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L'agent secret (Секретный агент)
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Аллен Марсель

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— Bobinette est donc morte ?

Fandor dig'erait cette nouvelle, lorsque soudain, au moment o`u le dernier coup de dix heures sonnait au cartel du mur, la lumi`ere s’'eteignit, l’atelier fut plong'e dans une obscurit'e profonde… et le journaliste se sentit appr'ehender, ligoter avec une brutalit'e inou"ie, cependant qu’au pr'ealable on l’enveloppait, croyait-il, dans un grand linge qui lui immobilisait les bras. Sur son visage des mains myst'erieuses fixaient une sorte de masque souple, on lui enfoncait quelque chose sur la t^ete, un chapeau peut-^etre, puis, attir'e dans le noir, cependant que les cordes serr'ees lui meurtrissaient les chairs, Fandor se rendit compte qu’on l’immobilisait, debout, le long de quelque chose, probablement l’une de ces colonnes qui traversaient l’atelier du plancher au plafond. Le journaliste crut percevoir une voix lointaine qui murmurait :

— Comme Bobinette est morte, tu mourras… par Fant^omas.

Mais avait-il bien entendu ? n’'etait-ce pas une hallucination, n’'etait-ce pas lui-m^eme qui avait cri'e, car, cependant qu’il 'etait l’objet de cette rapide agression, Fandor qui, jusqu’alors, avait l’esprit rempli de Vagualame, spontan'ement avait song'e `a Fant^omas.

Tandis qu’il essayait vainement d’arracher, de rompre les liens qui le maintenaient, Fandor pensa aussi au baron de Naarboveck. En d'epit du risque qu’il courait peut-^etre, le journaliste hurla :

— Naarboveck `a moi…

Mais rien ne r'epondit d’abord…

Ce ne fut qu’au bout d’un long instant que Fandor identifia, loin, tr`es loin de lui, comme un g'emissement 'etouff'e.

Tiens, la lumi`ere de nouveau.

Fandor dont les yeux n’'etaient pas band'es, bien que son visage f^ut recouvert d’un masque souple – il en sentait le contact sur sa peau – inspecta vivement le myst'erieux atelier dont l’installation lui 'etait d'ej`a famili`ere et dans lequel venaient de se passer des 'ev'enements si extraordinaires. Mais l’examen auquel se livrait le journaliste devait lui r'ev'eler des choses plus bouleversantes encore.

En face de lui, sur le pas d’une porte qu’il n’avait point remarqu'ee au d'ebut, immobile, rigide, se tenait un individu `a la d'ecouverte duquel Fandor faillit perdre connaissance, car il l’avait d'ej`a vu cet homme, cet ^etre 'etrange, 'enigmatique, redoutable, il l’avait vu, – oh ! deux ou trois fois `a peine, au cours de sa vie et encore, l’espace d’un instant, – mais il l’avait vu ou pour mieux dire, apercu, dans des circonstances si tragiques, en des occasions si extraordinaires que sa silhouette s’'etait `a jamais grav'ee dans sa m'emoire… Il n’y avait pas de doute possible, c’'etait bien son ample manteau noir, sa cagoule, son grand chapeau abaiss'e sur les yeux, sa silhouette `a la fois ind'ecise et inimitable. Fandor avait devant lui Fant^omas…

Fant^omas !

Le journaliste fit une tentative d'esesp'er'ee pour rompre ses liens. Mais tandis qu’il s’'epuisait en efforts surhumains, que ses 'epaules se courbaient en avant, comme il ne quittait pas des yeux la terrifiante apparition de Fant^omas, Fandor s’apercut que l’insaisissable bandit faisait exactement les m^emes gestes que lui !… Le journaliste regarda plus attentivement encore.

Des d'etails curieux lui apparaissaient peu `a peu…

Il croyait voir des cordelettes liant les jambes de Fant^omas, montant `a sa ceinture, 'etreignant son corps !

Soudain Fandor hurla…

R^evait-il, 'etait-il 'eveill'e ? 'etait-ce la folie ?… qui se trouvait devant lui ?… tout simplement lui-m^eme, Fandor, dont l’image se r'efl'echissait dans une glace plac'ee `a quelques m`etres en face et c’'etait lui Fandor… qui avait la silhouette de Fant^omas.

33 – R'ECONCILIATION

— Que d'ecidez-vous, mademoiselle, pr'ef'erez-vous les cocardes multicolores ou alors des noeuds de rubans d’une seule teinte ? Nous avons l’un et l’autre au choix en satin de premi`ere qualit'e ?

Comme Wilhelmine de Naarboveck paraissait h'esitante, la vendeuse du Paradis des Dansesqui, ce soir-l`a, soumettait `a la jeune fille une s'erie d’'echantillons, poursuivit :

— Les cocardes aux tons vari'es font tr`es bien, mais les noeuds de rubans produisent aussi un effet excellent.

— Mettez-en la moiti'e de chaque…

— Et, quelle quantit'e ? interrogea la vendeuse.

— Oh ! trois cents suffiront, je suppose.

Devant la jeune fille la vendeuse du Paradis des Danses'etalait le reste de son assortiment d’objets de cotillon…

— Nous lancons en ce moment, dit-elle, des bonnets de papier comiques, envelopp'es dans des papillotes ; c’est tout `a fait nouveau et tr`es amusant… Nous avons aussi des petits sachets de poudre de riz…

Wilhelmine de Naarboveck, que semblaient pr'eoccuper bien d’autres soucis que ceux qui consistaient `a choisir des accessoires de cotillon, avec des paroles br`eves et des gestes saccad'es, acceptait ou refusait les offres de la vendeuse. Celle-ci 'etait de plus en plus stup'efaite.

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