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L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Аллен Марсель

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'Etait-ce l’homme qui l’avait `a demi assomm'ee d’un coup de poing ? 'Etait-ce au contraire celui qui l’avait sauv'ee des brutalit'es de son agresseur ? 'Etait-ce enfin le jeune homme qui, en dernier lieu, l’avait tir'ee des flammes de l’incendie ?

La fille de Fant^omas, au sortir de son long 'evanouissement, n’en savait rien.

Elle ne savait plus qu’une chose, la malheureuse : c’est que la Fatalit'e s’appesantissait sur elle, c’est que, quoi qu’elle f^it, il en r'esultait toujours d’effroyables aventures.

Et elle fuyait le destin, elle fuyait le sort, affol'ee, incapable de r'efl'echir davantage, prise de ce besoin d’aller plus loin que connaissent tous ceux qui ont eu peur, terriblement peur, dans leur vie.

La fille de Fant^omas marcha de longues heures `a l’aventure. Elle finit pas rejoindre une ligne de chemin de fer o`u des trains de marchandises sur des voies de garage semblaient attendre un prochain d'epart.

La fille de Fant^omas n’h'esita pas. Co^ute que co^ute, d'esireuse de fuir Paris, elle se faufilerait sous un wagon, elle s’attacherait aux essieux d’un fourgon.

— Le train m’emportera, pensait-elle, m’emportera loin de tous, loin de mon p`ere que je hais, loin de Juve que je crains, loin de Fandor que j’aime. On m’oubliera. J’oublierai.

27 – LE HANGAR ROUGE

C’'etait un hangar banal d’aspect et qui, certes, n’aurait pas retenu l’oeil du passant si sa renomm'ee n’e^ut 'et'e universelle, si chacun n’avait connu sa lugubre destination.

`A peine les lourdes portes qui le fermaient 'etaient-elles ouvertes timidement, juste ce qu’il 'etait n'ecessaire pour permettre `a un homme de passer – car ces portes semblaient ne devoir jamais s’ouvrir larges qu’`a de rares instants fix'es par un destin immuable – que l’on p'en'etrait dans une sorte de vaste b^atiment o`u l’obscurit'e r'egnait, quasi perp'etuelle, le jour ne pouvant s’y infiltrer qu’avec parcimonie par d’'etroits vasistas grill'es de fer, prot'eg'es, de plus, au moyen d’'epais treillages.

Il faisait noir dans ce hangar et l’oeil le plus perspicace n’aurait d’abord rien pu y d'ecouvrir qui f^ut de nature `a alarmer le plus pusillanime des visiteurs. La pi`ece semblait vide. Il fallait quelques minutes pour arriver `a distinguer dans cet antre quelques caisses de bois num'erot'ees de chiffres gigantesques, puis, dans le fond, deux vieilles voitures peintes en vert sombre, couvertes de poussi`ere, qui ne devaient servir que rarement.

Rien de tout cela n’'etait effrayant. Non, rien. Et pourtant, il suffisait de p'en'etrer dans ce hangar, de respirer quelques secondes son atmosph`ere pour qu’un frisson vous pr^it `a la nuque, vous cour^ut au long de l’'echine, vous secou^at jusqu’`a l’^ame, vous tenaill^at, vous tortur^at, m^it devant vos yeux d’'etranges visions, d’effarantes hallucinations, des visions de matins p^ales, blafards, de matins o`u le petit jour 'eclairait d’horribles trag'edies, se passant dans un immuable d'ecor, le d'ecor d’une hideuse machine dressant sans cesse vers le ciel ses bras rouges et r'eclamant toujours, inlassable, assoiff'ee, de nouvelles victimes.

Ce hangar o`u nul ne p'en'etrait que de temps `a autre, furtifs, se dissimulant, paraissant honteux d’y entrer, quatre hommes, les passants se le montraient du doigt. Ce hangar sinistre dont les enfants se d'etournaient, que les chiens flairaient avec un hululement lugubre, ce hangar qui se dressait au centre de la rue de la Folie-Regnault, en plein Paris, c’'etait le hangar de « La Veuve », le logis de la Guillotine, l’atelier officiel de Monsieur de Paris, de Deibler, de ses aides, du bourreau et du bourreau-valet.

Perp'etuellement silencieux, abandonn'e `a de longs sommeils, hant'e sans doute par de terribles apparitions, le hangar de la rue de la Folie-Regnault, o`u dormaient les deux guillotines mises par l’'Etat `a la disposition du bourreau, l’une pour Paris, l’autre pour la province, s’'eveillait cependant certains soirs, et ces soirs-l`a, dans le quartier, une agitation f'ebrile se produisait immanquablement, cependant que circulaient des bruits de mort, des bruits d’ex'ecution.

Les commercants qui avoisinaient le hangar de la « Veuve », suivant la d'enomination adopt'ee par tous, tiraient alors de leur sinistre voisinage des profits extraordinaires. 'Etant sur les lieux, et par cons'equent `a m^eme de surveiller facilement les all'ees et venues du bourreau, bon nombre d’entre eux 'etaient charg'es, moyennant une modique r'etribution, de pr'evenir les journaux chaque fois que Deibler ou ses aides visitaient le Hangar Rouge.

Les reporters alors arrivaient `a la chasse des informations, pistaient Deibler, accompagnaient les fourgons qui, au petit jour, s’'eloignaient du hangar sinistre, et de la sorte, le lendemain, ils savaient o`u l’on ex'ecutait, pouvaient s’y rendre et publier de sensationnels reportages sur la facon dont on avait tu'e… tu'e, l'egalement.

Le Hangar Rouge.

Bien qu’il s’abrit^at avec un soin extr^eme, une quasi-honte de lui-m^eme, derri`ere des portes imp'en'etrables, il avait presque une vie `a lui, une existence propre. Le Hangar Rouge pesait sur tout le quartier du poids formidable de son horreur, de la crainte qui naissait des sinistres objets qu’il conservait jalousement. De temps `a autre, des 'etrangers intriguaient pour obtenir du bourreau le droit d’en franchir le seuil, mais rares 'etaient ceux qui obtenaient la permission souhait'ee, plus rares encore ceux qui, l’ayant eue, osaient entrer par la porte qui conduisait jusqu’au hangar, jusqu’au Hangar Rouge, ce hangar o`u dormaient les guillotines, les machines `a tuer, les « Veuves » qui, toujours, appellent des amants, les serrent une fois contre leur poitrine puis les rejettent `a l’oubli des cimeti`eres.

***

— Jean-Marie, puisque vous ne connaissez pas encore « le travail », je vous conseille tout bonnement de m’aider `a essuyer les pi`eces. Vous verrez ensuite comment se monte la machine, car je vais la dresser ce soir m^eme, ici, dans le hangar, afin de m’assurer qu’elle fonctionne. Nous la d'emonterons ensemble demain matin. Faites attention. J’imagine que vous n’avez pas de sottes frayeurs ?

— De la frayeur, monsieur Deibler ? Vous voulez plaisanter. Dites que je suis aux anges. Vous savez bien ce que je vous ai avou'e le jour o`u nous avons fait connaissance ? Je n’ai qu’une passion, moi, le sang, l’odeur du sang, la ti'edeur du sang. Ah, ma foi, monsieur Deibler, je vous assure que je n’ai aucune terreur. Non, ce n’est pas la guillotine qui me fera jamais frissonner, moi, au contraire, enfin, je veux dire : qui me fera frissonner de peur.

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