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La mort de Juve (Смерть Жюва)
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Аллен Марсель

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Lorsque le d'ejeuner, un peu avanc'e, eut d'eli'e les langues et mis de la cordialit'e dans l’air, Irma reparla de son amant :

— Mais au fait, d'eclara-t-elle soudain, puisque vous ^etes venus le chercher ce matin, c’est que vous aviez sans doute quelque chose `a lui dire. Je ne sais pas exactement o`u il est, mais cependant, si vous y teniez, on pourrait savoir.

— Non, ne nous dites rien.

— Pourquoi ? demanda Irma.

— Parce que, dit P'erouzin, nous avons tout int'er^et `a ne pas nous rencontrer.

— Eh bien, vous ^etes de dr^oles de types, vous. Vous venez, cens'ement, pour voir un ami, vous avez l’air enchant'es de ne pas le rencontrer, vous ne voulez pas savoir o`u il se trouve.

— Ca, dit alors Nalorgne, ce sont des myst`eres qu’il ne vous appartient pas d’approfondir. Je vous demande m^eme une chose, c’est de garder le secret sur notre visite.

Steinkerque 'etait de plus en plus intrigu'ee. Nalorgne se rendait compte que pour ne pas 'eveiller les soupcons de son esprit, il fallait `a toute force trouver un motif `a leur venue. Mais ce motif ne se pr'ecisait pas nettement `a son esprit. Et cette fois, ce fut P'erouzin qui sauva la situation :

— Vous nous disiez tout `a l’heure, ch`ere madame, combien l’existence perp'etuellement seule vous 'etait d'esagr'eable ?

— Oh, ce n’est pas tant d’^etre seule qui m’ennuie, c’est surtout de changer. Vous comprenez bien dans mon m'etier l’existence n’est pas toujours dr^ole. On fait sa vie avec un homme, on s’y habitue pendant huit jours, puis tout est `a recommencer avec un autre. Moi qui suis au fond une femme tranquille, une femme d’habitudes, il me faudrait une affection durable.

— Je vois ce que c’est, il vous faudrait un mari ?

— Ca serait le r^eve, naturellement, mais ca ne se trouve pas comme ca sur un bord de trottoir, les maris.

— Qui sait, on pourrait peut-^etre vous trouver ca.

Tant et si bien que les deux associ'es en vinrent `a lui parler du vieux M. Ronier.

— Un petit vieux bien propre, voil`a ce qu’il me faut, vous avez tout `a fait raison, s’'ecria Irma enthousiasm'ee.

Et P'erouzin qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, donnait `a la demi-mondaine tous les renseignements possibles et imaginables sur le futur mari qu’il lui destinait. Mais, se disait Nalorgne, pendant ce temps, 'etait-ce bien prudent de mettre en rapport Juve et la cocotte ? D’ailleurs, tant pis, le vin 'etait tir'e et Irma leur d'eclarait :

— Je vous jure bien que si cela r'eussit, je vous ferai un royal cadeau. Dix mille francs, au moins.

Pour remercier ses amis, elle voulait de toute force leur communiquer l’adresse de Prosper, et elle cherchait f'ebrilement dans un paquet de lettres, une enveloppe dont le timbre de la poste lui aurait indiqu'e la r'egion tout au moins o`u il se trouvait.

Les deux autres ne voulaient rien entendre :

— Non, non, nous n’avons pas besoin de savoir o`u est Prosper, nous ne le voulons m^eme pas.

***

Le lendemain, Jean vint dire `a Juve :

— Patron, c’est une dame qui d'esire vous voir, elle pr'etend, comme ca, qu’elle est envoy'ee par l’agence Nalorgne et P'erouzin. Ce serait pour une affaire confidentielle.

— Parbleu, Jean, je sais qui c’est : une charmante jeune fille que m’envoient mes amis au sujet d’un mariage, car je ne t’ai pas encore annonc'e, Jean, que je vais me marier. Comment la trouves-tu ?

— Qui, patron ?

— Eh bien, la charmante jeune fille qui demande `a me voir ?

— Charmante, enfin, et jeune fille, c’est `a savoir. Pour moi, j’aime autant vous dire, cette personne qui vous demande, avec les panaches qu’elle a sur la t^ete et le pl^atre de toutes les couleurs qu’elle se colle sur la figure, je crois plut^ot que c’est une vieille grue.

— Ah ? fais-la donc monter.

— Dans votre chambre ?

— Dans ma chambre. Tu ne voudrais tout de m^eme pas que je descende la recevoir au salon ?

Quelques instants plus tard, le vieux domestique introduisait dans l’appartement de Juve une personne 'el'egamment v^etue, `a la silhouette un peu trop majestueuse sans doute.

— C’est bien `a M. Ronier `a qui j’ai l’honneur de parler ? demanda-t-elle.

— En personne.

D’un coup d’oeil, le policier avait donn'e raison `a Jean : la personne n’avait rien de la « charmante jeune fille » qui 'etait en r'ealit'e la fille du Roi de l’'Epouvante. Juve, certes, ne s’'etait pas attendu `a voir para^itre celle-ci, qu’il savait `a Cherbourg, mais comment et pourquoi s’en pr'esentait-il une autre ? D'ecid'ement, ces Nalorgne et P'erouzin 'etaient de v'eritables agents d’affaires de com'edie. Allaient-ils faire d'efiler ainsi chez Juve toutes les c'elibataires de Paris ?

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