, `a vrai dire, mesure cent quarante-deux m`etres de long, il est d’un seul tenant, mais en son milieu, il y a une cloison.
— Et nous allons dans le second compartiment ?
— Oui, monsieur Juve.
— Allons !
Juve descendit les trois derniers degr'es et se heurta `a la derni`ere porte :
— Ouvrez, messieurs.
Les trois serrures grinc`erent : la porte s’ouvrit.
Mais, tandis que Juve et ses compagnons avaient jusqu’alors descendu l’escalier dans une compl`ete obscurit'e car, par mesure de pr'ecautions, pour 'eviter tout risque d’incendie il n’y a point d’'eclairage dans les sous-sols de la Banque, Juve vit le souterrain s’illuminer splendidement devant lui au moment o`u la derni`ere porte s’entreb^aillait. Un m'ecanisme ing'enieux en effet a 'et'e pr'evu dans les caves m^eme, qui fait que la derni`ere porte en s’ouvrant 'eclaire les r'eserves en faisant jouer un commutateur 'electrique.
Juve alors recula 'ebloui.
Il p'en'etrait dans la grande cave secr`ete de la Banque et demeurait stup'efait des richesses inou"ies qu’elle contenait. Sur des chevalets de bois, d’abord, de grands cartons gonfl'es, bourr'es de billets de banque, s’entassaient les uns sur les autres, class'es avec ordre et contenant des fortunes `a affoler Cr'esus. Plus loin, `a demi enfonc'es dans le sol, on apercevait d’'enormes barils faits d’acier, doubl'es de plomb, bourr'es de pi`eces d’or.
Sur chaque baril 'etaient appos'ees des 'etiquettes impressionnantes :
Pi`eces de vingt francs `a l’effigie de 1889, un milliard et demi. Ou encore : Louis de vingt francs `a l’effigie de 1907, deux milliards [10].
C’'etait tout au long du souterrain un ruissellement d’or inou"i, fantastique.
— Mazette ! s’exclama Juve.
Mais ce n’'etait pas l’heure de plaisanter. La premi`ere surprise pass'ee, Juve ne songeait plus qu’au danger encore menacant.
— Faisons vite, murmura-t-il.
Et il entra^ina ses compagnons vers la porte s'eparant, ainsi que l’avait expliqu'e le gouverneur de la Banque, les deux sections de la cave secr`ete.
Au demeurant, les souterrains apparaissaient d'eserts, calmes, paisibles, et Juve peut-^etre s’'etait-il forg'e de vaines craintes en redoutant des p'erils qui devaient ^etre imaginaires pour les tr'esors cach'es l`a.
Cependant, ayant p'en'etr'e dans la seconde cave, ou plut^ot dans la seconde partie de la cave, Juve contemplait, 'ebloui encore, les lingots d’or repr'esentant la garantie des billets de banque en circulation.
— Quelle fortune, dit le policier, et le revolver `a la main, il s’immobilisa cependant que M. Ch^atel-G'erard, blas'e sur ce spectacle, se h^atait vers le fond de la pi`ece pour y prendre la liasse de billets dont il avait besoin.
— Monsieur Juve… commenca le gouverneur…
Mais il n’acheva pas. `A ce moment pr'ecis, et, sans que rien e^ut pu faire pr'evoir la chose, un incident se produisit.
D’abord, un vacarme 'epouvantable et soudain frappait les oreilles du policier. Cela venait du plafond.
Juve, Tissot, le baron de Roquevaire et M. Ch^atel-G'erard avaient lev'e les yeux au m^eme moment.
— Alerte ! criait Juve.
— Attention ! hurlait M. Tissot.
M. Ch^atel-G'erard, affol'e, criait de toutes ses forces :
— Au secours ! Au secours !
Et, en une seconde, cependant que le sol tremblait, il s’abattit une trombe v'eritable, une trombe de sable, de fer, de pierres, qui d'ebouchait dans la cave, semblant provenir du plafond.
Quelque chose de noir s’agitait au milieu de cette avalanche. M. Tissot, M. Ch^atel-G'erard, M. Roquevaire 'etaient renvers'es sur le sol ; Juve poussait un grand cri de rage et de d'esespoir.
— Feu, feu ! c’est Fant^omas !
D'ej`a la chose noire ou l’^etre anim'e, Fant^omas, si c’'etait Fant^omas, s’'etait relev'e.
Le claquement des armes `a feu r'esonna, lugubre, sous les vo^utes. Juve, 'etourdi d’un formidable coup de poing, avait roul'e sur le sol, ensanglant'e, puis la fantastique apparition noire, bondissant vers la porte de la cloison, la franchissait, la fermait derri`ere elle, et c’'etait soudain l’obscurit'e compl`ete dans la cave o`u se trouvaient le policier et ses compagnons, l’obscurit'e remplie du grondement sinistre de l’avalanche qui continuait.