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Mais derri`ere le dos du moine, du confesseur, du ge^olier – complices du mari – sentinelles f'eroces de l'honneur du mariage, en compagnie avec les fr`eres et les oncles de l’'epoux et de l’'epouse… se forme la legende populaire, retentit la complainte – et s'en va d'un village `a l'autre, d'un ch^ateau `a l'autre… avec le troubadour ou le minnesinger chantant les malheurs de la femme… la complainte est toujours pour elle. Le tribunal s'evit – la chanson absout. L''eglise maudit l'amour hors du mariage, la chanson maudit le mariage sans amour. Elle prend cause et fait pour le page amoureux, pour la femme aimante, pour la fille opprim'ee – non par des raisonnements, mais par les larmes, par la compassion. La chanson populaire – c'est la pri`ere la"ique du peuple, l'autre issue dans sa vie de mis`ere, de travail, de faim, d'angoisse. Les jours de f^ete apr`es les lithanies `a la Vierge – on pleurait les complaintes pour la malheureuse femme, que l'on n'attachait pas au pilori – mais pour laquelle on priait – et que l'on recommandait `a protection et aide – de la Mater dolorosa.
Des chansons et complaintes – la protestation s'accrut peu a peu – en roman et drame. Dans le drame elle devient force. L’amour offens'e, refoul'e, les noires myst`eres de la vie de famille – ont acquis leur tribune, leur tribunal, leurs jur'es. Les jur'es du parterre et des loges – acquittaient toujours les personnes et accusaient les institutions…
Bient^ot le monde commencant `a se s'eculariser, soutenant le ariage – c`ede. Le mariage perd en partie son caract`ere relieux et acquiert une nouvelle force polici`ere et administrative. Le mariage chr'etien ne pouvait se justifier que par l'intervention d'une force divine – il y avait une logique en cela, login folle… mais cons'equente. Le fonctionnaire de l'Etat qui met son 'echarpe tricolore et vous marie le code en main – est plus absurde que ne l'est le pr^etre – officiant dans son costume sacerdotal, entour'e de bougies, d'encens, de musique. La prenier consul Bonaparte lui-m^eme – l'homme le plus prosa"iquement bourgeois par rapport `a l'amour, `a la famille – s''etait apercu que le mariage dans une maison de police 'etait par trop pi`etre – et demandait `a Cambac'er`es – d'ajouter quelques phrases obligatoires aux paroles du maire, quelque chose de relatif «au devoir de la femme de rester fid`ele `a son mari» (du mari pas un mot) – de lui ob'eir, etc.
D`es que le mariage sort des domaines de l''eglise, il devient un exp'edient, une simple mesure d'ordre publique. C'est aussi de ce point de vue que l'on envisage les nouveaux Barbe Bleu – l'egislateurs et notaires – ras'es et poudr'es, en perruques d'avocats en soutane de juge – pr^etres du Code Civil et ap^otres de la Chambre des D'eput'es.
Le mariage civil n'est au fond qu'une mesure 'economique, l''emancipation de l'Etat de la lourde charge d''education – et l'asservissement renforc'e de l'homme `a la propri'et'e. Le mariage sans l'intervention de l''eglise devient un engagement pur et simple, engagement `a vie de deux individus qui se livrent mutuellement. Le l'egislateur ne s'inqu`ete pas de leurs croyances, de leur foi, – il n'exige que la fid'elit'e au contrat et s'il est rompu – il trouvera des moyens pour le punir. Et pourquoi pas? En Angleterre, dans ce pays classique du droit individuel – on emploie des punitions inhumaines contre de pauvres enfants de seize ans – enr^ol'es entre deux verres de gin par un vieux d'ebauch'e de soldat – un mucker de caserne – au profit d'un r'egiment de Sa Majest'e. – Pourquoi donc ne pas punir par l'opprobre, la honte, la ruine, la petite fille qui d'eserte – apr`es s'^etre engag'ee, sans bien savoir ce qu'elle fait, `a aimer `a perp'etuit'e un homme qu'elle a `a peine connu – plus encore, on la livre `a son ennemi, `a son propri'etaire, comme le d'eserteur `a son lupanar de sang – le r'egiment, lui, il saura de son c^ot'e la punir pour avoir oubli'e que le mariage comme les season-tickets ne sont pas transf'erables.
