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Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Аллен Марсель

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— Pauvre Mahamoud, pauvre moi, jamais r'eussir de bonnes affaires, toujours dans la d`eche et toujours content.

S’'etant convaincu qu’il n’aurait plus de client`ele 'eventuelle `a solliciter, Mahamoud prit brusquement une r'esolution et, tournant les talons, il rebroussa chemin dans la direction de l’avenue de Montsouris.

Il parcourut rapidement les grands boulevards plant'es d’arbres, puis s’arr^eta quelques secondes devant une bicoque de tr`es modeste apparence, au-dessus de laquelle flamboyait une inscription :

« H^otel meubl'e. On loge `a la nuit. »

Ce devait ^etre sinon le domicile de l’Alg'erien, du moins un asile o`u il 'etait connu, car Mahamoud, en passant devant cet 'etablissement, frappa au carreau de la fen^etre du rez-de-chauss'ee. Celle-ci s’entreb^ailla, et la t^ete hirsute d’un gamin apparut.

— Toi prendre mon paquet, d'eclara Mahamoud, qui, joignant le geste `a la parole, se d'ebarrassa rapidement de ses tapis et de ses nougats.

Puis il ajoutait :

— Pas manger la marchandise quand je ne suis pas l`a. Moi revenir tr`es tard cette nuit, peut-^etre demain matin.

— Ca va bien, Peau-de-Z'ebi, on a compris, r'epliqua le garcon qui semblait faire fonction de concierge.

Mahamoud s’enfonca dans la nuit, `a grands pas et rapidement il atteignit l’extr'emit'e de l’avenue.

Il s’arr^eta `a la petite grille qui emp^eche, sit^ot la nuit venue, l’acc`es du Parc de Montsouris. Mahamoud quelques instants regarda autour de lui, pour s’assurer que nul ne l’'epiait. Puis s’'etant rendu compte qu’il 'etait seul, avec la souplesse d’un chat ou pour mieux dire, d’un acrobate exerc'e, il bondit par-dessus cette grille et s’introduisit dans le jardin. L`a, Mahamoud se mit `a longer les massifs, marchant pr'ecautionneusement sur l’herbe et la terre, 'evitant les all'ees sabl'ees, pour ne point faire de bruit, et sans doute ne pas 'eveiller l’attention des gardiens, si d’aventure il s’en trouvait dans le jardin public. L’Alg'erien marcha pendant quelques minutes, puis, avisant un bouquet d’arbres au milieu d’une pelouse, il le gagna sans la moindre h'esitation. Tandis que le marchand de nougat effectuait cette 'etrange promenade, la receveuse de la gare du chemin de fer de Sceaux d'elivrait pour le dernier train, deux billets de troisi`eme classe `a un grand diable d’individu flanqu'e d’un vieillard, `a longue barbe blanche.

Ce voyageur avait demand'e s’il pourrait obtenir `a Sceaux-Ceinture la communication avec le train circulaire qui passait en gare de Montrouge, `a minuit cinquante.

— Je le crois, monsieur. Mais vous savez que la correspondance n’est pas garantie.

Quelques instants plus tard, le train venant de la station souterraine du boulevard Saint-Michel entrait en gare, prenait ces deux voyageurs et s’engageait sur le remblai qui traverse le parc de Montsouris.

Avant d’arriver `a Sceaux-Ceinture, au moment o`u le convoi ralentissait, les deux hommes se laiss`erent glisser de leur compartiment, `a contre-voie, puis, b'en'eficiant de l’obscurit'e, se gliss`erent le long des rails et partirent en courant dans la direction oppos'ee `a celle du train. Ils n’all`erent pas loin. Soudain ils obliqu`erent `a gauche, enjamb`erent la cl^oture qui s'epare la voie du chemin de fer des fourr'es du parc de Montsouris et s’introduisirent dans le jardin obscur.

— Ca va-t-il, p`ere Grelot ? interrogea le plus jeune des deux hommes.

— Ca va toujours, l’'El`eve, r'epliqua en grommelant le vieillard `a la grande barbe blanche. N’emp^eche, poursuivit-il, que sur ces sales cailloux du « balastre » j’ai failli me tourner le pied. Enfin, pour mes soixante-douze ans, car c’est aujourd’hui mon anniversaire, je ne suis pas encore trop « ingambe ».

— Soixante-douze ans ? p`ere Grelot, tu dois nous monter le cou. Probable que tu comptes doubles les ann'ees pass'ees `a Londres.

— T’as toujours le mot pour rire, fils, mais tu pourras causer lorsque tu en auras vu autant que moi. Il y a vingt-trois ans, lorsque j’'etais `a la prison de Montpellier…

Mais, d’un « chut » 'energique, l’'El`eve interrompit son ma^itre.

Il avait entendu du bruit dans les feuillages, et les deux hommes, inquiets, redoutant sans doute d’^etre surpris, s’'etaient arr^et'es net, se taisaient, retenaient leur souffle.

Le p`ere Grelot prit son compagnon par le bras :

— Fils, dit-il, tu n’es qu’un imb'ecile de m’avoir fait peur. C’est un copain qui fait signe. Il doit d'ej`a y avoir du monde `a l’entr'ee du trou.

L’'El`eve, en avancant d’un pas, fit craquer sous son poids quelques brindilles de bois sec.

— Animal, maladroit, tu ne seras jamais qu’un apprenti. C’est pas la peine d’^etre mon 'el`eve, pour faire plus de bruit qu’un r'egiment ou qu’un autobus.

— Ca va bien p`ere Grelot. Je comprends ces pr'ecautions lorsqu’il s’agit de s’installer dans une t^ole, mais ici, on est tranquilles. Pas de danger qu’on rencontre des flics.

— Vaut toujours mieux se m'efier.

Au moment o`u les deux hommes p'en'etraient sous les arbres, quelque chose s’agita `a c^ot'e d’eux et, aux modulations du sifflet, succ'eda une voix qui disait :

— Salut vous autres, c’est Mahamoud.

Le vieillard et le jeune homme se nomm`erent simultan'ement :

— P`ere Grelot.

— L’'El`eve, dit le fils.

Les trois hommes se serr`erent les mains, silencieusement. Puis, le p`ere Grelot, toujours inquiet, interrogea :

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