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Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Аллен Марсель

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— Dites, demanda-t-il, exaucez mes pri`eres.

Mais `a ce moment, le sentier tournait brusquement et rejoignait la grand-route `a quelque distance de la maison de M me Ricard.

La jeune femme eut un rire 'enigmatique.

— D’abord, disait-elle, je ne peux pas vous permettre de m’embrasser, ces choses ne se font pas. Vous savez bien, Th'eodore, que je suis une honn^ete femme.

Ayant dit cela, elle s’arr^eta un instant pour cueillir une rose, pensant qu’'evidemment son jeune amoureux allait se passer de la permission demand'ee.

Comme Th'eodore Gauvin, cependant, prenait une mine d'esesp'er'ee, Alice Ricard rit derechef, haussa les 'epaules et se remit `a marcher.

— Ensuite, ajouta-t-elle, je ne peux pas non plus vous autoriser `a passer la journ'ee avec moi.

— Pourquoi, mon Dieu ?

— Parce que je dois aller faire des courses `a Paris.

— `A Paris ? Vous allez `a Paris ? Mais vous avez dit vous-m^eme `a M. Ricard que vous ne sortiriez pas de chez vous ?

— Sans doute, mais cela n’emp^eche rien.

— Qu’allez-vous donc faire `a Paris ?

Alice Ricard eut un 'eclat de rire plus moqueur encore :

— Fi, le vilain indiscret ! Est-ce qu’on demande des choses comme cela ? Mais tant pis, vous avez voulu le savoir, vous le saurez ! Je vais `a Paris pour acheter `a mon mari un cadeau que je lui remettrai lors de son retour. L`a, ^etes-vous content ?

— Oh, c’est cruel, ce que vous m’annoncez l`a. Vous n’auriez pas d^u me le dire.

Et il avait une mine si piteuse que la jeune femme le prit en piti'e :

— Allons, d'eclara-t-elle, ne boudez pas. Si je rentre de bonne heure, demain soir, vous viendrez prendre le th'e avec moi. ^Etes-vous content ?

— Non, je voudrais que vous n’alliez pas `a Paris.

— J’irai pourtant. Allons, embrassez-moi et ne boudez plus.

Elle lui tendit son front et il l’effleura, n’osant donner `a son baiser la voracit'e goulue d’un affam'e d’amour qu’il 'etait, puis joignant les mains :

— Oh, vous ^etes bonne ! Mais vous reviendrez demain, dites ?

— Si vous ^etes sage, oui.

Deux minutes plus tard, l’'epouse du courtier en vins 'etait rentr'ee chez elle et Th'eodore Gauvin, par le sentier tout embaum'e d’aub'epine, regagnait le centre de Vernon.

Le jeune homme naturellement, r^evait. Il 'etait r'eellement amoureux fou de la jolie Alice Ricard et, comme tous les amoureux, comme tous les amoureux tr`es jeunes, du moins, il 'etait incapable de s’apercevoir des moqueries de la jeune femme. Tout ce qu’elle disait lui semblait au contraire exquis, d'elicat, tendre, parfait. Il la jugeait incomparable, aussi bien pour sa beaut'e que pour son coeur.

Dans le sentier, Th'eodore Gauvin, marchant `a pas lents, t^ete baiss'ee, vivait une heure exquise.

— Je l’ai embrass'ee, se disait-il.

Et il avait aux l`evres le go^ut de ce premier baiser qu’il savourait divinement.

Cependant, le fils du notaire e^ut fr'emi s’il avait pu r'eellement conna^itre la femme qu’il aimait et soupconn'e ses intentions.

Th'eodore Gauvin, toutefois, h^ata le pas, arriva chez lui, s’attabla devant des manuels de jurisprudence, car le jeune homme pr'eparait le programme de son baccalaur'eat en droit, dont il devait subir les 'epreuves le mois suivant.

Mais ce matin-l`a, il avait l’esprit ailleurs. Tout en lisant m'ecaniquement le manuel, Th'eodore Gauvin repassait dans sa pens'ee les d'eclarations d’Alice Ricard : Pourquoi, se demandait-il, a-t-elle dit `a son mari qu’elle resterait toute la journ'ee chez elle, alors qu’au contraire, elle part `a Paris ?

Et pervers un peu, bien que tr`es jeune, Th'eodore n’'etait pas loin de deviner qu’il 'etait excellent pour lui que la jeune femme, de temps `a autre, f^ut capable de mentir `a son mari.

Ces r'eflexions, toutefois, s’assombrissaient bient^ot : « Elle s’en va `a Paris, songeait-il encore, pour choisir un cadeau `a son mari. Hum, est-ce bien vrai ? Et ne s’est-elle pas moqu'ee de moi ? »

Th'eodore, qui n’avait connu intimement que le m'enage de ses parents, estimait que sa m`ere n’e^ut jamais menti au respectable tabellion, son p`ere.

Et l’adolescent, dans ces conditions, ne tardait pas `a fr'emir en pensant que, peut-^etre bien, M me Ricard se rendait dans la capitale pour un motif fort diff'erent de celui qu’elle avait invoqu'e.

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