Les «Barbe Bleu» ras'es trouv`erent aussi leur troubadours et romanistes. Contre le mariage – contrat indissoluble – s''el`eve bient^ot le dogme psychiatrique, physiologique, – le dogme de la puissance absolue de la passion et de l'incomp'etence de l'homme `a lutter contre elle.
Les esclaves `a peine 'emancip'es du mariage se font serfs volontaires de l'amour libre… de cette puissance sans contr^ole – et contre laquelle toutes les armes sont faibles.
Tout contr^ole de l'intelligence est 'elud'e – elle n'a rien a y voir toute domination de soi-m^eme – d'eclar'ee nulle ou impossible. L'asservissement de l'homme `a des puissances fatales, insoumises `a lui – est l'oeuvre toute contraire de l''emancipation de l'homme dans la raison, de l''education de l'homme et de son caract`ere – but vers lequel doit tendre toute doctrine sociale.
Les puissances fictives – si les hommes les acceptent pour des r'eelles – en ont toute l'intensit'e et toute la force – et cela parce que le fond, le substratum que l'homme donne ou apporte est le m^eme. Un homme qui craint les revenants et celui qui craint
in chien enrag'e–ont la m^eme crainte etles deux peuvent mourir par la frayeur. La diff'erence consiste en cela que dans un de ces cas il y a une possibilit'e de prouver que le danger est fictif – tandis que c'est impossible dans l'autre.
Moi je nie compl`etement la place royale que l'on donne `a l'amour. Je nie sa puissance souveraine et illimit'ee, je proteste de toutes mes forces contre l'infaillibilit'e des passions, contre l''eternel acquittement de tous les faits – par des entra^inements au-dessus des forces de l'homme.
Nous nous sommes 'emancip'es de tous les jougs: de Dieu et du diable, du droit romain et du droit criminel, nous avons proclam'e la raison – comme seul guide et r'egulateur de notre conduite – et tout cela pour nous prosterner aux pieds d'Omphale comme Hercule et nous endormir sur les genoux de Dalila en perdant toute l`a force acquise…
Et la femme… est-ce que vraiment elle a passionn'ement cherch'e son affranchissement de l'autorit'e de la famille, de la tutelle 'eternelle, de la tyrannie du p`ere, du mari, du fr`ere… cherch'e ses droits au travail, `a la science, `a une position sociale – pour recommencer une existence de roucoulement d'une colombe et de d'ependre d'une dizaine de L'eons L'eon – au lieu d'un seul?..
Oui, c'est la femme que je plains le plus, le Moloch de l'amour la perd plus irr'evocablement. Elle croit en lui beaucoup plus et elle souffre plus. Elle est plus concentr'ee sur son rapport sexuel que l'homme, elle est plus r'eduite `a l'amour. On lui tou<rne> [425] plus l'esprit qu'`a nous-et on lui diver<tit> [426] moins la raison.
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Рукопись повреждена. – Ред.
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C'est la femme que je plains le<plus> [427] .
En g'en'eral, la femme est loin d'^etre fautive de ses pr'ejug'es et de ses exag'erations – qui donc a s'erieusement pens'e de d'etruire, de d'eraciner dans l''education m^eme de la femme – les unestes pr'ejug'es qui se transmettent de g'en'eration en g'en'eration? Ils sont quelquefois bris'es par la vie, par les rencontres, mais le plus souvent c'est le coeur qui se brise et non le pr'ejug'e – quelquefois les deux `a la fois.
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Рукопись повреждена. – Ред.