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Et soudain Fandor se reprit `a rire en songeant `a la mine d'econfite qu’en cet instant pr'ecis, devaient faire le pr^etre et le m'ecanicien, si bel et bien abandonn'es par lui `a l’h^otel…
***
Le journaliste se trompait en supposant que le pr^etre faisait, `a l’h^otel du Carrefour Fleuri, une mine stup'efaite en constatant sa disparition…
Lorsque le m'ecanicien s’'eveilla et vit `a sa montre qu’il 'etait neuf heures du matin, il poussa un grand soupir en songeant :
— Bon Dieu ! qu’est-ce qu’ils vont me chanter mes bourgeois ! on devait se mettre en route `a huit heures, voil`a qu’il en est neuf et que je ne suis m^eme pas pr^et `a partir…
Le brave m'ecano s’habilla en h^ate, d'egringola dans la cour de l’h^otel. Il pensa r^ever encore en ne trouvant plus sa voiture…
Le patron du Carrefour Fleuri'etait parti faire ses provisions `a Rouen. Les valets d’'ecurie, que le m'ecanicien interrogea successivement, ne purent lui fournir le moindre renseignement.
— Probable, faisait l’un d’eux qu’il y a un de vos patrons qui s’en est all'e faire un tour… ?
Mais petit `a petit la col`ere gagnait le chauffeur…
— Ah ! je voudrais bien voir ca, hurla-t-il, d’abord c’est pas `a eux cette bagnole, je ne suis m^eme pas `a leur service, moi. C’est le cur'e qui est venu hier `a mon garage et qui a lou'e la voiture et moi avec, soi-disant pour faire une excursion… je voudrais bien voir que lui ou son militaire ils se soient seulement permis de faire tourner mon moteur… je leur apprendrais comment c’est que je me nomme !…
Dans la cour, les garcons de ferme, les garcons d’'ecurie rirent de bon coeur de la fureur du brave homme. On lui conseilla :
— Tu sais quelle chambre ils avaient ? Va donc voir d’abord s’ils sont l`a ?
Le chauffeur, quatre `a quatre, grimpa les escaliers, il heurta `a la porte de la chambre o`u ses patrons occasionnels avaient pass'e la nuit… Mais il eut beau frapper, taper du poing, il n’obtint aucune r'eponse… De plus en plus angoiss'e, ne comprenant rien `a ce qui arrivait, le chauffeur se d'ecida `a ouvrir la porte.
La chambre 'etait vide…
Le chauffeur redescendit en h^ate l’escalier, pestant, sacrant, faisant un vacarme de tous les diables. Il se heurta au patron de l’h^otel qui rentrait :
— O`u est mon cur'e ? interrogea-t-il.
Le brave homme le regardait, stup'efi'e :
— Votre cur'e ?
— Oui, mon cur'e ! ou son caporal ?… o`u c’est qu’ils sont ?…
— Le caporal est parti avec l’automobile, il y a bient^ot deux heures… il allait faire un essai qu’il m’a dit…
— Et le cur'e 'etait avec lui ?
— Non, le cur'e est parti quasiment derri`ere lui, il m’a dit comme ca, qu’il allait jusqu’`a la poste, envoyer une d'ep^eche. Ca serait-il que ca ne serait point vrai ?
— Bon sang de sort ! dit le chauffeur, ces saligauds-l`a, m’ont chauff'e ma bagnole…
Tandis que l’on s’effarait dans l’h^otel, que chacun perdait la t^ete un peu plus, on sugg'erait au chauffeur les plans les plus ineptes pour arriver `a rattraper les fugitifs. Un valet de ferme proposait d’atteler une voiture et de leur donner la chasse… Par bonheur, le chauffeur, petit `a petit, recouvrait ses esprits.
Il se releva, appela l’h^otelier qui, machinalement, cherchait dans la cour l’auto disparue…
— Dites donc, o`u c’qu’est la gendarmerie ? Faut que je pr'evienne la police, des fois, par t'el'egraphe, on pourrait arriver `a les pincer ?… en deux heures ils doivent pas ^etre tr`es loin… d’autant que comme ils ne sont pas partis ensemble, il a fallu qu’ils se rejoignent…
— Je vous accompagne, d'eclarait-il, l’air important, j’m’en vas porter plainte, moi aussi…
`A la gendarmerie, les deux hommes furent recus par le brigadier en personne qui, d`es le premier mot d’explication les interrompit l’air r'ejoui :
— Cens'ement que vous avez perdu une voiture automobile ? ca serait-y pas une voiture rouge, une grosse voiture `a quatre places ?
— Oui, c’est ca, vous l’avez vue ?
— Cens'ement qu’elle n’aurait point comme num'ero 1430 G-7…
— Juste !… elle est pass'ee ici ?
— Attendez donc ! N’y avait-y point d’abord des couvertures en peau de ch`evre ?