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L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Аллен Марсель

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Blanche se mit `a rire. Se laisser prendre ? Ah, plut^ot tout faire, m^eme l’impossible. D'esormais, elle se sentait un courage inou"i pour r'esister. N’avait-elle pas entendu dire : on vient ? N’'etait-elle pas s^ure que, dans quelques minutes, les hommes dont elle entendait le bruit des pas allaient venir l’arracher au monstre qui la menacait ?

Mais Fant^omas ne se r'esignait pas `a laisser 'echapper ainsi sa victime, dont la mort rev^etait une si grande importance `a ses yeux. Le bandit avait jet'e son arme, d'esormais inutile. Il poursuivait la malheureuse, courant apr`es elle dans la pi`ece mal 'eclair'ee, encombr'ee d’un extraordinaire d'esordre : bassines de zinc, 'etag`eres en bois. De tous c^ot'es, des ficelles 'etaient tendues comme pour supporter du linge. Il y avait de longues tables en 'equilibre sur des tr'eteaux. Toutes choses qui constituaient des obstacles et rendaient la poursuite de Fant^omas plus difficile, la protection de Blanche Perrier plus certaine.

Mais soudain, au moment o`u Blanche 'echappait encore une fois `a son terrible poursuivant, elle se sentit arr^et'ee net, renvers'ee en arri`ere et elle ne comprenait pas pourquoi.

La chose cependant 'etait simple : sa longue chevelure venait de se prendre dans un instrument bizarre, mais dont la pr'esence dans cette ancienne buanderie s’expliquait. Ses lourdes nattes s’'etaient engag'ees entre les deux cylindres en bois d’une machine `a calendrer le linge, et d`es lors, il semblait `a le jeune femme que tout mouvement lui f^ut interdit. Fant^omas, en une seconde, s’apercevait de la situation, et poussait un cri de triomphe, car il se rendait compte de tout le parti qu’il pouvait en tirer.

D’un geste violent, le monstre s’empara de la manivelle, et lui imprimant un mouvement brusque, il actionna la cr'emaill`ere. Celle-ci fit tourner le cylindre, et d`es lors un cri effroyable de douleur humaine retentit, cependant que les yeux de Fant^omas, pourtant habitu'es `a voir tant d’horribles choses, se d'etournaient une seconde, pour ne pas contempler ce spectacle.

Attir'ee entre les deux rouleaux, et comme prise dans un engrenage, la chevelure 'epaisse et lourde de Blanche Perrier avait disparu, puis une force invincible avait attir'e la t^ete de la jeune femme contre les rouleaux m^emes. L’effort continuait, un craquement effroyable se produisit, et tout `a coup, en une seconde l’infortun'ee Blanche Perrier 'etait scalp'ee vivante, sa peau s’arrachait `a la nuque, entra^inait ses oreilles, son front, ses joues, ne firent plus qu’une bouillie sanglante.

Mais Fant^omas, apr`es son premier mouvement d’'emotion, prit une d'ecision d'efinitive. Hurlant sa rage et sa col`ere, il apostropha la malheureuse :

— Cr`eve donc et qu’il ne soit plus question de toi.

Il ramassa le revolver qu’il avait l^ach'e, en assena un coup violent sur le cr^ane de la pauvre femme, dont la cervelle jaillit de toutes parts.

Il 'etait temps, Fant^omas entendait toute une troupe de gens qui s’appelaient les uns les autres :

— La police, grommela-t-il, eh bien, ils s’en arrangeront.

Avec une surprenante agilit'e, repoussant du pied le cadavre qui baignait dans une mare de sang, Fant^omas s’aida de la machine `a calandrer pour monter jusqu’au niveau d’une fen^etre perc'ee haut dans la pi`ece, puis, ouvrant la crois'ee, il sauta dans le vide, tomba dans le jardin, disparut dans la nuit.

Il s’'etait `a peine enfui, que la porte de la buanderie s’ouvrait, un policier p'en'etra et s’arr^eta sur le seuil, terrifi'e.

C’'etait Michel, l’un des meilleurs policiers, inspecteur de la S^uret'e.

— Trop tard, murmura-t-il.

Puis d’une voix vibrante, il appela :

« Juve, Juve, venez donc. »

20 – LE BATEAU DES MOUCHES

Pris par derri`ere, violemment jet'e sur le sol, accabl'e par une gr^ele de coups de poing qui lui meurtrissaient le cr^ane, J'er^ome Fandor, au moment m^eme o`u il pensait se saisir de Fant^omas, avait 'et'e renvers'e et mis dans l’impossibilit'e de se d'efendre sans qu’il e^ut trop le temps de se rendre compte de ce qui se passait.

— Eh bien, pensait Fandor, elle est saum^atre, celle-l`a. Je vois le Fant^omas devant moi. Je m’'elance pour l’attraper. Je tends le bras et crac. C’est lui qui m’attrape par derri`ere, c’est lui qui me tambourine la t^ete avec ses poings. Il y a de quoi renoncer aux plus louables intentions.

J'er^ome Fandor, en m^eme temps, essayait de se d'egager. Jamais, avec son caract`ere intr'epide, son courage `a toute 'epreuve, il n’e^ut accept'e de ne point r'esister `a un agresseur quelconque. De plus, instinctivement, et bien qu’il n’e^ut vu personne, il avait l’intuition que c’'etait Fant^omas qui s’acharnait sur lui. C’'etait l`a un motif suffisant pour le pousser `a r'esister de son mieux. `A t^acher d’'echapper `a son agresseur, m^eme si en r'esistant il risquait d’augmenter sa rage et de recevoir un coup de poignard ou quelques balles de revolver.

— Gigotons, se disait Fandor.

En conscience, Fandor s’appliquait `a « gigoter » de son mieux. On lui maintenait la t^ete contre le sol. De la terre lui entrait dans les yeux, dans le nez, dans la bouche. Il 'etouffait `a moiti'e, mais, profitant de ce que ses jambes 'etaient encore libres de toute entrave, que ses bras n’'etaient point ligot'es, il ruait tout en s’efforcant de secouer le poids qu’il avait sur la t^ete. Les ruades de Fandor ne rencontraient que le vide et, en voulant lib'erer sa t^ete, il parvenait tout bonnement `a s’enfoncer le visage plus profond dans le sable, `a se meurtrir douloureusement. Voil`a. Il 'etouffait. L’horrible sensation de la mort commencait, que c’en 'etait fini de lui et que selon son expression favorite : « le petit bonhomme 'etait fichu ».

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