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Bel-Ami / Милый друг
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Мопассан Ги Де

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Ayant dine chez un marchand de vin aupres de l'Arc de triomphe de l'Etoile, il revint lentement a pied chez lui par les boulevards exterieurs, et il s'assit devant sa table pour travailler.

Mais des qu'il eut sous les yeux la grande feuille de papier blanc, tout ce qu'il avait amasse de materiaux s'envola de son esprit, comme si sa cervelle se fut evaporee. Il essayait de ressaisir des bribes de souvenirs et de les fixer: ils lui echappaient a mesure qu'il les reprenait, ou bien ils se precipitaient pele-mele, et il ne savait comment les presenter, les habiller, ni par lequel commencer.

Apres une heure d'efforts et cinq pages de papier noircies par des phrases de debut qui n'avaient point de suite, il se dit: «Je ne suis pas encore assez rompu au metier. Il faut que je prenne une nouvelle lecon.» Et tout de suite la perspective d'une autre matinee de travail avec Mme Forestier, l'espoir de ce long tete-a-tete intime, cordial, si doux, le firent tressaillir de desir. Il se coucha bien vite, ayant presque peur a present de se remettre a la besogne et de reussir tout a coup.

Il ne se leva, le lendemain, qu'un peu tard, eloignant et savourant d'avance le plaisir de cette visite.

Il etait dix heures passees quand il sonna chez son ami.

Le domestique repondit:

– C'est que monsieur est en train de travailler.

Duroy n'avait point songe que le mari pouvait etre la. Il insista cependant:

– Dites-lui que c'est moi, pour une affaire pressante.

Apres cinq minutes d'attente, on le fit entrer dans le cabinet ou il avait passe une si bonne matinee.

A la place occupee par lui, Forestier maintenant etait assis et ecrivait, en robe de chambre, les pieds dans ses pantoufles, la tete couverte d'une petite toque anglaise; tandis que sa femme, enveloppee du meme peignoir blanc, et accoudee a la cheminee, dictait, une cigarette a la bouche.

Duroy, s'arretant sur le seuil, murmura:

– Je vous demande bien pardon; je vous derange?

Et son ami, ayant tourne la tete, une tete furieuse, grogna:

– Qu'est-ce que tu veux encore? Depeche-toi, nous sommes presses.

L'autre, interdit, balbutiait:

– Non, ce n'est rien, pardon.

Mais Forestier, se fachant:

– Allons, sacrebleu! ne perds pas de temps; tu n'as pourtant pas force ma porte pour le plaisir de nous dire bonjour.

Alors Duroy, fort trouble, se decida:

– Non… voila… c'est que… je n'arrive pas encore a faire mon article… et tu as ete… vous avez ete si… si… si gentils la derniere fois que… que j'esperais… que j'ai ose venir…

Forestier lui coupa la parole:

– Tu te fiches du monde, a la fin! Alors tu t'imagines que je vais faire ton metier, et que tu n'auras qu'a passer a la caisse au bout du mois. Non! Elle est bonne, celle-la!

La jeune femme continuait a fumer, sans dire un mot, souriant toujours d'un vague sourire qui semblait un masque aimable sur l'ironie de sa pensee.

Et Duroy, rougissant, begayait:

– Excusez-moi… j'avais cru… j'avais pense…

Puis brusquement, d'une voix claire:

– Je vous demande mille fois pardon, madame, en vous adressant encore mes remerciements les plus vifs pour la chronique si charmante que vous m'avez faite hier.

Puis il dit a Charles: «Je serai a trois heures au journal,» et il sortit.

Il retourna chez lui, a grands pas, en grommelant: «Eh bien, je m'en vais la faire celle-la, et tout seul, et ils verront…»

A peine rentre, la colere l'excitant, il se mit a ecrire.

Il continua l'aventure commencee par Mme Forestier, accumulant des details de roman-feuilleton, des peripeties surprenantes et des descriptions ampoulees, avec une maladresse de style de collegien et des formules de sous-officier. En une heure, il eut termine une chronique qui ressemblait a un chaos de folies, et il la porta, avec assurance, a la Vie Francaise.

La premiere personne qu'il rencontra fut Saint-Potin qui, lui serrant la main avec une energie de complice, demanda:

– Vous avez lu ma conversation avec le Chinois et avec l'Hindou. Est-ce assez drole? Ca a amuse tout Paris. Et je n'ai pas vu seulement le bout de leur nez.

Duroy, qui n'avait rien lu, prit aussitot le journal, et il parcourut de l'oeil un long article intitule «Inde et Chine», pendant que le reporter lui indiquait et soulignait les passages les plus interessants.

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