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Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Аллен Марсель

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Au-dessus des salles de l’entrep^ot proprement dit s’'etendaient de vastes greniers. En th'eorie nul ne devait y coucher, mais en fait l’administration fermait les yeux lorsqu’en hiver quelque pauvre bougre y 'etait d'ecouvert, tapi dans la paille tomb'ee d’un emballage. `A l’abri du froid, `a l’abri du mauvais temps, mis'erable et peu dangereux.

B'eb'e install'e l`a le premier jour, ayant appr'eci'e le local, y revenait r'eguli`erement.

Or, cette nuit-l`a, B'eb'e ne s’'etait pas introduit dans le grenier (il 'etait pr`es de quatre heures du matin et les entrep^ots `a cette heure dormaient presque, d'esert'es par la plupart de ceux qui y avaient `a faire) qu’il demeurait fig'e sur place et claquant des dents.

— Ah nom de Dieu, murmurait l’apache, pirouettant sur lui-m^eme et d'egringolant `a toute rapidit'e l’escalier. Nom de Dieu, je ne r^eve pas. Les trois bonshommes qui ronflent `a ma propre place, c’est les trois types du trio. Ah zut alors, d'ecid'ement j’en ai marre, je me cavale. Le Fant^omas il attendra encore un peu, avant de jouer la fille de l’air.

***

— Nous avons tr`es bien dormi, c’est incontestable, mes chers amis, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aviser `a faire de la besogne utile, de la bonne besogne et pour cela r'ediger une d'ep^eche.

Juve tranquillement, parlant avec l’autorit'e qui lui 'etait particuli`ere, semblant d’excellente humeur et persuad'e que les 'ev'enements prenaient une tournure excellente, s’entretenait avec L'eon et Michel.

— Une d'ep^eche pour qui ? interrompait L'eon.

— Vous ne devinez pas ?

— Ma foi non.

— Et vous, Michel ?

— Moi non plus, Juve.

— Eh bien tant pis pour vous. Une d'ep^eche pour Fant^omas.

Et comme une stup'efaction passait visiblement dans l’esprit de L'eon et de Michel, Juve expliqua :

— Voyons, j’imagine que vous avez bien compris tous les deux ce qui s’est pass'e hier soir. B'eb'e, que nous poursuivions depuis quelques jours, s’occupait 'evidemment, quand nous sommes arriv'es, `a pr'eparer l’'evasion de Fant^omas. Bien. `A notre venue intempestive, B'eb'e a pris la fuite, s’est perdu dans les champs et, par cons'equent, il n’est pas os'e de supposer que Fant^omas, en ce moment, doit ^etre malheureux et inquiet, car il est assur'ement dans la plus compl`ete ignorance au sujet du motif qui a pu amener la non-r'eussite de son 'evasion.

Et Juve achevait avec un sourire :

— Tout ceci, mes chers amis, fait qu’il serait de la derni`ere imprudence et surtout du dernier manque de tact de ne point rassurer Fant^omas, c’est pour cela que je veux lui envoyer une d'ep^eche.

Juve riait en achevant ces mots. L'eon et Michel, eux, avaient beau faire bonne figure et approuver de la t^ete, il n’en reste pas moins que les deux agents de la S^uret'e ne comprenaient rien aux paroles de leur chef.

— R'edigeons notre d'ep^eche, poursuivait cependant le ma^itre policier.

Juve tira de sa poche une feuille de papier sur laquelle il 'ecrivit quelques mots qu’aussit^ot il lut `a haute voix.

— Voici ce que je vais t'el'egraphier :

« Profite demain de tout ce que tu trouveras d’anormal autour de toi, rien `a craindre. »

Juve, ayant lu, demandait encore :

— J’esp`ere que vous comprenez ?

Puis, devant la mine surprise de L'eon et de Michel, il consentit `a s’expliquer, cependant qu’il tirait de sa poche une petite glace dont il frotta soigneusement le verre.

— Mon bon L'eon, mon excellent Michel, il est exactement dix heures cinq. Fant^omas se trouve dans le pr'eau que nous avons sous cette fen^etre. Bien, je lui passe ma d'ep^eche.

R'ep'etant la manoeuvre que B'eb'e avait employ'ee quelques jours avant, Juve, avec une rapidit'e qui prouvait qu’il n’en 'etait pas `a son premier essai de correspondance lumineuse, envoya sur le mur de la prison, formant 'ecran, les reflets de soleil qui devaient permettre `a Fant^omas de lire la d'ep^eche. Sa besogne achev'ee, il avait peut-^etre mis vingt minutes en tout `a transmettre son t'el'egramme, Juve se frotta les mains :

— Et maintenant, disait-il, tirant encore de sa poche une extraordinaire barbe grise, et maintenant, L'eon et Michel, 'ecoutez-moi bien. D'esormais, nous tenons Fant^omas. Demain soir, vous n’aurez qu’`a vous trouver pr`es de la prison et `a surveiller la sortie des gardiens relev'es par l’'equipe de nuit. Fant^omas sera parmi ces gardiens. Vous le reconna^itrez `a cette barbe grise, vous le suivrez et…

— Ah c`a, Juve, demandait L'eon, mais c’est donc d'ecid'e, Fant^omas s’'evade ? vous le laissez s’'evader ?

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