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Owen, convaincu que l’organisme avec des extr'emit'es d'evelopp'ees est sup'erieur `a l’organisme apode, qu’il est pr'ef'erable de marcher et de voler comme un li`evre ou un oiseau que de dormir 'eternellement dans une coquille, convaincu de plus de la possibilit'e de d'evelopper des pauvres parties d’un mollusque – les jambes et les ailes – il s’est tellement entra^in'e – qu’il crie aux hu^itres: «Prenez vos coquilles et marchez!»
Les hu^itres s’en offenc`erent, le prirent pour un antimollusque – c’est-`a-dire pour un ^etre immoral dans le sens des vrais habitants des coquilles – et le maudirent. Tout cela est parfaitement naturel.
«…Le caract`ere des hommes se d'etermine essentiellement par les circonstances qui les entourent… La soci'et'e peut facilement combiner ces conditions de mani`ere qu’elles puissent faciliter le d'eveloppement intellectuel et pratique en conservant toutes les nuances individuelles».
Tout cela est clair, et il faut avoir un degr'e peu commun de faiblesse d’entendement – pour ne pas comprendre ces v'erit'es. Au reste, on ne les a jamais r'efut'ees. Contredire par la majorit'e des voix, par l’immoralit'e de la doctrine, par son d'esaccord avec une telle religion ou une telle autre – n’est pas une r'efutation.
Dans le pire des cas de pareilles r'efutations ne peuvent aboutir qu’`a la triste constatation d’une incompatibilit'e flagrante entre la v'erit'e – et la morale `a la sanction de l’utilit'e du mensonge et du danger de la v'erit'e.
Le talon d’Achille n’est pas dans les principes d’Owen, mais bien dans sa conviction que cela soit facile pour la soci'et'e de comprendre ces simples v'erit'es. Toute sainte erreur d’amour, d’impatience par lesquelles ont pass'e tous les pr'ecurseurs d’une nouvelle `ere – depuis J'esus Christ et Thomas M"unster, `a Saint-Simon et Fourier.
Ils ont oubli'e que l’intelligence chronique consiste pr'ecis'ement en cela que les hommes subissent l’influence de la r'efraction historique et projettent les objets loin de leur v'eritable position. En g'en'eral les hommes comprennent le moins facilement les choses simples – tandis qu’ils sont pr^ets `a croire, et plus que cela, `a croire qu'ils les comprennent – les choses les plus compliqu'ees, les plus extravagantes et par leur nature totalement incompr'ehensibles – mais que la tradition et l’habitude leur ont rendues famili`eres.
Simple – facile! Mais est-ce que le simple est toujours facile?
Positivement – il est plus simple de respirer par l’air que par l’eau – mais il faut avoir des poumons pour cela – et comment se d'evelopperaient les poumons chez un poisson – qui a besoin d’un appareil respiratoire bien plus compliqu'e – pour gagner un peu d’oxyg`ene de l’eau qui l’entoure? – Le milieu dans lequel le poisson existe n’appelle pas l’organe `a la simplicit'e des poumons – il est trop dense et l’organe est ad hoc. La densit'e morale dans laquelle grandirent les auditeurs de Owen – a conditionn'e des bronches morales ad'equates au milieu et la respiration d’un air plus rar'efi'e, plus pur – doit n'ecessairement produire un malaise, une irritation et partant de l`a une aversion.
Ne pensez pas qu’il n’y ait l`a qu’une comparaison ext'erieure… C’est une analogie r'eelle qui existe entre des ph'enom`enes homologues – dans leurs phases de d'eveloppement – corr'elation.
Facile `a comprendre! Facile `a changer! De gr^ace… pour qui? Serait-ce par hasard pour cette foule qui remplit l’immense transcept du Crystall palace – pour 'ecouter avec ferveur et applaudissements les sermons d’un plat bachelier du moyen ^age qui s’est 'egar'e dans notre si`ecle et qui menace la foule par les maux terrestres et les foudres du ciel – en une langue vulgaire et baroque du c'el`ebre capucin de Wallenstein's Lager? Ce n’est pas facile pour eux!
Les hommes sacrifient une part de leur avoir, de leur ind'ependance, ils se soumettent aux autorit'es, ils arment `a grands frais des masses de fain'eants, – ils b^atissent des prisons, des tribunaux, des cath'edrales – enfin ils arrangent toute la soci'et'e de mani`ere – que le refractaire de quelque c^ot'e qu’il se tourne – rencontre ou un bourreau temporel – le menacant de la corde pr^ete `a tout finir, on un bourreau c'eleste – le menacant d’un feu qui br^ulera 'eternellement. Le but de tout cela est l’intimidation de l’homme pour contenir ses passions qui tendent `a d'eborder et d'etruire la s'ecurit'e sociale.
Au milieu de tout cela – para^it un homme 'etrange qui avec une na"ivet'e offensante pr^eche `a haute voix que tout cela n’a pas de sens commun, que l’homme n’est pas un criminel par droit de naissance, qu’il est innocent et irresponsable comme tous les autres animaux – mais qu’il a un avantage immence sur eux – c’est qu’il est beaucoup plus 'educable. Partant de l`a, cet homme ose affirmer en pr'esence des juges et des pr^etres qui n’ont d’autres raisons d’extistence que le ch^atiment et l’absolution – que l’homme ne fait pas lui-m^eme son caract`ere,comme il ne fait pas sa vue ou son nez; que si l’on mettait l’homme dans des circonstances qui ne le provoqueraient pas aux vices – cela serait un brave homme. Tandis que maintenant la soci'et'e le d'eprave – et les juges punissent non la soci'et'e – mais l’individu.