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La livr?e du crime (Преступная ливрея)
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Аллен Марсель

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`A droite de cette cloison, perc'ee d’une sorte de judas, se trouvait le comptoir de zinc et quelques tables 'etroites. De l’autre c^ot'e de la cloison, le magasin de bois, charbon, margotins.

Bon pr'etexte pour le client qui venait chercher un seau de boulets et se retrouvait au milieu d’une partie de « coinch'ee », devant l’ap'eritif. Le patron, un gros Auvergnat apoplectique, c’'etait le p`ere Joseph, et il avait mis comme enseigne `a sa boutique : « Aux Enfants du Lioran », ce qui lui donnait deux sortes de clients : les originaires du Centre, et ceux des autres d'epartements.

Ce matin-l`a, on refusait du monde. D`es huit heures, en effet, une bande ayant envahi le petit caf'e s’'etait mise `a chopiner bruyamment. Mais le p`ere Joseph n’y voyait aucun mal, puisqu’on lui payait d’avance le vin rouge.

Dans ce groupe patibulaire, se d'etachaient deux silhouettes d’hommes qui attiraient et retenaient l’attention. L’un 'etait grand, maigre, sec. Il avait une t^ete osseuse, un cr^ane d'enud'e, cependant que de ses 'epaules tombantes, pendaient deux bras d'emesur'ement longs que terminaient des mains immenses. Il 'etait v^etu, cet homme, d’un complet de velours, il portait au lieu de col un foulard rouge.

Son compagnon 'etait, au contraire, un petit individu grassouillet, fr'etillant comme une carpe, au ventre rebondi sous la cotte bleue de m'ecanicien. Dans son visage jovial et narquois s’ouvraient deux yeux : l’un tout petit, l’autre d'emesur'ement grand.

Les deux n’arr^etait pas :

— Cette vieille crapule de Bec-de-Gaz.

— Cette grosse fripouille d’OEil-de-Boeuf.

— `A la tienne ma vieille branche.

— `A la tienne mon salaud.

Puis, le grand individu sec et osseux interpellait le patron :

— 'Ecoute voir, p`ere Joseph, am`ene encore une chopine, il nous faut du rouge et du bon.

Puis se tournant vers son compagnon :

— C’est moi qui paye, OEil-de-Boeuf, il faut tout de m^eme que j’en ai du plaisir `a te retrouver, pour r'egaler comme ca, la compagnie.

— T’occupe pas, Bec-de-Gaz, apr`es la tienne, ce sera la mienne, de tourn'ee.

Les deux apaches, OEil-de-Boeuf et Bec-de-Gaz, s’'etaient rencontr'es quelques instants auparavant, au coin de la rue de la Libert'e.

Ils avaient 'et'e si surpris de se voir, ils s’attendaient si peu `a se trouver l’un en face de l’autre, qu’ils avaient failli d’abord ne point se reconna^itre. Et puis, il y avait si longtemps qu’ils ne s’'etaient retrouv'es, qu’instinctivement ils avaient redout'e un rapprochement, mais, le souvenir de leur vieille amiti'e avait triomph'e des appr'ehensions et les deux gaillards apr`es une h'esitation, tr`es momentan'ee, 'etaient tomb'es dans les bras l’un de l’autre.

Naturellement, c’'etait chez le marchand de vin qu’on avait 'et'e c'el'ebrer cette heureuse rencontre. Et comme pour aller de l’endroit o`u ils se trouvaient jusqu’au cabaret du p`ere Joseph, il fallait parcourir cent m`etres, on avait rencontr'e une demi-douzaine de copains qui, flairant quelques bouteilles `a boire, s’'etaient bien gard'es de manquer cette aubaine.

— C’est 'egal, j’ai plus de veine que toi. Apr`es avoir 'echapp'e `a la guillotine, ce qui n’arriv'e pas `a tout le monde, je suis maintenant en libert'e provisoire et pour peu que je ne me fasse pas poisser pendant cinq ans, j’en aurais fini avec la surveillance des « curieux », tandis que toi, mon pauvre Bec-de-Gaz, t’es toujours sous le coup d’une rafle de la pr'efectance. Enfin te bile pas, on sera l`a pour te prot'eger, les copains et moi-m^eme, on est pas des vaches, on n’ira pas causer.

— De quoi ? fit Bec-de-Gaz, ma parole OEil-de-Boeuf, on dirait que t’as 'et'e mis sur la terre pour me servir de garde-chiourme, c’est-y par hasard que tu te crois si fort maintenant, que Bec-de-Gaz a besoin de ta protection ?

— Dame, fit OEil-de-Boeuf, on sait ce qu’on sait. C’est-y pas vrai, Bec-de-Gaz, que tu t’as d'ebin'e de l’^ile de R'e apr`es ta condamnation aux travaux forc'es ? Les forcats 'evad'es, ca se recherche, et ca se retrouve. T’es oblig'e de te cacher, tandis que moi qui b'en'eficie de la libert'e provisoire, j’peux aller faire mon persil sans ^etre empoisonn'e par les mouches de la Tour Pointue.

Bec-de-Gaz allait r'epondre, lorsque la porte du bar s’entrouvrit lentement, livrant passage `a une gracieuse apparition.

C’'etait une femme toute jeune, `a l’opulente chevelure brune, `a la taille d’une finesse extraordinaire, qui faisait ainsi irruption dans le cabaret. Elle 'etait v^etue simplement, d’un corsage et d’une jupe noire, cependant que, `a sa ceinture, se nouait un petit tablier de calicot rouge. Au bras elle portait un vaste panier rempli de fleurs.

— Vous en faut-il ? interrogea-t-elle, en esquissant un joli sourire qui d'ecouvrait sous ses l`evres bien dessin'ees une rang'ee de dents 'eblouissantes.

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