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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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— Oui, dis.

— Eh bien, j’aime encore mieux risquer le tout pour le tout et ne pas continuer `a v'eg'eter.

Fernand Ricard s’'etait assis. Alice se mit en devoir de ranger les tasses `a caf'e sur un plateau.

Elle faisait son travail machinalement, l’esprit ailleurs. Puis elle se rapprocha de son mari :

— C’est donc d'ecid'e ? r'ep'etait-elle. Demain ? Demain, nous tentons le coup ?

— Oui, ripostait le courtier. Oui, oui, cent fois oui ! D’ailleurs je ne vois pas pourquoi tu me demandes cela, est-ce que nous n’avons pas tout pr'evu ? Est-ce que nous n’avons pas tout combin'e, est-ce que, depuis longtemps, nous n’avons pas eu ce seul but ?

— Si.

— Alors, pourquoi attendre ? Le moment est propice, d’abord. Les affaires de Fant^omas occupent suffisamment le public pour que l’on n’ait pas besoin de parler d’autre chose. On n’y verra que du bleu.

— Eh bien, le sort en est jet'e.

Alice Ricard interrompit brusquement son mari, un air de r'esolution sur la figure :

— Ne parlons plus de cela, ajouta-t-elle. Nous voulons ^etre riches, nous prenons les moyens les plus rapides pour le devenir, c’est notre droit. D’ailleurs…

— D’ailleurs, quoi ?

— Rien. Tu partiras demain ? Par quel train ?

— Par le train du matin, comme je l’ai dit, et toi ?

— Moi, par le rapide de deux heures.

— Tr`es bien.

— Dis donc, tu as vu que le jeune Th'eodore me fait de plus en plus la cour ?

— En effet.

— Et tu n’es pas jaloux ?

— Pas du tout, ma ch`ere.

Alice Ricard 'eclata de rire :

— Tiens, dit-elle, veux-tu que je t’avoue une chose ? Eh bien, il me semble qu’apr`es… Apr`es. Enfin… apr`es ce que tu sais, nous nous aimerons mieux encore.

Et elle ajouta en souriant finement :

— Car enfin, il y aura alors du sang entre nous.

2 – VOLEUR

Le lendemain matin, `a neuf heures et demie, Alice Ricard et son mari se dirigeaient vers la gare de Vernon, 'echangeant en chemin de nombreux bonjours.

— Monsieur Fernand Ricard, appela le facteur, vous voil`a dehors de bon matin. Justement, j’ai des lettres pour vous.

Le brave homme fouilla dans sa sacoche, tendit les enveloppes au courtier.

— Et comme ca, vous partez donc en voyage, que vous emmenez une valise ?

— Mais oui, mon brave homme, je vais au Havre.

— Ah diable ! Eh bien, bonne route, monsieur.

— Merci, et vous, bonne journ'ee.

Plus loin, le pharmacien, le p`ere Michu, 'etait sur le pas de sa porte :

— Oh, oh, M. Fernand Ricard qui s’en va en tourn'ee, dit-il.

— Ma foi oui, je vais au Havre.

— Alors, lui jeta le pharmacien, vous n’^etes pas arriv'e, avec l’Ouest-'Etat [2], vous savez ?

Les deux 'epoux profit`erent d’une accalmie pour causer un peu.

— Je compte sur toi, disait le courtier en vins `a sa femme. Il est bien entendu, n’est-ce pas, que nous allons jouer une grosse partie et qu’il faut, pour la gagner, faire tr`es attention. Pas d’enfantillage, Alice. Tu m’as compris ?

— Mais oui, sois donc tranquille.

— D’ailleurs, tout est si simple qu’il faudrait une rude malchance pour que cela tourne mal.

— J’ai peur, pourtant.

Fernand Ricard haussa les 'epaules :

— Oui ou non, tu veux v'eg'eter encore avec cinq mille francs par an ? Ou bien ?

Une voix jeune, la voix d’un adolescent, les h'ela :

— Ah, monsieur et madame ! Quel plaisir j’ai `a vous apercevoir. Je viens d’acheter les journaux. Vous avez pass'e une bonne nuit ?

C’'etait Th'eodore Gauvin qui venait au-devant d’eux et le jeune homme rougissait. Il ne se trouvait pas `a la gare par hasard, 'etant venu avec l’intention bien arr^et'ee de rencontrer la jolie Alice si, d’aventure, elle accompagnait son mari jusqu’au rapide du Havre.

— Je ne vous d'erange pas, au moins ? reprit le jeune homme. Vous partez ce matin, monsieur Ricard ?

— Nous d'eranger ? Mais vous n’y pensez pas, monsieur Gauvin, j’ai toujours plaisir `a vous rencontrer. D’ailleurs vous ^etes tr`es sympathique `a ma femme.

Il y avait peut-^etre une l'eg`ere raillerie dans ces paroles, mais le jeune homme ne s’en apercut pas. Affair'e, il proposait `a M me Ricard :

— Voulez-vous me permettre de tenir votre ombrelle et de vous abriter ? M. Ricard va aller prendre son billet et certainement, vous risquez un coup de soleil.

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