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La porte s’ouvrit. Robert entra :
— C’est r'egl'e ? demanda sa m`ere.
— Oui, j’ai remis les fonds `a Landry, il s’occupe avec l’employ'e du chemin de fer qui accompagne le camionneur de faire r'egulariser la facture.
— Bien, 'Ecoute, Robert, ton fr`ere et moi, nous venons de prendre une grande d'ecision, en ce qui concerne notre association. Il est bon que tu sois au courant.
— Un instant Nous causerons plus tard. En rentrant ici j’ai rencontr'e quelqu’un qui venait nous voir et que j’ai d^u faire entrer dans le petit salon o`u il attend en ce moment.
— Qui ?
— Juve, l’inspecteur de la S^uret'e.
Mme Granjeard devint toute p^ale.
— Encore cet homme, fit-elle, qu’est-ce qu’il peut bien nous vouloir ?
— Je me demande quel parti pris vous avez contre ce policier. Certes il a 'et'e rude avec nous, brutal lorsqu’il nous a fait arr^eter, mais il a 'et'e aussi ardent ensuite, `a faciliter notre libert'e lorsqu’il a reconnu notre innocence, dit Robert.
'Etouffant un soupir, cependant que son fils Paul se mordait les l`evres, Mme Granjeard pr'ec'eda ses deux enfants dans le salon o`u Juve attendait, en effet.
Le policier s’inclina gravement :
— Je vous pr'esente mes hommages, Madame, fit-il.
Puis, il inclinait l'eg`erement la t^ete dans la direction des hommes, et sans pr'eambule entra dans le vif du sujet :
— Je suis venu vous voir, dit-il, parce que ca va mal, je pressens des ennuis. Voici, dit-il, la situation. M. Mourier, le juge d’instruction charg'e de l’affaire que vous savez, a d'ecouvert quelque chose de tr`es emb^etant…
— Parlez, je vous en prie, supplia Mme Granjeard.
— Mais oui, monsieur, insista Robert, allez.
— Eh bien, reprit Juve, le magistrat s’est apercu que le testament gr^ace auquel vous avez 'et'e lib'er'es les uns et les autres n’a pas 'et'e r'edig'e par Didier. C’est un faux.
Les trois Granjeard n’osaient se regarder. Ils se sentaient coupables de n’avoir pas avou'e, la premi`ere fois que le juge instructeur leur avait montr'e le document, qu’il n’'emanait pas de la victime. Ils le savaient, ils s’'etaient tus.
— Vous comprenez bien, expliquait Juve, que tout peut ^etre remis en cause, que tout peut recommencer.
Accabl'ee, Mme Granjeard se tamponnait les yeux avec son mouchoir, Paul s’'etait laiss'e choir sur un fauteuil, la t^ete entre les mains.
— O`u en est-on ? demanda Robert.
Le policier reconnut que, depuis une semaine, l’instruction n’avait pas fait un pas.
— Monsieur Juve, il y a une certaine piste dont nul n’a parl'e et que la justice para^it avoir compl`etement abandonn'ee.
— Laquelle, monsieur ?
—Celle, dit Robert Granjeard, du chariot, du fameux chariot sur lequel on a transport'e le cadavre si horriblement mutil'e de mon malheureux fr`ere et dont les dimensions de roues co"incidaient avec celles d’un chariot d’infirme habitant pr`es de la rue de la Chapelle.
Juve l’interrompit :
— D’o`u tenez-vous cette histoire-l`a ?
— Mon contrema^itre Landry me l’a racont'ee, il la tenait lui-m^eme de son fils, Riquet, un de mes apprentis.
— Tout ce que vous venez de me raconter, monsieur, est exact. J’avais pr'ecis'ement l’intention de vous parler de cette piste tr`es int'eressante, plus int'eressante m^eme peut-^etre que vous ne pouvez vous l’imaginer. Ce mendiant est assur'ement suspect, cet infirme qui ne l’est pas. De l`a `a conclure qu’il est coupable… Des preuves sont n'ecessaires, je ne vois pas trop comment…
— Ce mendiant, monsieur Juve, habite impasse Urbain, dans un logement voisin de celui qui est occup'e par cette jeune fille, Blanche Perrier, la ma^itresse de mon malheureux fr`ere. Par elle, ne pourrait-on pas avoir des renseignements ?
— J’allais vous le proposer, fit Juve. Vous avez l`a une excellente id'ee. Mais voir Blanche Perrier ? Nous irons peut-^etre `a l’encontre de nos int'er^ets et je dis nos, car, avec votre autorisation, votre cause devient la mienne, si vous le voulez bien ?
— Merci.
— D’abord, Blanche Perrier a disparu. Il est vrai que je pourrai la retrouver, je sais m^eme o`u elle est. Un instant, j’ai eu l’id'ee de vous l’amener ici, je ne l’ai pas fait.
— Pourquoi ? demanda Robert.
— Eh bien, s’'ecria Juve. C’est facile `a comprendre, apr`es tout, cette femme ne peut ^etre que votre ennemie. D’autre part, elle est d’accord avec le mendiant et m^eme, si la culpabilit'e de ce dernier nous apparaissait 'evidente, il est bien certain qu’`a eux deux, ils s’arrangeront certainement pour se trouver un alibi.