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Rassur'ee, gr^ace `a tout cela, et de plus, voulant consoler son p`ere qu’elle savait avoir d'esesp'er'e en l’abandonnant, Rose Coutureau revint donc au domicile qu’elle avait quitt'e.
Mais l`a une surprise nouvelle l’attendait, une surprise qui la terrifiait : le p`ere Coutureau avait disparu.
Rose, 'evidemment, ne pouvait pas se douter que son pauvre p`ere 'etait mort, tandis qu’il 'etait aux mains de Fant^omas. Toutefois, elle pressentait, se doutait presque que Fant^omas ne devait pas ^etre 'etranger `a cette nouvelle disparition.
— Tout ca n’est pas clair, se disait-elle.
Et elle se lamentait encore, esp'erant toujours que le p`ere Coutureau allait r'eappara^itre d’un moment `a l’autre, lorsqu’on frappa `a la porte du petit logement.
Rose alla ouvrir. Elle se trouva en face d’un jeune homme qui se pr'esenta lui-m^eme avec une parfaite bonhomie :
— Ouvrez mademoiselle, ouvrez votre porte toute grande, ce n’est pas le diable qui vient vous voir, c’est tout bonnement J'er^ome Fandor.
Le nom ne disait pas grand-chose `a Rose Coutureau qui ne lisait que rarement le journal.
Toutefois, Fandor avait l’air si aimable, si bien dispos'e, qu’elle n’h'esita pas davantage.
Rose Coutureau ouvrit la porte, qu’elle n’avait qu’entreb^aill'ee jusqu’alors :
— Entrez, dit-elle. Qui venez-vous voir ici ?
— Dame, riposta Fandor, je crois bien que ce ne peut ^etre que vous puisque votre p`ere…
— Vous avez des nouvelles de mon p`ere ?
On avait le matin m^eme retrouv'e le cadavre du p`ere Coutureau jet'e au bas du foss'e des fortifications. Fandor le savait. Il comprit en une seconde que Rose Coutureau ignorait, au contraire, la mort tragique de son p`ere.
— Non mademoiselle, d'eclara Fandor, je n’ai pas tout `a fait des nouvelles de votre p`ere, mais enfin je sais qu’il est tomb'e aux mains de Fant^omas.
— De Fant^omas ? Alors il ne lui arrivera rien de mal.
Pour le coup, Fandor se laissa choir sur une chaise et hochant la t^ete avec 'enervement :
— Ca c’est trop fort, pensait le journaliste. Le p`ere Coutureau, l’autre jour, me jure que Fant^omas est un petit saint, l`a-dessus Fant^omas le zigouille. Maintenant, voil`a que la fille va me vanter Fant^omas et cela, alors que Fant^omas a tout fait pour qu’elle passe aux yeux de la police pour complice de l’assassinat de lady Beltham. Mais qu’est-ce qu’ils ont donc tous `a aimer Fant^omas ?
Fandor ayant r'efl'echi, d'ecida de brusquer les choses :
— Eh bien, d'eclara-t-il, moi, je ne suis pas de votre avis. Si votre papa est r'eellement aux mains du bandit, je crois, vous savez, que sa peau ne vaut pas cher.
Or, Rose Coutureau, `a cette d'eclaration, paraissait tout aussi 'ebahie que Fandor l’avait 'et'e lorsqu’elle lui avait affirm'e que Fant^omas ne pouvait pas vouloir de mal aux vieux Coutureau.
— Monsieur, d'eclarait-elle, vous vous trompez certainement. Fant^omas peut ^etre un bandit pour beaucoup, mais moi, je ne peux pas le consid'erer autrement que comme un bienfaiteur. Savez-vous que sans lui…
— Ah bien, il est joli le bienfaiteur ! Ah, il est propre votre bienfaiteur !
Fandor grommelait, pris de col`ere, h'esitant `a r'ev'eler la v'erit'e `a la malheureuse Rose Coutureau.
Mais le journaliste n’avait vraiment pas le courage d’apprendre `a la pauvre fille qui croyait son p`ere en parfaite s^uret'e, que celui-ci 'etait mort.
— Zut, pensa Fandor, les sc`enes de larmes, moi, ca me fait trop d’effet, et puis on sait toujours assez t^ot les malheurs.
Il d'ecida donc de ne rien dire. Malheureusement, si Fandor voulait ^etre circonspect et ne point apprendre la sinistre nouvelle `a Rose Coutureau, il lui fallait en m^eme temps renoncer `a questionner la jeune fille. Or, cela n’'etait pas commode.
Fandor qui 'etait t^etu, plus t^etu que Juve si la chose 'etait possible, s’'etait rendu au logis des Coutureau, avec l’intention bien arr^et'ee de pousser son enqu^ete et d’apprendre l`a des d'etails qui ne pouvaient qu’^etre int'eressants.
— Mademoiselle, reprit Fandor, c’est une erreur 'enorme que vous commettez en d'efendant Fant^omas. Voyons, vous comprenez bien que c’est lui qui a tu'e lady Beltham, la comtesse de Blangy si vous pr'ef'erez. Vous comprenez bien, dans ces conditions, que vous avez servi, si je ne me trompe, `a effrayer lady Beltham, c’est-`a-dire `a la pr'evenir de l’arriv'ee d’une lettre annoncant sa mort. Vous allez ^etre consid'er'ee comme complice.
Rose Coutureau ouvrit des yeux 'enormes. Comment ? Cela recommencait, cette histoire-l`a ?
— Mais, monsieur, disait la jeune fille, ce n’est pas Fant^omas qui m’a envoy'ee chez Mme de Blangy. J’y suis all'ee de mon plein gr'e, et encore en me faisait passer pour ma m`ere.
— Possible, r'epliqua Fandor, mais qui me prouve `a moi que ce n’est pas tout de m^eme Fant^omas qui vous a sugg'er'e d’aller avenue Niel ?
Il n’y avait rien `a r'epondre `a cela, et Rose Coutureau le comprenait si bien qu’elle se taisait, haussant seulement les 'epaules d’un geste las et r'esign'e :