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La gu?pe rouge (Красная оса)
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Аллен Марсель

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Juve parlait s'erieusement. M. Fuselier qui venait de plaisanter se fit s'erieux lui aussi :

— En effet, r'epondait-il, vous n’aviez peut-^etre pas tort de r'efl'echir. Plus je vais, plus j’'etudie le terrible dossier de Fant^omas et plus je m’effare de sa complexit'e. Je me demande presque si jamais je le tirerai au clair. Dites-moi, mon cher ami, avez-vous devin'e pourquoi je vous ai demand'e d’urgence ?

— Ma foi non. Vous d'esirez un renseignement sans doute ?

M. Fuselier interrompit Juve d’un geste de la main :

— Je vous ai fait demander, parce que je d'esire que vous assistiez `a une entrevue qui va avoir lieu dans quelques instants. Lisez ceci.

Parmi les papiers 'epars de son grand bureau, M. Fuselier choisit une lettre qu’il tendit `a Juve. Elle 'etait recouverte d’une grande 'ecriture intelligente, imaginative, elle 'etait courte et s`eche.

Juve y avait `a peine jet'e les yeux qu’il tressaillit puis il la lut `a haute voix :

Monsieur Germain Fuselier, 'etait-il 'ecrit, je vous prie de bien vouloir m’entendre demain matin sans faute, j’aurais une plainte grave `a d'eposer entre vos mains, une r'eclamation `a faire valoir aupr`es de votre impartialit'e.

La lettre 'etait sign'ee :

Fant^omas.

— Eh bien, demanda le policier, que pensez-vous de ceci ?

— J’allais vous poser la m^eme question, r'epondit le juge.

— Non, je vous dirai mon sentiment apr`es. Confiez-moi le v^otre, monsieur Fuselier.

Le magistrat, `a cette question pr'ecise, toussa deux fois afin de prendre le temps de quelques r'eflexions, puis se d'ecida :

— Vous voulez conna^itre mon sentiment, Juve, eh bien voil`a : Fant^omas commence `a souffrir de la d'etention, de la captivit'e. Dans ma longue carri`ere de magistrat, j’ai pu constater que tous les grands criminels, au bout d’un certain temps d’emprisonnement, 'eprouvent un 'etrange et subit besoin de s’entretenir avec le magistrat instruisant leur affaire. Ils invoquent alors les pr'etextes les plus futiles, ils se plaignent de ceci ou de cela, toujours quand cette nervosit'e sp'eciale les atteint, ils finissent par en arriver aux confidences et aux aveux. Fant^omas veut me voir, j’imagine que Fant^omas va parler… Ma foi, interrogeait-il, vous n’avez pas l’air de me croire ?

— Je suis persuad'e que vous vous trompez.

— Parce que ?

— Parce que Fant^omas n’est pas un criminel ordinaire et que je donnerais ma t^ete `a couper qu’il ne parlera pas. Il y a autre chose.

— Quoi ?

— Je ne sais pas. Autre chose, voil`a tout. Avec Fant^omas il faut s’attendre `a tout. Vous l’avez fait extraire de sa cellule ?

— Oui, il est l`a. Il m’attend, voulez-vous que nous l’entendions ?

— Assur'ement.

— Eh bien, ordonnez qu’on introduise Fant^omas.

Trois minutes plus tard, Fant^omas apparaissait, hautain, sombre, imp'en'etrable comme `a l’ordinaire, marchant avec une superbe attitude d’arrogance, entre les deux gardes municipaux.

En entrant dans le cabinet de Germain Fuselier, il salua le magistrat d’un signe de t^ete avec une correction parfaite, puis haussant les 'epaules, il eut un sourire protecteur `a l’adresse de Juve.

— Vous ^etes trop aimable, dit-il. J’avais demand'e `a d'eposer entre vos mains une plainte, mais je n’avais pas exig'e que la personne dont je me plains f^ut pr'esente.

— Est-ce donc de moi que vous d'esirez vous plaindre, Fant^omas ? demanda Juve.

— De vous, oui, Juve. Mais pas de vous seul.

— De qui donc d’autre ?

— Vous permettez que je prenne un si`ege ? r'epondit le bandit, parfaitement `a son aise.

— Oui.

— Merci. Eh bien, messieurs, j’ai en effet `a me plaindre, `a me plaindre de Juve, de ses coll`egues, du procureur de la R'epublique, de la magistrature, de la police. Mais je d'esirerais ne parler qu’en pr'esence de mon avocat, le b^atonnier Me Faramont, contre qui j’ai aussi, monsieur le juge, quelques reproches `a formuler.

Le policier se pencha vers le juge :

— Il faut lui donner satisfaction, murmura Juve. Me Faramont est-il pr'evenu ? Il devrait ^etre ici.

Au moment m^eme, l’huissier passait la carte de l’avocat au magistrat.

— Faites entrer Me Faramont.

Les salutations s’'echang`erent, puis Fant^omas reprit la parole.

— Messieurs, d'eclarait le bandit, vous ^etes un peu mes juges, et par cons'equent je sollicite de vous une impartialit'e absolue. Veuillez donc me promettre de m’'ecouter sans m’interrompre.

Fant^omas parlait avec une si grande assurance, une autorit'e si tranquille, que Juve, tout comme Me Faramont, tout comme M. Fuselier lui-m^eme, en fr'emit. O`u voulait donc en venir l’extraordinaire bandit qu’ils avaient devant eux ?

— Parlez, Fant^omas, commanda Fuselier. Nous vous 'ecoutons.

Fant^omas se croisa les bras :

— Messieurs, je suis ici pour accuser et pour menacer. Encore une fois, j’attire toute votre attention sur les paroles que je vais prononcer. Voici quinze jours, ou presque, que je suis emprisonn'e, j’ai eu le temps de r'efl'echir, je ne parle pas `a la l'eg`ere, je sais ce que je dis, et dis ce que je sais… Juve, je vous accuse, je vous accuse de l^achet'e et de n'egligence. Ne me r'epondez pas, voici des explications. Juve, il y a quinze jours, j’'etais parfaitement libre, pr^et `a la lutte, pr^et `a vous combattre, `a vous vaincre, peut-^etre. Mais il y a quinze jours, Juve, j’'etais aussi terriblement angoiss'e par le chagrin que me causait la mort de ma malheureuse ma^itresse, lady Beltham. Ce jour-l`a, Juve, je me suis livr'e, je me suis remis en vos mains, je vous ai dit : « Prenez-moi, mais vengez-moi. Jetez-moi en prison, mais d'ecouvrez l’assassin de lady Beltham. » Juve, j’ai pass'e un march'e avec vous, un march'e que vous avez accept'e. J’ai pay'e vos services, dont j’avais besoin, de ma libert'e. Juve, depuis quinze jours, qu’avez-vous fait ? Rien ! Qu’avez-vous retrouv'e ? Personne. Qui soupconnez-vous ? Personne encore. Juve, j’en appelle `a votre honn^etet'e en laquelle je crois. Soupconnez-vous, `a l’heure actuelle, comment est morte lady Beltham ? Avez-vous fait avancer d’un pas cette enqu^ete que je paierai peut-^etre un jour de ma vie ? Avez-vous tenu le pacte qui 'etait convenu entre nous ? Je suis prisonnier, Juve, pour que vous soyez policier et policier `a mon service. Alors, rendez-moi vos comptes, faites votre rapport. Car de deux choses l’une : ou vous devez vous occuper de venger lady Beltham, ou moi je renoncerai `a vous employer, et j’irai moi-m^eme m’occuper de mes propres affaires.

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