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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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Alice Ricard regardait son mari bien en face ; le courtier en vins eut un geste ennuy'e, se passa la main sur le front. 'Evidemment, toute sa bonne humeur de l’instant pr'ec'edent disparaissait. Il toussa, marcha plus vite, puis s’arr^etant :

— On boit un verre de champagne ? proposa-t-il. Hein, ca vaut bien cela, il me semble.

Et se forcant `a ^etre gai, il ajouta :

— Car enfin, ce qu’il y a de plus clair en ce moment, dans toutes ces histoires, c’est que l’assurance paye et que si nous le voulons, nous toucherons imm'ediatement les cent mille balles.

Alice Ricard ne r'epondit pas. D'ef'erant au d'esir de son mari, elle avait 'et'e chercher une bouteille de champagne et deux coupes.

Bient^ot le vin mousseux p'etillait dans le cristal. Fernand Ricard but d’un trait, puis recommenca `a se promener de long en large :

— Oui, c’est ennuyeux en effet, dit Fernand.

— C’est tr`es ennuyeux, dit Alice.

Le courtier se laissa tomber sur une chaise, mit ses coudes sur ses genoux, se prit le front `a deux mains.

— Tr`es ennuyeux, car enfin cette malle verte, nous ne savons pas d’o`u elle vient, qui l’a envoy'ee, et `a quoi elle rime ? Qu’en penses-tu ? C’est peut-^etre une co"incidence fortuite ? Apr`es tout, il doit y avoir de par le monde bien des malles tach'ees de sang. On en trouve une, on croit qu’il s’agit de celle ayant servi `a transporter le cadavre de l’oncle, et ma foi…

— Non, tu dis des b^etises.

Il se tut, se leva, alla boire encore un verre de champagne, puis brutalement, d'eclara :

— Les co"incidences, vois-tu, Alice, ca ne para^it acceptable qu’aux imb'eciles. Les co"incidences, ca n’existe pas.

Et plus bas encore, buvant un troisi`eme verre de champagne, ce qui lui mettait le sang aux joues, Fernand Ricard continuait :

— D’ailleurs, si la d'ecouverte d’une malle verte tach'ee de sang pouvait ^etre une co"incidence, il y a quelque chose qui ne peut pas d'ependre du hasard : c’est que cette malle verte ait 'et'e exp'edi'ee pr'ecis'ement `a une nomm'ee Brigitte, c’est-`a-dire `a une ancienne bonne de l’oncle.

Il se tut. Alice Ricard frissonna, puis demanda :

— Alors, ca te fait peur `a toi aussi ?

— Oui, r'epondit Fernand Ricard, cela me fait peur.

Le silence qui pesait alors dans la petite pi`ece si tranquille, si calme, avait quelque chose de lugubre, de sinistre, de menacant.

Il 'etait si p'enible m^eme `a supporter qu’Alice Ricard, la premi`ere, 'eprouva comme un secret besoin de le rompre, co^ute que co^ute.

— Tu as peur, hein ? Tu reconnais que tu as peur ? Oh, c’est affreux vois-tu de trembler comme nous allons trembler maintenant. Cette malle, je te dis que ca cache quelque chose. Cette malle verte, elle doit avoir une signification. Il faudrait…

La jeune femme paraissait d'esesp'er'ee, Fernand Ricard se releva :

— Alice, ma petite, commenca le courtier, quand on a fait ce que nous avons fait tous les deux, on n’a pas le droit de geindre, et l’on est des imb'eciles si l’on perd la t^ete. La d'ecouverte de cette malle verte qui vient nous ne savons d’o`u, qui est envoy'ee par nous ne savons qui, est inqui'etante. Bon, cela je te l’accorde. Mais enfin, ce n’est pas un motif pour croire que tout est perdu. Jouons serr'e, voil`a tout.

Alice Ricard ne r'epondit point. La jeune femme s’'etait empar'ee, machinalement, de la lettre de l’assurance qui tra^inait sur la table. Elle la relisait avec attention.

— Donne-moi cela, commanda Fernand Ricard, ce n’est pas la peine de laisser tra^iner ce papier, et puis, nous avons autre chose `a faire.

— Quoi donc ? r'epondit Alice Ricard, levant les yeux vers son mari.

— Dame, il me semble que je ne devrais pas avoir besoin de te l’expliquer. Cela s’impose. On a trouv'e une malle verte, on croit que c’est la malle du crime, reste `a faire dispara^itre la malle jaune.

— Tu as raison, murmura la jeune femme. Mais enfin, ce n’est pas ici qu’on viendrait la chercher.

Et comme Fernand Ricard ne r'epondait pas, Alice insista :

— Tu n’as pas peur d’une perquisition hein ? On ne nous soupconne pas ?

— Il faut tout pr'evoir.

Fernand Ricard sortit alors de la salle `a manger o`u sa femme demeurait seule. Il descendit dans la cave de la maison :

— Le fourneau de la cuisine br^ule encore ? demanda-t-il quelques instants plus tard, en r'eapparaissant, tenant `a bout de bras une valise.

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