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L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Аллен Марсель

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Tout d’abord, le vieux com'edien protesta, secoua n'egativement la t^ete, mais M. Rigou lui d'eclarait :

— Un talent comme le tien doit se produire `a Paris. Comment t’appelles-tu ?

Ce fut un murmure d’admiration, lorsque l’artiste eut dit son nom. Comme le grand anc^etre, il s’appelait Talma [33]. Toutefois, pour s’en distinguer, il faisait suivre ce nom glorieux du qualificatif « Junior » qui s’accordait d’ailleurs assez mal avec sa silhouette.

— Talma, Talma, r'ep'etait M. Rigou de plus en plus enthousiasm'e, m^eme quand ce n’est que « Talma Junior », c’est superbe ! Je vois cela sur les affiches. On mettrait simplement J. Talma. C’est cela qui en ferait, un effet !

Il fit asseoir le vieux com'edien pr`es de lui, et cependant que par discr'etion les autres personnes n’'ecoutaient pas, M. Rigou l’entretenait `a voix basse :

— Tu m’as l’air de conna^itre la pi`ece que nous jouons en ce moment ?

— `A peu pr`es, fit le vieux com'edien, surtout le commencement.

— Oh, il suffit toujours de conna^itre le d'ebut, le premier acte et voici pourquoi : pendant le premier je suis au contr^ole pour la recette, par cons'equent, les acteurs doivent savoir leur r^ole, car je suis 'egalement le souffleur. Je n’arrive dans mon trou que pour le deuxi`eme acte. Tu comprends la combinaison ? Chacun ne doit compter que sur sa m'emoire pour le premier. Ensuite je suis l`a.

Il poursuivit tout bas :

— Je veux te faire doubler quelque chose. Viens ce soir au th'e^atre, on te trouvera un emploi.

Le vieux com'edien semblait h'esiter :

— C’est que, fit-il, j’ai pr'ecis'ement besoin d’argent en ce moment et j’ai des propositions avantageuses dans une grande maison du boulevard.

M. Rigou sentit la concurrence et son ^ame d’administrateur, car il 'etait 'egalement administrateur, s’'emut un instant, Toutefois l’artiste lui plaisait, il avait s^urement du talent et en outre ne s’appelait-il pas Talma ? Ce nom sur l’affiche ferait certainement recette.

M. Rigou n’h'esita pas `a faire un sacrifice et il d'eclara :

— Je veux t’avoir, tu nous es indispensable pour le Th'e^atre Ornano. Tiens, je ne te marchanderai pas. Ce sera deux francs par soir !

Le vieux com'edien frappa dans la main de M. Rigou :

— C’est pour toi que je le fais, d'eclara-t-il, et c’est aussi pour l’art.

— Merci, dit M. Rigou d’une voix 'emue. D`es ce soir, je t^acherai de te donner quelque chose, m^eme une panne [34], n’importe quoi, l’essentiel est que tu puisses para^itre. D’ailleurs il y aura bien comme d’ordinaire quelques manquants dans la figuration.

— J’en suis s^ur, prof'era d’une voix 'etrange le vieux com'edien, si bien que M. Rigou lui en fit la remarque :

— Pourquoi ? demanda-t-il.

Mais le vieux com'edien s’'etait ressaisi :

— Je ne sais pas, une id'ee comme ca qui me passait par la t^ete.

La plupart des artistes voyant que la conversation myst'erieuse se prolongeait, s’'etaient 'eclips'es, laissant les soucoupes `a M. Rigou. Celui-ci ne les r'egla pas, mais il dit au garcon :

— Mettez cela sur le compte.

Propos vague en r'ealit'e, et qui ne r'ejouissait pas le patron du Caf'e du Triangle, car s’il existait r'eellement « un compte », c’'etait un compte anonyme, impr'ecis'e, un compte qui ne serait peut-^etre jamais sold'e.

Rigou serra la main de son nouveau pensionnaire :

— `A tout `a l’heure, Talma, d'eclara-t-il parlant haut et fort, `a titre de publicit'e. `A tout `a l’heure `a huit heures pr'ecises au Th'e^atre Ornano.

Sur le trottoir les deux hommes se s'epar`erent. Cependant que M. Rigou s’en allait tout joyeux, le personnage qui avait pr'etendu s’appeler Talma le suivait d’un regard sombre, puis, instinctivement, se palpait les poches.

Dans celle de droite, il sentait un rouleau de corde qu’il y avait plac'e quelques heures auparavant. Dans celle de gauche, `a l’int'erieur, 'etait un objet lourd, plat, rigide : le couperet achet'e par Bouzille.

22 – LA T^ETE DE FANT^OMAS

Rose Coutureau n’'etait pas une m'echante fille. `A peine 'etait-elle partie de chez son p`ere sans 'ecouter les lamentations du brave homme, qui, de plus en plus effar'e par la myst'erieuse succession d’'ev'enements r'ecents, voulait s’opposer au d'epart de la ma^itresse de Beaum^ome, qu’elle avait senti na^itre en elle un remords d’autant plus pressant que, somme toute, les affaires s’arrangeaient.

Rose, en effet, avait eu d’autant plus d’envie de reprendre la vie commune avec Beaum^ome qu’elle s’'etait dit que si jamais le vol commis au pr'ejudice de la comtesse de Blangy devait avoir des cons'equences f^acheuses, c’'etait encore dans la soci'et'e des apaches qu’elle avait le plus de chances de pouvoir 'echapper aux recherches de la police.

Or, personne ne parlait plus du vol.

La grande Berthe elle-m^eme avait 'et'e remise en libert'e, en raison du d'esistement et du retrait de la plainte de Mme de Blangy, et si l’opinion s’occupait de la comtesse, c’'etait uniquement pour commenter sa mort affreuse d’une part, et l’extraordinaire habilet'e dont avait fait preuve Juve en l’expliquant.

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