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— Ah nom de Dieu ! jura-t-il…
Le barillet 'etait vide.
Cette fois, la stup'efaction de Fandor, son 'emotion, furent terribles.
Puis, renoncant `a r'efl'echir, Fandor, repoussa sa chaise, voulut se lever, courir `a son armoire pour recharger son arme.
Mais comme le journaliste tentait de se mettre debout, Il s’apercut qu’on lui avait li'e les jambes au pied de la chaise. Dans son brusque mouvement, il s’emp^etra, il roula par terre… `A peine avait-il eu le temps de crier, fou de rage : « Nom de Dieu de nom de… » qu’un b^aillon lui fermait la bouche, des liens immobilisaient ses bras… Il 'etait mis hors d’'etat de bouger…
— Monsieur Fandor, gouailla une voix ironique, ne cherchez ni vos cartouches, ni vos ciseaux, ni votre coupe-papier… Armes dangereuses dans les mains d’un enfant terrible comme vous…
L’homme qui parlait c’'etait le d'etective Tom Bob, c’'etait l’effroyable bandit Fant^omas…
Dans la chambre, o`u le drame, rapide, venait de se jouer, un silence lourd d’effroi pesa…
— Ma foi, pensait le jeune homme, je puis dire adieu `a l’existence… Puisque j’ai identifi'e Fant^omas, c’est la mort…
Mais le roi du crime prenait la parole :
— Monsieur Fandor, commenca-t-il, je ne pense pas qu’il soit besoin que je me pr'esente `a vous. Je suis Fant^omas, je me fais appeler Tom Bob. Nous sommes, vous et moi, de vieilles connaissances, il y a plus de dix ans que vous me poursuivez, vous souhaitez ma mort… et moi… et moi je ne vous veux pas de mal… Je ne vous veux pas de mal, et vous auriez tort de ne point me croire. Une fois d'ej`a, d’ailleurs, nous nous sommes trouv'es en pr'esence, vous et moi, dans une situation ayant beaucoup de rapports avec celle o`u nous sommes en ce moment… Vous rappelez-vous ? C’'etait dans le grenier du p`ere Moche ?
Fandor n’en croyait pas ses oreilles… Le bandit lui parlait d’un ton calme, heureux de causer, semblait-il.
Ah c`a ! Fant^omas n’en voulait donc pas `a sa vie ?… Que m'editait-il ?
Pourquoi s’'etait-il empar'e de lui ?…
— Monsieur Fandor, poursuivait l’extraordinaire Tom Bob, permettez-moi tout d’abord de vous pr'esenter mes plus sinc`eres f'elicitations. Tout `a l’heure, pendant que vous 'ecriviez `a Juve, j’escamotais votre poignard, vos ciseaux, les balles de votre revolver, je me suis permis de lire par-dessus votre 'epaule… Votre lettre est un chef-d’oeuvre. Vous expliquez `a Juve une foule d’excellentes choses qui, sans doute, l’int'eresseraient beaucoup… s’il devait jamais les lire. Malheureusement…
Tom Bob-Fant^omas se leva, prit sur le bureau de Fandor la feuille de papier `a lettre, la d'echira en mille petits morceaux qu’il glissa dans sa poche :
— …Monsieur Fandor, je n’ai aucunement l’intention de vous violenter, de vous nuire en quoi que ce soit… Tout simplement j’ai le d'esir de vous emp^echer de me jouer de m'echantes farces. Tenez, voulez-vous un gage de mes bonnes intentions ? Je vais enlever votre b^aillon… Je vous pr'eviens, d’ailleurs, que j’ai pris la pr'ecaution de louer toutes les chambres de la maison. L`a ! Vous sentez-vous mieux ? Oui ? Vous allez pouvoir me r'epondre ?…
— Un mot, dit Fandor. Je suis en votre pouvoir, Fant^omas, qu’attendez-vous de moi ? Que voulez-vous ? Ma mort, sans doute ? Eh bien, tuez-moi !
— Avant tout, r'epondit Fant^omas, faites-moi le plaisir de m’appeler Tom Bob… c’est en Tom Bob que je suis devant vous, je tiens `a rester Tom Bob. Et puis, monsieur Fandor, qui vous dit que je veuille vous torturer ?… Quel vilain mot vous employez… Ai-je donc l’air d’un tortionnaire ? Allons donc. Je vous d'elivre…
— Oui, fit remarquer Fandor, avec le sourire, vous m’avez enlev'e mon b^aillon, mais vous n’avez garde de me d'etacher les mains.
Fant^omas se pr'ecipita :
— Oh ! pardon, mon cher ! excusez-moi… Je ne vois, au contraire, aucun inconv'enient `a vous rendre la libert'e de mouvements que vous me demandez… Vous ^etes sans arme, et j’ai moi, un petit bull-dog, qui me tranquillise…
Tout en parlant, Tom Bob d'eliait Fandor, aidait le journaliste `a se remettre debout :
— Toutefois, je pr'ef`ere ne pas vous rendre la compl`ete libert'e, et laisser vos mains prisonni`eres, dans ces menottes que je vous ai pass'ees… Vous ^etes si follement t'em'eraire que vous pourriez avoir envie de vous jeter sur moi, bien que d'esarm'e…
— Vous avez raison, dit le journaliste.
— Comme toujours… Donc, vous me demandez ce que j’ai l’intention de faire de vous ? Monsieur Fandor, apprenez-le tranquillement… Vous ^etes un otage, rien de moins, rien de plus… D'esormais, et pour quelque temps, consid'erez-vous comme prisonnier de guerre de Tom Bob !… Ma vie change. J’ai besoin d’^etre tranquille quelque temps, et votre ami Juve pourrait me g^ener… il m’a sembl'e que le meilleur moyen de m’assurer le repos, de son c^ot'e, 'etait de vous tenir `a ma merci… Quand Juve saura que, s’il s’attaque `a moi, vous en subirez le premier les cons'equences, il devra me laisser tranquille… n’est-ce pas ?