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L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Аллен Марсель

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— Que voulez-vous, monsieur ? je vous ai dit la v'erit'e.

— En tout cas, reprit Fandor, si telle est la v'erit'e, elle est f^acheuse pour vous, mademoiselle, car les pires soupcons retombent sur votre t^ete. Dans ces conditions comprenez-vous que Fant^omas n’est pas un petit saint ?

— Je ne comprends rien, affirma Rose Coutureau.

— Alors, ca devient tout `a fait clair, plaisanta Fandor. Mais laissons cela, qu’allez-vous faire ?

— Rien, monsieur ! Je suis au Th'e^atre Ornano, j’y joue comme petit r^ole, je vais y rester, je n’ai pas l’intention de me cacher.

— Tr`es bien, c’est courageux. Et votre papa ?

— Mon p`ere, je pense qu’il va rentrer.

Il n’y avait pas moyen d’'equivoquer plus longtemps. Fandor demanda :

— Vous l’aimiez beaucoup votre papa ?

— Comme cela, r'epondait Rose Coutureau, qui ne semblait pas 'eprouver de tr`es grands sentiments d’affection pour l’auteur de ses jours.

— Comme cela n’est pas grand-chose, remarqua Fandor. Bah, ca vaut mieux…

— Cela vaut mieux ? pourquoi ?

— Ma pauvre petite, parce que…

Fandor allait parler, dire la mort du p`ere Coutureau, il en fut emp^ech'e par Rose qui, comprenant ce que le journaliste lui avait cach'e jusqu’alors, 'eclatait soudain en sanglots :

— Papa est mort, s’'ecria la jeune fille. Ah mon Dieu, mais qui donc l’a tu'e ?

Et il arriva tout naturellement que devant l’explosion de cette douleur, le pauvre J'er^ome Fandor perdit pied compl`etement, se troubla, et ne sachant plus que dire, mentit :

— Mais je ne vous ai pas dit que votre p`ere est tu'e, bougre de nom d’un chien, grommela-t-il, je vous ai simplement dit que s’il est r'eellement aux mains de Fant^omas, il y a de grandes chances pour que… Enfin. C’est-`a-dire qu’il faut vous attendre…

J'er^ome Fandor s’embarrassait de plus en plus et se demandait comment apprendre la sinistre v'erit'e `a la jeune fille qui, calm'ee par ses d'en'egations, le regardait maintenant 'etonn'ee, semblant ne rien comprendre `a son attitude, lorsque soudain le journaliste se leva, renversa sa chaise avec violence :

— Qu’est-ce qui nous 'ecoute ? demanda-t-il. Avez-vous entendu ?

Rose Coutureau, elle aussi, avait tressailli.

— On a march'e, dit-elle.

J'er^ome Fandor et la jeune fille se trouvaient `a ce moment dans la pi`ece qui servait de salle `a manger et qui 'etait s'epar'ee par une sorte d’antichambre de la porte d’entr'ee du logement. C’est dans cette antichambre qu’ils avaient cru tous les deux entendre du bruit.

— Chut ! commanda J'er^ome Fandor. Ne parlez pas.

Rose et lui pr^etaient l’oreille, mais rien ne troublait plus le silence.

— Pourtant, commenca Fandor, j’aurais jur'e…

Il n’acheva point.

Brusquement, alors que rien n’aurait pu faire pr'evoir la chose, la porte de la salle `a manger s’ouvrit. Elle s’ouvrit avec tant de force que son battant venait heurter le mur.

Et, en m^eme temps, un double cri s’'echappa des l`evres de Rose Coutureau et de J'er^ome Fandor. Dans l’encadrement de la porte, un homme venait d’appara^itre. Cet homme portait un long manteau noir, qui enveloppait son corps des pieds `a la t^ete, son visage 'etait masqu'e par une cagoule noire, ses mains elles-m^emes 'etaient gant'ees de noir.

— Fant^omas ! hurla Fandor.

C’'etait bien en effet, la silhouette tragique, la silhouette l'egendaire de l’homme aux Cents Visages. Elle 'etait grande, cette silhouette, extraordinairement, elle demeurait immobile, impassible, et d’en dessous la cagoule, Fandor avait l’impression que des yeux 'etrangement percants le d'evisageaient. Alors, Fandor n’h'esita plus, une col`ere subite d’une violence extraordinaire s’empara de lui.

C’'etait Fant^omas qu’il voyait devant lui, et il y avait pr`es de dix ans que J'er^ome Fandor poursuivait implacablement le Ma^itre de l’Effroi.

Le journaliste n’h'esita pas. Il enfonca sa main dans la poche de son veston, et s’armant de son browning, tendant le bras, prenant `a peine le temps d’ajuster, il fit feu, droit au front, pensant faire sauter la cervelle du terrible Ma^itre de l’Effroi.

— Fant^omas, avait cri'e Fandor, repens-toi !

La d'etonation du revolver, formidable, 'eclata dans le logement. Fandor eut juste le temps de voir, au milieu de la fum'ee, qu’il avait bien atteint le bandit, que la balle blind'ee de son browning s’'etait enfonc'ee `a travers l’'etoffe de la cagoule noire en plein front du mis'erable.

Le coup avait port'e et l’homme ne tombait pas.

D'ej`a le bras de Fandor s’abaissait. D'ej`a, haletant, il reculait, ne sachant que croire devant la silhouette de Fant^omas, qui demeurait debout, immobile, comme s’il n’avait pas 'et'e atteint.

Puis, ce fut plus rapide encore que l’'eclair.

La sc`ene brusquement changea. La silhouette immobile de Fant^omas s’anima avec une effroyable rapidit'e. Fandor vit Fant^omas s’'elancer. Il n’eut pas le temps de se jeter de c^ot'e, un choc formidable le renversa, la t^ete du bandit venait de le heurter en pleine poitrine.

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