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L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Аллен Марсель

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— Vous ^etes fou, tonna Dick, ou vous ^etes so^ul peut-^etre ? Une, deux, trois. Qu’est-ce que vous voulez ? R'epondez-moi ou je vous flanque `a la porte.

Dick paraissait tr`es d'ecid'e `a mettre ses menaces `a ex'ecution.

Me Hussin lut une r'esolution farouche sur le visage du jeune homme et, prudemment, recula :

— Prenez garde, cria-t-il d’une petite voix gr^ele, prenez garde !

— `A quoi, bon Dieu ? Ah c`a, monsieur, qu’est-ce que vous fichez chez moi ?

L’huissier avait enfin trouv'e dans l’amas de ses papiers bleus celui qu’il cherchait :

— `A la requ^ete de la maison Job, tailleur, d'eclarait-il pompeusement, et en vertu d’une ordonnance de M. le Pr'esident du Tribunal, dont je vous laisserai copie, je suis chez vous, monsieur, pour effectuer une saisie.

— Une saisie ?

— Oui, monsieur, une saisie foraine. Comme vous allez partir en 'Egypte, j’ai obtenu l’autorisation de saisir m^eme apr`es coucher du soleil. En cons'equence…

`A ce moment, Dick balanca r'eellement entre les deux hypoth`eses qu’il avait formul'ees quelques instants avant : l’homme qui lui parlait 'etait-il fou ou simplement ivre ?

Dick ne pouvait h'esiter qu’entre ces deux suppositions. Non seulement il ne devait rien `a la maison Job, mais encore il ne connaissait pas la maison Job. Non seulement il n’avait aucune id'ee d’^etre expos'e `a une saisie, mais encore il n’avait jamais eu l’intention de partir en 'Egypte.

— Qu’est-ce que vous me chantez l`a ? rugit Dick, en prenant l’huissier par le bras et en le secouant. Allez cuver votre vin ailleurs, bon Dieu. Job ! L’'Egypte ! qu’est-ce que ca veut dire ? qu’est-ce que vous venez saisir chez moi ? Je ne dois d’argent `a personne !

— Pourtant, monsieur…

— Il n’y a pas de pourtant. Fichez-moi le camp !

D’un coup de pied Dick venait d’envoyer la serviette de l’huissier, qu’il bousculait, vers la porte de l’escalier.

— Attendez, hurlait le jeune homme, j’ai votre pardessus `a vous rendre. Oh, vous pouvez commencer `a descendre l’escalier, je vous le flanquerai sur la t^ete, allez, allez, barrez-vous, je vous ai assez vu.

— C’est indigne, vous aurez de mes nouvelles. Je vais aller requ'erir le commissaire de police. Ah, monsieur Chatriot…

— M. Chatriot ? interrogea Dick, qu’est-ce que c’est que cela ?

— Mais c’est vous.

— C’est moi ?

— Dame, sans doute.

Cette fois, Dick crut comprendre, sa fureur se calma :

— Voyons, reprenait-il, un peu plus de calme, comment dites-vous que je m’appelle ?

— Vous vous nommez, je suppose, Dick Chatriot… M. Dick Chatriot et je suis ici au 218 de la rue des Batignolles.

— Voil`a l’explication. Vous n’^etes pas au 218 de la rue des Batignolles, vous ^etes au 218 bis. et je ne me nomme pas Dick Chatriot, mais Dick seulement. Dick tout court. Dick, comme un chien.

Et laissant l`a l’huissier, au milieu de ses paperasses qui voltigeaient sur le palier, l’acteur traversa son antichambre en criant :

— Arrangez-vous, d’ailleurs, avec ma concierge. Moi je suis press'e ! Ah bon sang de bon sang, si j’ai la poisse ce soir tout de m^eme. J’aurai donc tout contre moi.

Dick s’empara, sur une chaise, d’un grand sac tout pr'epar'e.

— L’entracte sera fini, ronchonnait-il, et m^eme j’aurai de la veine si je n’arrive pas apr`es la romance. Tant pis, je vais me d'eshabiller dans mon fiacre et passer mon costume. Ah bon sang de bon sang, cet huissier !

Il claqua la porte de son logement, enjamba Me Hussin qui, `a genoux, cherchait en t^atonnant sur le palier ses ordonnances voltigeantes, puis il d'egringola ses quatre 'etages. Rue des Batignolles, apr`es tant de d'eveine, Dick eut la chance d’apercevoir un taxi-auto :

— Eh l`a-bas, au Th'e^atre Ornano, et ventre `a terre.

— J’ai pas de cheval, bourgeois.

— Marchez donc.

Il s’enfourna dans le fiacre, il claqua les porti`eres, leva les vitres, abaissa les rideaux bleus.

— Quel malheur, quel malheur, hurlait Dick. Si je peux enfiler mon costume, il n’y aura peut-^etre encore rien de perdu, mais sapristi…

`A ce moment, Dick se d'ebarrassait de son pantalon, enlevait ses chaussettes, son calecon, et `a peu pr`es nu, s’appr^etait `a enfiler les v^etements qui devaient lui servir au th'e^atre `a tenir son r^ole.

Le malheureux jeune homme devait conna^itre toutes les adversit'es.

Sa voiture, `a ce moment, effectuait un virage rapide. Dick ne se rendit compte de rien. Un choc 'epouvantable retentit. Dick crut que son fiacre allait voler en 'eclats.

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