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— Mais vous ne savez pas o`u il va, chef.
— D’accord, L'eon, d’accord. Mais cela n’a pas d’importance. Je l’accompagne, vous dis-je, o`u qu’il aille. Parbleu, j’imagine bien que si Fant^omas passe en Angleterre en ce moment, c’est uniquement pour compliquer les choses, de rompre, s’il le peut, la filature que nous faisons et dont il s’est peut-^etre apercu.
— Vous croyez, chef ?
— Je le crains.
Michel r'efl'echit encore avant de conclure :
— Donc, L'eon, voici comment les choses se passeront : tandis que vous, vous attendez mes instructions `a Ostende, je piste mon Fant^omas, je m’efforce de lui donner l’impression qu’il n’a plus personne sur ses traces et, naturellement, `a ce moment, Fant^omas s’embarque `a destination de la France. L'eon, je vous t'el'ephone ou je vous t'el'egraphie ce d'epart en vous indiquant l’endroit o`u le d'ebarquement de Fant^omas doit avoir lieu. Un jour ou l’autre il faudra bien que vous soyez sur le quai o`u Fant^omas va d'ebarquer, alors que je serai, moi, derri`ere Fant^omas, sur la passerelle qui servira `a ce d'ebarquement. Si `a ce moment-l`a ni l’un ni l’autre nous n’arrivons `a empoigner le bandit, c’est que nous sommes ensorcel'es.
***
Huit jours plus tard, `a Nantes, l’inspecteur L'eon, nerveux, rageur, se promenait sur le quai, attendant le bateau de Weymouth.
L'eon se faisait un mauvais sang de tous les diables.
Il tirait de sa poche, de minute en minute, la petite formule t'el'egraphique, recue la veille m^eme `a Ostende, et qui ne portait que ces mots :
« `A bord duGeorge-VII, `a destination de Nantes, nous arriverons, le colis et moi, mercredi `a midi. Soyez sur le quai. Tout va bien. »
Et cette d'ep^eche 'etait sign'ee : « Michel. »
De plus en plus 'enerv'e, ne pouvant tenir en place, l’inspecteur L'eon arpentait les quais de Nantes, demandant aux douaniers, aux matelots qui fl^anaient sur le port, inlassablement, avec une angoisse qu’il ne cherchait m^eme pas `a dissimuler :
— C’est bien ici qu’accostera le bateau de Weymouth ? Le George-VII ?
Il n’'etait pourtant que onze heures et demie.
***
— Maintenant il va falloir jouer serr'e. Cet imb'ecile qui m’accompagne a certainement mobilis'e toute la force arm'ee du pays pour arriver `a s’emparer de moi. Ah non. Fant^omas arr^et'e par Juve, soit, c’est dans l’ordre des choses possibles, mais Fant^omas arr^et'e par Michel, non.
Lentement, avec des cris de sir`ene qui d'echiraient les oreilles, avec les hal`etements de machine `a vapeur, battant `a toute puissance, puis, soudain, stoppant pour repartir quelques minutes plus tard avec une majest'e incomparable, une lenteur imposante, le George-VIIp'en'etrait dans le port de Nantes.
Or, appuy'e au bastingage, sur le pont r'eserv'e des premi`eres classes, la t^ete dans les mains, fumant un gros cigare, Fant^omas songeait.
Depuis une semaine, le bandit, l’Insaisissable, le Ma^itre de l’Effroi, le Roi de l’'Epouvante, n’avait pas eu un instant de repos.
`A l’encontre de ce qu’avait cru L'eon, Fant^omas s’'etait parfaitement apercu d`es sa sortie de prison que deux inspecteurs de la S^uret'e lui avaient embo^it'e le pas.
— Jouons serr'e, s’'etait dit Fant^omas, qui, sans en avoir l’air, surveillait du coin de l’oeil l’agent Michel, lequel de son c^ot'e, sans prendre la peine de le dissimuler, fixait le bandit avec des yeux flamboyant de haine. Jouons serr'e, se r'ep'etait Fant^omas, serrant dans sa poche un revolver charg'e, pr^et `a se forcer un chemin.
Les dispositions des lieux malheureusement ne devaient pas aider Fant^omas `a prendre la fuite.
Le George-VIIen effet, accostait `a Nantes dans un petit port nouvellement construit pour l’accostage du bateau d’Angleterre, et le navire p'en'etrait entre deux quais si rapproch'es l’un de l’autre qu’il les fr^olait presque de ses bastingages.
Sur l’un des quais, les matelots jetaient les passerelles destin'ees au d'ebarquement des voyageurs, sur l’autre quai, une grue haletait, sifflait, faisait un grand bruit de vapeur, pr^ete `a laisser filer sa benne dans les cales du George-VII, et `a en remonter les bagages et les marchandises que le steamer apportait.
Or, tandis qu’`a bout de bras, les matelots jetaient les passerelles, Fant^omas ne put s’emp^echer de bl^emir affreusement.
Sur le pont du navire o`u il 'etait encore, le bandit venait d’apercevoir Michel se rapprochant de lui.
Sur le quai o`u, fatalement, il devait d'ebarquer, `a l’extr'emit'e m^eme de la passerelle qu’il allait bien falloir qu’il pr^it, se tenait, il le reconnut parfaitement, l’agent L'eon.
Du bateau, Michel criait `a L'eon, sans prendre le moins du monde la peine de cacher ses intentions, ses projets, un simple mot, un mot lourd de menaces :