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Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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Аллен Марсель

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Deux bars interlopes occupaient les locaux du rez-de-chauss'ee. Au premier et au second 'etage 'etaient install'es de vagues et mis'erables commerces, et au-dessus c’'etaient de pauvres logis, o`u vivaient dans une promiscuit'e r'epugnante trop de gens mal v^etus, mal 'eduqu'es, incapables du moindre travail et ne vivant que de rapines. Le bouge dans toute son horreur !

C’'etait l`a que Nini Guinon 'etait venue 'echouer.

L’'epouse de lord Duncan-Ascott habitait, au quatri`eme, un logement compos'e d’une pi`ece et d’une cuisine.

En face du logis de Nini, sur le m^eme palier, se trouvait une chambre mis'erablement meubl'ee de deux grabats et d’une table. Cette chambre ou pour mieux dire ce repaire servait d’asile occasionnel et provisoire aux deux meilleurs amis de Nini Guinon, les apaches parisiens le Bedeau et Beaum^ome qui, de temps en temps, venaient l`a, lorsqu’ils n’avaient rien de mieux `a faire, lorsqu’ils ne s’endormaient pas, compl`etement ivres, sur les berges de la Tamise, ou ne couchaient pas au poste pour tapage nocturne.

Ce soir-l`a, quarante-huit heures apr`es le d'epart de Michel pour la France, Nini Guinon 'etait rentr'ee pompette et le coeur joyeux.

Elle avait, selon son expression, « bien rigol'e toute la soir'ee ». Depuis cinq heures du soir, en effet, on n’avait pas arr^et'e de faire la bombe. Les hommes, qui par hasard avaient de l’argent, avaient offert un d^iner princier, on avait bu ensuite pour f^eter le retour du n`egre Job, qui d'ecid'ement ne pouvait s’habituer `a sa nouvelle place… Encore un auquel, malgr'e sa couleur d’esclave, ne convenaient ni l’ob'eissance ni l’existence r'eguli`ere qu’impose le service des bourgeois.

On avait donc bien ri et bien bu, mais on s’'etait surtout amus'e de l’id'ee qu’avait eue Beaum^ome de faire absorber un verre de whisky `a l’enfant de Nini, au petit Jack.

Daniel avait failli 'etouffer, et m^eme Nini avait un instant craint de le voir passer de vie `a tr'epas.

Mais le gosse avait fait de telles grimaces qu’il aurait 'et'e impossible au plus morose de ne pas se tordre…

`A cette abominable sc`ene avait succ'ed'e l’orgie habituelle.

Hommes et femmes avaient absorb'e verres sur verres, si bien qu’apr`es avoir 'et'e mis `a la porte du bar o`u l’on avait bu, c’est `a peine si chacun avait pu regagner son domicile.

Pourtant Beaum^ome et le Bedeau avaient accompagn'e Nini jusque chez elle. Il l’avaient aid'ee `a remonter jusque chez elle.

Beaum^ome comptant sur l’ivresse de la jeune femme ainsi que sur l’obscurit'e, avait esp'er'e pouvoir enfin faire sa conqu^ete d'efinitive, devenir son amant. Une fois encore, Beaum^ome en avait 'et'e pour ses avances. Nini, tr`es gaie pourtant, n’avait pas le coeur `a l’amour. Brusquement, au moment o`u Beaum^ome se croyait s^ur de la victoire, elle lui avait ferm'e la porte au nez, le laissant d'econfit et titubant sur le palier, en t^ete `a t^ete avec le Bedeau.

Poursuivant une id'ee fixe d’ivrogne, Nini Guinon, tout en d'ev^etant de facon malhabile le pseudo petit Jack, s’efforcait de persuader, l’enfant qu’il ne s’appelait pas Daniel.

Le pauvre gosse, tout 'ecoeur'e encore par l’affreuse boisson qu’on lui avait fait avaler, s’obstinait `a r'ep'eter son nom… Or, `a chaque fois qu’il disait s’appeler Daniel, une taloche venait lui apprendre qu’il convenait de mentir pour n’^etre pas battu…

H'elas, l’enfant pouvait-il comprendre ce que voulait cette m'eg`ere ?

***

L’ivresse fait voir des choses qui sont ou ne sont pas, mais qui sont extraordinaires. Les vapeurs du whisky engendrent d’'etranges images. On doit `a l’eau-de-feu nationale de l’Angleterre, des r^eves surprenants.

R^eve-t-on, `a vrai dire, ou la r'ealit'e ne participe-t-elle pas au songe ?

`A peine Nini Guinon s’'etait-elle endormie qu’elle sentit entre deux eaux, que quelque chose n’allait pas. 'Etendue sur le dos, la bouche ouverte, le souffle court et pr'ecipit'e, la tempe lui battait comme un soufflet de forge. Tous les muscles de son corps se contractaient. Des milliers de piq^ures d’'epingles viennent lui chatouiller l’extr'emit'e des doigts, la plante des pieds. Elle r^eve `a son pass'e : le logement de la rue Saint-Fargeau, l’assassinat du garcon de recette par Paulet, son amant, le mariage avec Ascott, la naissance de l’enfant… Oui, ce sont les douleurs de l’accouchement… Elle ouvre les yeux. O`u se trouve-t-elle ? Mais dans sa chambre de Belmont Street, au quatri`eme. Un l'eger courant d’air passe sous le battant de la fen^etre et le rayon de lune orne l’apparition de reflets argent'es. `A coup s^ur, c’est une forme humaine. Un fant^ome de femme, dirait-on, tout noir, un 'eclat dor'e `a hauteur de la nuque. Elle se glisse tr`es lentement vers le lit o`u repose Nini.

— `A boire, crie Nini, qui a voulu dire autre chose, mais sans y parvenir.

Plainte sourde du petit Daniel. Nini se dit : je me rendors. Mais comment se fait-il qu’elle puisse voir, si elle dort, l’apparition s’approcher de l’enfant, relever le petit Daniel, le serrer contre elle, avec des gestes c^alins… La plainte se transforme en gazouillis, en chant attendri ?

— Ce n’est pas Daniel, c’est le petit Jack, pense Nini. Pourvu qu’Ascott ne sache rien.

— Malheur ! crie Nini.

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