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Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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Аллен Марсель

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Hyde Park, entre onze heures et midi en 'etait le lieu de r'eunion.

C’'etait une maladresse 'evidente qu’avait fait le riche seigneur d’y donner rendez-vous `a sa femme.

Nini Guinon, cependant, avait pris une attitude humble et soumise pour solliciter son mari :

— Vous voyez, disait-elle, j’ai ob'ei… aussi n’essayez plus de me reprendre mon enfant…, vous r'eussirez toujours mieux avec moi en me traitant par la douceur que par la menace…

— Ah, Nini, s’'ecria lord Duncan, si seulement vous aviez voulu ^etre autrement…

La jeune femme avait interrompu son mari, froncant les sourcils, elle avait d'eclar'e :

— Allons donc ! nous ne sommes pas b^atis l’un pour l’autre… tout ce que je vous demande, c’est de ne pas vouloir me voler mon fils…

C’'etait le probl`eme, justement. S'eparer l’enfant du milieu de Nini, ne pas r'ev'eler aux curieux le mariage qu’il avait fait. Et, imm'ediatement, brusquer les adieux.

Au reste, ce n’est pas `a cela que songeait le noble jeune lord en reprenant place dans son automobile. `A vrai dire, pour un peu, Duncan se serait trait'e de mis'erable. Oui, il se faisait horreur.

Il n’'etait pas 'emu. Il avait vu son fils et il 'etait rest'e de glace. Il y a les gestes qu’on se doit de montrer. Mais la voix du sang ?

Eh bien, lord Duncan ne l’avait pas entendue.

Duncan 'etait rest'e ferm'e aux appels qu’elle avait pu formuler… Et cela lui paraissait si affreux, si indigne de l’honn^ete homme qu’il 'etait, que c’est `a peine s’il osait le reconna^itre tout bas.

Cependant que lord Duncan s’'eloignait et traversait une pelouse pour regagner la grille du Park, Nini Guinon, songeuse et courrouc'ee, 'etait rest'ee dans l’all'ee sabl'ee `a consid'erer son mari.

— Le mufle, grommelait-elle, dire qu’il ne m’a m^eme pas donn'e d’argent pour renouveler la pelure du sal'e…

Mais une mauvaise pens'ee illuminait sa jolie figure :

— Par exemple, cela a rudement coll'e, l’histoire du m^ome, l’excellent p`ere n’y a vu que du feu…

— Allons, dit la pierreuse en tirant le petit Jack par le bras, foutons le camp d’ici…

Mais elle venait d’apercevoir `a un carrefour un groupe de musiciens qui s’installaient pour jouer. Curieuse et badaude, comme une Parisienne qu’elle 'etait, Nini Guinon se m^ela `a la foule, la bouche ouverte, les yeux 'ecarquill'es. C’'etait une fanfare tout `a fait r'ejouissante d’aspect compos'ee au moins de vingt musiciens, tous arm'es de trombones et de fl^utes. Plus un grand gaillard maigre, portant assujetti `a son ventre absent, une gigantesque grosse caisse surmont'ee de cymbales.

Tous ces musiciens 'etaient rev^etus d’un uniforme sombre, coiff'es d’une casquette bord'ee de gros galon rouge…

Autour d’eux papillonnait une nu'ee de femmes accoutr'ees en cyclistes, d’ailleurs vieilles et laides, qui distribuaient des prospectus, prenaient `a partie les auditeurs.

— Qu’est-ce que ca peut bien ^etre ? se demandait Nini.

Mais ce n’'etait pas en vain qu’elle habitait Londres depuis un an et la jolie Francaise reconnut soudain la banni`ere qui se d'eployait au vent :

— Parbleu, murmura-t-elle, c’est l’Arm'ee du Salut… chic alors, on va rigoler….

Nini avait d'ej`a vu quelques-unes de ces c'er'emonies en plein vent au cours desquelles, apr`es avoir chant'e des psaumes, les plus n'eophytes des salutistes, les derniers enr^ol'es dans l’arm'ee religieuse, montent sur un banc, un escabeau, voir m^eme une 'echelle, pour faire au public `a grand renfort de gestes et d’impr'ecations, le r'ecit de leur conversion.

Nini Guinon se glissait d'ej`a au premier rang de la foule, lorsqu’une des salutistes qui venait de lui tendre un papier que Nini refusait d’ailleurs, redoutant d’avoir `a payer quelque chose, s’arr^eta brusquement et s’inclina vers le petit Jack…

La salutiste consid'erait l’enfant avec une insistance si singuli`ere que Nini Guinon, toujours sur ses gardes, en fut alarm'ee.

Soudain, l’'epouse de lord Duncan se sentit devenir livide. Il lui semblait que la distributrice de prospectus venait de murmurer, de facon presque imperceptible d’ailleurs, un nom, un pr'enom et ce pr'enom, c’'etait… Daniel.

Un remous de la foule s'epara Nini Guinon de la salutiste.

La fausse m`ere du petit enfant en profita d’ailleurs, pour d'eguerpir aussi vite qu’elle le pouvait.

Nini Guinon enleva Daniel dans ses bras, fit signe `a un cab qui passait, se jeta au fond de la voiture apr`es avoir donn'e une adresse au cocher.

— Nom de Dieu, que j’ai eu peur… grogna Nini Guinon, cependant que le v'ehicule d'emarrait.

***

— M. le Coroner ?

Le personnage qui venait d’^etre ainsi interpell'e se retourna d’une seule pi`ece. En face de lui, se trouvait une lieutenante de l’arm'ee du salut qui, les yeux baiss'es, attendait, semblait-il, une r'eponse.

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