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Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Аллен Марсель

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— Je suis d'esol'e, mademoiselle, de ne pouvoir vous ^etre agr'eable, mais ce soir je suis pris, oblig'e de m’en aller. Excusez-moi.

Le s'enateur tournait les talons, s’esquivait avec rapidit'e. Le visage de Delphine s’attrista ; lorsque le s'enateur fut parti elle grommela, rageuse :

— C’est bien ca les hommes, ils ne savent jamais ce qu’ils veulent. L’autre soir au skating, c’'etait le plus acharn'e et voil`a que maintenant il me d'edaigne.

Delphine soupira :

— Oh je comprends bien. Ce n’est pas le premier. Tous les hommes que j’ai connus, lorsqu’ils ont appris ma profession et su que je n’'etais pas une vulgaire grue, que je travaillais honn^etement, se sont d'ebin'es. Il faut dire, ajoutait-elle, que je ne fais pas un m'etier ordinaire. Probable que cela les d'ego^ute de savoir que je suis dans les Pompes fun`ebres.

Delphine Fargeaux, r'esign'ee, se leva, r'egla sa consommation, quitta l’'etablissement.

C’'etait un curieux caract`ere que celui de cette petite femme, amoureuse de l’amour et du plaisir avant tout, et qui venait tra^iner dans des 'etablissements ordinairement fr'equent'es seulement par des filles v'enales.

Assur'ement Delphine Fargeaux cherchait un amant et elle n’'etait pas une vertu assez farouche pour ne pas faire de consciencieuses exp'eriences, mais elle r'epugnait `a l’id'ee de faire la noce et elle aurait pr'ef'er'e de beaucoup une affection sinc`ere et durable plut^ot que ces caprices de passage, dont elle connaissait les satisfactions 'eph'em`eres et aussi les rancoeurs plus durables.

— Tout cela, 'etait-elle en train de conclure, c’est la faute au m'etier que j’exerce. Si j’'etais une simple grue, du soir au matin et du matin au soir, j’aurais plus de succ`es.

Delphine, sur cette r'eflexion am`ere, quitta le restaurant du Moulin-Rouge et, d’un pas nonchalant, se dirigea vers un autre 'etablissement d’apparence moins 'el'egante, mais assur'ement aussi fr'equent'e que celui qu’elle venait de quitter. C’'etait encore un restaurant de nuit, faisant l’angle du boulevard et de la rue Lepic, que les habitu'es de Montmartre d'esignaient famili`erement sous le nom de La Bo^ite `a Joseph.

La client`ele y 'etait moins distingu'ee, la tenue moins s'ev`ere, les femmes d'ecollet'ees, les habits noirs y 'etaient rares et l’'etablissement poss'edait au premier 'etage une client`ele d’habitu'es qui, paisiblement, jouaient au billard.

Il n’y avait pas, chez Joseph, de tziganes, mais un simple piano sur lequel tapait consciencieusement, jusqu’`a trois heures du matin, une malheureuse femme au teint fan'e, `a la poitrine 'etroite, aux yeux rougis par les veilles.

Delphine Fargeaux venait `a peine d’entrer l`a, s’arr^etant machinalement sur le seuil, prise `a la gorge par l’odeur de tabac, qu’elle s’entendit appeler.

Delphine fronca le sourcil en apercevant le consommateur qui lui offrait une place `a sa table.

— Encore lui, grommela-t-elle.

Mais cependant Delphine, quelques instants apr`es, s’asseyait aupr`es du personnage. C’'etait Coquard, le courtier de la maison Ange de Villars.

Coquard, avec ses allures communes et son 'enervante gaiet'e, 'etait cependant un brave garcon et, bien que grand buveur de bocks, il 'etait sentimental.

Le courtier 'etait tout heureux d’avoir obtenu que Delphine accept^at son invitation :

— On va faire un gentil petit souper ? proposa-t-il, l’oeil allum'e.

Il 'eprouva un certain d'epit lorsque Delphine lui r'epondit qu’elle ne voulait accepter qu’un bock, mais le courtier, n'eanmoins, qui avait son id'ee, lui prit tendrement la main, lui murmurant `a l’oreille des paroles persuasives.

— Ah, si vous vouliez, Delphine, on pourrait s’arranger pour ^etre heureux tous les deux ; vous savez combien je vous aime et, puisque nous sommes l’un et l’autre dans le m^eme commerce, nous pourrions nous associer aussi bien de coeur que de fait. Je suis s^ur qu’`a nous deux nous r'eussirions tr`es bien et si jamais le patron venait `a se retirer, il y aurait une belle place `a prendre, hein, Delphine, voyez-vous cela ? la premi`ere maison de Pompes fun`ebres de Paris : Ange de Villars, successeurs Coquard et C ie.

'Evidemment Coquard s’illusionnait sur l’effet que produisaient ses propositions, car Delphine s’'etait lev'ee, brusquement :

— Vous me d'ego^utez, se contenta-t-elle de dire, je fais le m'etier que j’ai par n'ecessit'e et pour vivre ; si vous croyez que j’y trouve du charme, non vrai, vous faites erreur.

Interloqu'e, Coquard insista :

— Mais cependant, Delphine, il n’y a pas de sot m'etier, et ce que nous faisons n’a rien de d'eshonorant.

— Possible, conclut Delphine, mais ce n’est pas une raison pour que la profession me plaise ! Adieu !

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