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L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Аллен Марсель

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Et subitement, avec cet esprit de d'ecision qui lui 'etait particulier, voil`a que Fandor, en bon gavroche qu’il 'etait, se sentit pris du d'esir de faire une bonne blague.

La m`ere Zizi, `a ce moment, demandait :

— Un amateur qui veut 'eprouver la vertu du sabre magique ?

— Moi, dit Fandor.

Or, en m^eme temps que Fandor sautait sur l’estrade, pr^et `a affronter le feu `a coup s^ur inoffensif de « la merveilleuse jeune femme », voil`a qu’`a nouveau son regard se croisait avec le regard du colosse, et il semblait `a Fandor qu’il d'em^elait comme une sombre expression de haine dans les yeux de l’individu.

Fandor, toutefois, 'etait bien trop occup'e pour pr^eter plus longue attention au personnage.

Rapidement, la m`ere Zizi passa pr`es de Fandor, et le journaliste sentit parfaitement qu’on lui glissait dans la poche la balle et la pi`ece de deux sous.

— Parbleu, pensait `a ce moment Fandor, quand H'el`ene va lever les yeux pour me viser et qu’elle va m’apercevoir…

La fille de Fant^omas au commandement leva la t^ete, en effet, fit machinalement le geste d’'epauler le fusil.

— Feu, commanda la m`ere Zizi.

Une d'etonation.

Mais en m^eme temps que le claquement sec de la cartouche, deux cris, deux cris terribles retentirent dans la baraque.

Et tout de suite, dans la foule, une panique se produisit :

— Arr^etez-la, arr^etez-la.

— `A l’assassin, `a l’assassin !

Que s’'etait-il donc pass'e ?

Au moment m^eme o`u la fille de Fant^omas levant la t^ete avait apercu Fandor, elle avait pouss'e un cri et appuy'e sur la d'etente. Et, `a trois m`etres d’elle, elle avait vu s’'ecrouler, atteint `a l’'epaule, dangereusement peut-^etre, le malheureux J'er^ome Fandor.

***

Dans le public, un quart d’heure apr`es, tandis que Fandor 'etait emport'e `a une pharmacie voisine o`u on lui prodiguait les premiers soins, tandis que l’on entra^inait vers la prison la malheureuse fille de Fant^omas que le public voulait lyncher, un homme s’agitait, hurlait, ameutait les badauds, une sorte de colosse au visage bestial et repoussant : Jean-Marie.

Dans la poche de cet individu si quelqu’un avait pu fouiller, on aurait retrouv'e une cartouche truqu'ee, la cartouche pr'epar'ee par la m`ere Zizi et `a laquelle il avait criminellement substitu'e une autre cartouche, charg'ee, celle-l`a.

Jean-Marie, tout en ayant l’air furieux, 'etait en r'ealit'e au comble de la satisfaction.

— Voil`a, songeait l’ignoble apache, j’ai tenu ma promesse. Le Ma^itre sera content. J’ai retrouv'e sa fille. Je l’ai fait arr^eter. Il la reprendra quand il voudra. Et puis j’ai vu du sang, du beau sang rouge. Le sang de cet imb'ecile de journaliste.

13 – MYST`ERES ET PR'ECAUTIONS

Le train n’avait qu’une demi-heure de retard, et lorsqu’il vint se ranger le long du quai d’arriv'ee, `a la gare Montparnasse, un homme en descendit pr'ecipitamment. Bien qu’il par^ut tr`es pr'eoccup'e de regarder fixement devant lui l’employ'e portant sa valise, il jetait n'eanmoins de furtifs coups d’oeil, `a droite et `a gauche, sur les voyageurs qui comme lui descendaient de ce train, lequel pour arriver de Rennes `a Paris avait roul'e pendant une bonne partie de la nuit.

Descendu, le voyageur sortit place de Rennes, h'ela un taxi-auto, et d’une voix claire et nette, bien timbr'ee qui pouvait ^etre entendue des passants, il jeta au conducteur une adresse :

— Rue de la Banque.

Le v'ehicule d'emarrait aussit^ot, et conduisait son client `a l’endroit indiqu'e.

Le voyageur, alors descendit sa valise, mais garda le v'ehicule : il alla d'eposer son colis sous la vo^ute d’un immeuble, puis revint parler au m'ecanicien et cependant qu’il lui glissait le prix de sa course, augment'ee d’un bon pourboire, dans la main, il lui ordonnait `a voix basse :

— Vous allez rester ici m’attendre pendant dix bonnes minutes, apr`es quoi vous serez libre de vous en aller.

Le voyageur, alors, entra sous la vo^ute, traversa la cour int'erieure de la maison, s’introduisit dans un petit couloir et comme quelqu’un qui est fort au courant de la disposition des lieux, il ne tardait pas `a gagner la cour int'erieure d’une maison mitoyenne dont la facade donnait sur la rue Notre-Dame-des-Victoires.

Sous la vo^ute de cette deuxi`eme maison, dans laquelle personne ne se trouvait, le voyageur `a la valise profita de sa solitude pour, d’un geste brusque et certainement inattendu, arracher la barbe qui encadrait son visage ; et les traits d’un homme glabre alors apparurent, au visage 'energique.

Ce voyageur n’'etait autre que Juve.

Si le policier prenait de telles pr'ecautions pour dissimuler son itin'eraire, c’est qu’il redoutait 'evidemment d’^etre suivi, fil'e et peut-^etre m^eme attaqu'e.

Juve, lorsque la veille au soir, il avait quitt'e Fandor `a la gare de Morlaix pour prendre l’express de Paris, s’'etait bien gard'e de fermer l’oeil pendant toute la nuit. Il avait ses raisons pour redouter une agression, si audacieuse f^ut-elle, dans le cas, vraisemblable d’ailleurs, o`u Fant^omas aurait suivi sa trace.

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