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— Monsieur Havard ! Ah, par exemple !
C’'etait en effet le chef de la S^uret'e qui 'etait venu au domicile de l’avocat depuis deux heures, avec un de ses subordonn'es.
Machinalement, M. Havard rendit `a Juve sa poign'ee de main :
— Mon cher, d'eclara-t-il d’un air triomphant, l’enqu^ete a fait un grand pas. Tandis que vous 'etiez `a vous balader, j’ai retrouv'e, moi, la personne suspecte, la myst'erieuse complice, 'evidemment, de l’assassin, la personne, en deux mots, qui d'etenait la cl'e disparue de l’appartement de M. Baraban.
— Et, demanda Juve, la personne qui poss`ede cette cl'e, c’est mademoiselle ?
Le policier d'esignait Brigitte, qui sanglotait, la t^ete entre les mains, sans m^eme s’^etre apercue du retour de son amant, lequel, paralys'e, demeurait immobile sur le pas de la porte.
L’interruption de Juve navra M. Havard qui comptait produire sur le c'el`ebre inspecteur une formidable impression :
— Ah ca, fit-il, vous le saviez donc ?
— Oui, dit simplement Juve.
— Et alors, poursuivit M. Havard, vous le pensez comme moi ?
— Quoi ?
— Eh bien, dit M. Havard, qui s’impatientait, que l’enqu^ete a fait un grand pas, puisque nous tenons vraisemblablement, non seulement le coupable, mais encore la complice qui s’est faite son indicatrice.
— Vous croyez ?
M. Havard, cependant, estimait avoir triomph'e et il voulut avoir tous les honneurs de sa victoire.
— 'Ecoutez bien, recommanda-t-il `a Juve, ce qu’elle va me dire.
Puis, se tournant vers Brigitte, le chef de la S^uret'e la souleva, la fit asseoir dans un fauteuil.
— Mademoiselle, commenca-t-il d’une voix douce, la justice vous saura gr'e des aveux que vous venez de me faire. Voulez-vous les r'ep'eter en pr'esence de ces messieurs ?
Les larmes obscurcissaient les yeux de la malheureuse Brigitte. Elle ne voyait personne. Pas m^eme son amant.
D’une voix entrecoup'ee de sanglots, elle raconta ce qu’elle avait d'ej`a dit `a Jacques Faramont et avou'e `a M. Havard, `a savoir qu’elle avait 'et'e au service de M. Baraban, qu’elle 'etait partie de chez lui emportant une cl'e sans s’en apercevoir, ajoutant enfin qu’elle avait pass'e la nuit, pr'ecis'ement la nuit du crime, hors du domicile de son amant, et cela `a la suite d’une dispute avec ce dernier. Tout cela, on le savait. Mais ce qu’ignoraient Juve et Fandor, ce qu’ignorait 'egalement Jacques Faramont, c’est que Brigitte, alors qu’elle se reposait, sommeillant sous les ponts entre deux et quatre heures du matin, y avait fait la rencontre d’un jeune homme dont l’allure et les mani`eres n’'etaient certes pas celles d’un homme habitu'e `a rechercher pareil asile.
Tous deux avaient caus'e gentiment, pleur'e ensemble. Ils s’'etaient avou'e avec na"ivet'e qu’ils 'etaient des amoureux bien malheureux dans l’existence et que leur coeur leur faisait mal.
— Voyez-vous, reprit M. Havard en ricanant, lorsque Brigitte eut fini de refaire son r'ecit, cette charmante idylle. C’est v'eritablement fort bien imagin'e, et pour un peu, on serait tent'e d’y croire si nous ne connaissions pas la v'erit'e.
Juve hocha la t^ete silencieusement. M. Havard, qui prenait ce mouvement pour un assentiment, poursuivit, l’adressant `a Brigitte d’un ton s'ev`ere :
— Tout cela est tr`es joli, mademoiselle, mais, malheureusement pour vous, c’est du roman, de la pure invention. Nous n’en sommes pas dupes. Le jeune homme que vous avez rencontr'e sous les ponts ne vous 'etait certainement pas inconnu. Pour quel motif et dans quel but ^etes-vous entr'ee en relations avec lui ? C’est ce que j’ignore et c’est ce que l’instruction 'etablira. Toujours est-il que je vous informe de l’arrestation de ce personnage pr'esum'e auteur de l’assassinat de M. Baraban.
— Mon Dieu, balbutia Brigitte, est-ce possible ? Ce jeune homme si gentil serait un assassin ?
`A ce moment, la main de M. Havard se posait sur l’'epaule de la jeune femme :
— Quant `a vous, d'eclara-t-il en enflant la voix, je vous arr^ete 'egalement comme complice. Vous aurez `a justifier de votre conduite devant le juge d’instruction.
Un hurlement retentit.
Jacques Faramont s’'etait pr'ecipit'e sur le chef de la S^uret'e, il tombait `a genoux devant lui :
— Monsieur, monsieur, je vous en supplie ! 'Epargnez Brigitte ! Ce que vous dites n’est pas possible. Elle est innocente, innocente.
Le jeune homme d'efaillait.
M. Havard l’avait 'ecart'e d’un geste. Michel l’agent de la S^uret'e, emmenait Brigitte `a demi morte d’'emotion, incapable de r'esister.
M. Havard recommanda `a Jacques Faramont :
— Quittez votre domicile le moins possible, monsieur ! Pendant quelques jours, restez `a la disposition de la justice.