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— Et il n’y a qu’un moyen pour cela, mon cher Tom, c’est de retrouver votre femme. F^ut-elle partie pour le p^ole Nord, nous la retrouverons.
Tom Bob hocha la t^ete, puis lentement, il expliqua :
— M meGarrick, mes chers amis, est partie avec l’intention de faire croire que j’'etais l’auteur de sa disparition.
— Pourquoi ? demanda French…
— Vous ^etes jeune et c’est tant mieux pour vous, mais votre question me prouve qu’il faut que je vous dise ce qu’'etait notre vie priv'ee. M meGarrick 'etait jalouse, tr`es jalouse de moi. Elle ignorait et ignore encore ma qualit'e de d'etective, mais elle n’'etait pas sans savoir que j’avais une ma^itresse, une ma^itresse ador'ee. `A maintes reprises, M meGarrick a essay'e de me faire rompre avec elle… Pauvre femme… Elle a jur'e de se venger, elle se venge et j’ose dire qu’elle est fort adroite, fort habile, puisqu’en somme, rien que par le fait de sa disparition, elle a r'eussi `a faire mettre en prison, sous l’inculpation de l’avoir assassin'ee, l’homme que moins que tout autre elle aurait d^u berner… le d'etective Tom Bob.
— C’est juste, dit Shepard.
M meDavis ajouta :
— Les femmes ont une imagination redoutable d`es qu’il s’agit de leurs passions.
— H'elas, murmura Tom Bob…
Cependant, il n’'etait que temps d’agir.
D'ej`a trois semaines s’'etaient 'ecoul'ees pendant lesquelles M meGarrick, nullement inqui'et'ee, avait eu le temps d’aller fort loin. Assur'ement, par les journaux elle avait appris l’arrestation de son mari, si donc elle avait regrett'e son acte, d'eplor'e sa fuite, redout'e le ch^atiment qui menacait son 'epoux, elle n’aurait eu qu’`a para^itre, `a se montrer, voire m^eme qu’`a 'ecrire et toute l’accusation tombait. Si M meGarrick ne l’avait pas fait, c’est qu’elle ne le voulait pas. Cela compliquait 'etrangement le r^ole des d'etectives.
Il s’agissait, non pas seulement de retrouver une personne quelconque dont on ignore la r'esidence, mais bien de d'ecouvrir quelqu’un qui se cache.
— Nous la retrouverons… nous la retrouverons, grommela French, les dents serr'ees.
Toutefois le jeune Irlandais ne s’imaginait pas du tout comment on y parviendrait.
Shepard, m'ethodique et pr'ecis, voulait s'erier les questions :
— Voyons, interrogea-t-il, quels sont les pays o`u vraisemblablement M meGarrick peut ^etre all'ee ?…
Tom Bob l’interrompait aussit^ot : :
— Ne perdez pas votre temps `a vous poser semblable question, le monde est grand, il n’y a rien `a faire en envisageant le probl`eme par ce c^ot'e…
« Croyez-moi, Shepard, je connais M meGarrick et je vais vous donner un conseil qui peut-^etre vous 'etonnera… c’est pourtant ce conseil qu’il faut suivre, si vous voulez d'ecouvrir ma femme, si vous ^etes, comme vous l’avez jur'e, d'esireux de voir 'eclater le plus t^ot possible mon innocence…
Shepard, sans un mot, sans un geste, 'etait suspendu aux l`evres de Tom Bob, qui poursuivait :
— Nous sommes, nous autres d'etectives anglais, des policiers fort capables, fort habiles et g'en'eralement jug'es selon nos propres m'erites, c’est-`a-dire fort honorablement. Toutefois, nous pouvons bien le reconna^itre, car ce n’est pas l’heure de nous faire des compliments, nos capacit'es n’exc`edent pas la limite de la bonne moyenne ; nous remplissons nos r^oles avec intelligence et d'evouement, nous sommes de bons, d’excellents employ'es m^eme, nous ne sommes pas des g'enies…
— O`u voulez-vous en venir ? interrogea Shepard qui n’avait pas bronch'e en entendant ce pr'elude 'etrange…
— `A ceci, reprit Tom Bob : Pour des raisons que je n’ai pas `a vous expliquer, mais que je tiens pour excellentes et bien fond'ees, j’ai la conviction que seul un homme au monde, eu 'egard `a son habilet'e, `a son talent, `a sa valeur, est capable de retrouver M meGarrick, si toutefois il y consent. Cet homme est un de nos confr`eres ; un policier qui, depuis de longues ann'ees, lentement, peu `a peu, par son adresse, son courage, sa logique, son intelligence est arriv'e `a se cr'eer une situation qui est de premi`ere importance. C’est l’homme, qui, n'egligeant toutes les v'etilles professionnelles, qui, rompant avec les traditions, se mettant m^eme en opposition avec ses chefs, avec la justice enti`ere, a d'eclar'e la guerre au plus redoutable criminel qui soit `a notre 'epoque, et vous devinez qui je veux dire ? Il s’agit d’un Francais, de l’inspecteur de la S^uret'e, Juve.
— Juve, s’'ecria Shepard, est-ce possible que vous teniez cet homme en telle estime…
— Oui, coupa Tom Bob sur un ton qui n’admettait pas de r'eplique…
— Mais Juve, c’est l’adversaire de Fant^omas.
Un sourire amer et 'enigmatique erra sur les l`evres de Tom Bob. Il sembla qu’il allait reprendre la phrase du jeune d'etective, mais il se contint et murmura simplement :
— Oui, French, c’est bien cela…
Toutefois Shepard qui, g'en'eralement, acceptait sans murmurer les conseils de son coll`egue et ami, esquissait cette objection :
— Comment Juve pourra-t-il savoir o`u se trouve M meGarrick ? quels liens ce policier francais peut-il avoir avec la femme de…
Tom Bob encore interrompait son coll`egue, le menacait du doigt :
— Shepard, mon ami, d'eclara-t-il en souriant, il me semble que l’'emotion trouble votre esprit au point d’en chasser tout raisonnement… Il ne s’agit pas de d'ecouvrir actuellement un lien entre Juve et M meGarrick ; il s’agit d’aller demander `a Juve de pr'ecis'ement le cr'eer, ce lien, pour vous permettre de retrouver ma femme…