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— Ribonard, dis-leur donc un coup qu’on est plus des enfants.
Ribonard expliqua :
— Voil`a d'ej`a huit jours qu’on s’est rencontr'e, nous deux B'eb'e. On 'etait comme qui dirait tous les deux en train de soigner une vieille morue qui tenait trop `a la vie. On s’est connu `a son chevet. On s’est appr'eci'e. On a turbin'e ensemble. Faut croire qu’on a pas fait du mauvais boulot, car s’il ne faut que de la braise pour sauver Fant^omas, on peut dire que le Fant^omas est libre.
— B'eb'e ?
Une voix jeune s’'etait 'elev'ee dans le tunnel.
— Mirette. C’est pas trop t^ot. Dans mes bras ma poule.
Mais, comme l’apache courait au devant de sa ma^itresse, Mirette l’accueillit d’une formidable gifle dont le bruit fit 'eclater de rire l’assistance enti`ere.
— Mirette, faudra voir `a t’expliquer.
— B'eb'e, faudra d’abord que tu m’affranchisses sur l’affaire de la gonzesse du Mans.
B'eb'e allait r'epliquer, Ribonard se pr'ecipita aupr`es de lui, lui serra le bras :
— Pas un mot `a personne. N’en cause ni de pr`es ni de loin. Surtout pas aux femmes.
Cependant, un jour p^ale pointait `a l’extr'emit'e du tunnel, les membres de la bande des T'en'ebreux peu `a peu d'eguerpirent.
Sous la vo^ute, au moment o`u s’achevait l’altercation de B'eb'e et de sa ma^itresse Mirette, ils n’'etaient plus que quatre ou cinq.
Soudain, dans l’ombre, Ribonard, qui redoutait 'evidemment une explication trop pr'ecise sur ce que Mirette avait appel'e « l’affaire de la gonzesse du Mans », avisa un homme robuste qui n’avait pas encore ouvert la bouche.
Il interrogea Mirette :
— Qui est celui-l`a ?
— Un aminche, r'epliqua 'evasivement la pierreuse, je le connais pas plus que ca, mais je suis s^ure d’une chose : il fait partie des T'en'ebreux.
5 – JUVE SUR LE SENTIER DE LA GUERRE
Qui 'etait-ce ?
Pour le savoir, il faut remonter `a quarante-huit heures en arri`ere, c’est-`a-dire `a trois jours apr`es les vols dont avaient 'et'e victimes, `a Saint-Calais, Chamb'erieux et son client, le marquis de Tergall.
Ce jour-l`a vers dix heures du matin, sur la route qui conduit `a Bouloire, un homme cheminait lentement, v^etu en ouvrier endimanch'e, avec `a la main une grosse canne de bois non 'ecorc'e. Il s’avancait d’une d'emarche solide et s^ure d’homme habitu'e aux longs parcours `a pied.
Son visage 'energique et h^al'e se barrait d’une 'epaisse moustache brune cependant que sur son menton s’'etalait une barbe taill'ee en 'eventail et minutieusement soign'ee, barbe dont le soin contrastait d’ailleurs avec l’apparence modeste de l’homme qui la portait.
Ce pi'eton, arriv'e `a un carrefour, parut h'esiter un instant. Il consulta le poteau indicateur, le compara `a une carte qu’il tenait `a la main, puis, se d'ecida en faveur d’un petit chemin encadr'e de verdure.
Le voyageur, tout en marchant, pensait :
— Voici d'ecid'ement mon parcours sur le point de se terminer, esp'erons que ce voyage si bien commenc'e ne va pas trop mal finir.
L’homme poursuivait sa route. Au bout d’un quart d’heure environ, il arrivait `a un d'etour du chemin, d’o`u s’apercevait, par une 'eclaircie faite dans le bois touffu, la belle propri'et'e du marquis de Tergall.
Le pi'eton s’arr^eta, sortit de sa poche une lorgnette et consid'era longuement le ch^ateau qui se dressait devant lui.
— Pas mal, murmura le voyageur.
Puis il ajoutait, non sans avoir jet'e au pr'ealable un coup d’oeil circulaire :
— Le marquis de Tergall a l’air d’avoir fait une bonne affaire lorsqu’il s’est mari'e.
Peu de temps apr`es, quelqu’un sonnait `a la facade principale du ch^ateau. C’'etait le personnage qui venait de parcourir `a pied les quelques kilom`etres s'eparant Saint-Calais du ch^ateau des Loges.
— Que d'esirez-vous ? demanda un domestique en venant ouvrir.
L’homme souleva l'eg`erement le chapeau mou qui lui couvrait la t^ete, et tendant une lettre au laquais :
— Je viens pour voir M. le marquis de Tergall, voulez-vous lui remettre cette lettre ?
— Attendez un instant, d'eclara le domestique, qui, par prudence, sans doute, refermait la porte, et laissait le visiteur `a l’ext'erieur de la maison.
Onze heures et demie, on attendait le d'ejeuner. Baptiste, le valet de chambre, curieux comme tout domestique qui se respecte, avait remarqu'e que l’enveloppe que lui avait remise le visiteur portait l’en-t^ete commerciale d’une maison d’'electricit'e d’Angers. Le marquis ordonna `a Baptiste, 'etonn'e :