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— Et alors monsieur ? interrogea Juve.
— Alors, poursuivit l’inconnu, je viens vous demander votre appui.
Il sembla que cette d'eclaration faisait sur le policier, sur Fandor et m^eme sur l’acteur Dick, une impression extraordinaire.
Juve r'ep'eta :
— Qui ^etes-vous ? Qui ^etes-vous ?
Et alors, brusquement, l’homme s’avanca d’un pas au milieu de la pi`ece. D’un geste rapide, il arracha sa perruque, puis la foulant `a terre, sous ses pieds, il poursuivit :
— `A quoi bon cette com'edie, Juve ? elle est indigne de nous. Voil`a cinq minutes que vous m’avez reconnu et vous savez fort bien que devant vous se trouve Fant^omas.
Le policier n’avait pas sourcill'e.
— Je le sais, en effet, fit-il, j’attendais que vous ayez jug'e bon de me le dire.
Le claquement sec d’une arme fit se retourner Juve et Fant^omas. L’acteur Dick venait de tirer un revolver de sa poche :
— Fi donc, monsieur, articula Fant^omas, laissez cela. Juve aurait pu me br^uler la cervelle il y a d'ej`a quelques instants, de m^eme que j’aurais pu le tuer moi-m^eme si je l’avais voulu. Laissez-nous en paix je vous en prie, il est 'evident que nous avons `a causer.
Cependant que perplexe, Dick remettait son arme dans sa poche, un sourire errait sur les l`evres de Fandor. Seuls Juve et Fant^omas demeuraient s'ev`eres.
Fant^omas reprit, sombre :
— Je viens `a vous, Juve, je me livre `a vous. C’est une belle capture, n’est-il pas vrai, que vous allez faire ? Mais en 'echange, il me faut votre concours, votre appui. Il est un homme audacieux et t'em'eraire qui me supplante, je veux le conna^itre. Je veux le tenir. C’est lui qui a tu'e lady Beltham. Il est vrai que je m’en suis d'ej`a veng'e en guillotinant Rose Coutureau.
— Pourquoi ? demanda Juve calmement.
— J’ai tu'e Rose Coutureau parce que cet homme devait ^etre amoureux d’elle, qu’il la prenait en piti'e tout au moins, puisqu’il avait d'eploy'e une belle 'energie pour l’arracher du D'ep^ot.
Fandor ne put s’emp^echer d’interroger `a son tour :
— Ce n’'etait donc pas vous qui aviez embauch'e la grande Berthe, le soir des Buttes-Chaumont, pour aller prendre la place de Rose Coutureau ?
— Non.
Fandor insista :
— J’ai failli vous tuer chez le p`ere Coutureau, si vous n’aviez pas imagin'e de surmonter votre t^ete d’une t^ete de bois, que j’ai travers'ee d’une balle de revolver.
— Vous faites erreur, Fandor. L’homme que vous aviez en face de vous, ce n’'etait pas moi.
— Avant-hier, `a Enghien, poursuivit Fandor, vous m’avez gris'e, endormi par un soporifique, vous m’avez laiss'e seul dans une maison d'eserte, priv'e de sentiment.
— Ce n’est pas moi, Fandor, qui vous ai endormi. Si je l’avais fait, je vous aurais certainement tu'e ensuite. Avant-hier d’ailleurs, j’'etais face `a face avec Juve et si nous n’avions pas eu entre nous Sarah Gordon, nous nous serions fusill'es `a bout portant.
— Sarah Gordon, balbutia Dick, 'etait-elle donc…
Mais Juve lui fit signe de se taire, et `a son tour, il interrogea Fant^omas :
— Vous avez jug'e bon, d'eclara-t-il, de d'enoncer vos amis, de faire surprendre le Bedeau, Bec-de-Gaz, OEil-de-Boeuf, n’est-ce pas ?
Mais Fant^omas, d’un geste 'energique protesta :
— Jamais, Juve, et semblable supposition ne devrait pas venir `a votre esprit ! Je suis ce que je suis, tout ce qu’il vous plaira, mais pas un tra^itre.
Le policier se croisait les bras :
— Assez parl'e, dit-il, que voulez-vous ?
Le bandit redressa la t^ete, regarda Juve.
— Je ne veux qu’une chose, dit-il, vengeance d’abord, justice ensuite.
— En attendant, d'eclara Juve, je vous arr^ete.
Et il s’approchait du Ma^itre de l’Effroi.
Fandor s’en 'etait approch'e lui aussi, il connaissait trop Fant^omas, il le connaissait assez, le monstre, pour tout redouter de lui.
Mais 'evidemment, Fant^omas 'etait subjugu'e, terrass'e par quelque nouveau myst`ere, par quelque folle angoisse. Il 'etait venu librement se livrer `a Juve et librement encore, il se laissait prendre.
Juve lui passa les menottes, les doubla, d’un cabriolet, il ligota Fant^omas, mais le policier r'ep'etait, comme s’il n’osait croire ce qu’il disait, `a ce qu’il faisait :
— Je vous arr^ete, Fant^omas, au nom de la loi.
Cependant que le bandit se contentait de r'epondre :
— Juve, faites votre devoir.
C’'etait une sc`ene 'eminemment tragique et poignante. Cela 'etait cependant.
Quelqu’un qui encore ne pouvait en croire ses yeux, c’'etait J'er^ome Fandor.