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L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Аллен Марсель

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`A sept heures du soir, M. Deibler 'etait venu myst'erieusement en compagnie de ses quatre valets au Hangar Rouge. Son arriv'ee 'etait ce soir-l`a presque pass'ee inapercue, car il ne venait jamais aussi tard.

`A l’int'erieur du Hangar Rouge, M. Deibler et ses aides, le plus tranquillement du monde et comme accomplissant une besogne fort ordinaire, pr'eparaient la guillotine, la montaient lentement, s’assurant que l’humidit'e ne l’avait pas d'et'erior'ee, que le couteau glissait irr'eprochablement au long de ses bras, que la bascule jouait librement, qu’au cours de la prochaine ex'ecution, enfin, aucun incident ne viendraient entraver l’oeuvre de justice.

— Jean-Marie, appelait M. Deibler de temps `a autre. Regarde bien, ce n’est pas compliqu'e, mais encore il convient de ne point faire de gaffes. Tu vois ? Ce montant se visse de cette mani`ere, et celui-ci se place ainsi.

Jean-Marie recevait des mains des autres aides, les unes apr`es les autres, les diff'erentes pi`eces des bois de justice.

Et de la sorte, dans le Hangar Rouge o`u M. Deibler venait d’allumer trois falots qui r'epandaient une lueur blafarde, le bourreau et ses aides, paisiblement, travaillaient `a leur travail sinistre, auquel ils 'etaient loin d’ailleurs d’attribuer le caract`ere lugubre qu’on lui pr^ete habituellement.

— Le couperet, disait M. Deibler, qui maniait avec indiff'erence, dans ses fortes mains, le tranchet triangulaire qui glisse entre les bras de la « Veuve », le couperet, Jean-Marie, regarde comme je le monte ? Tu vois ? c’est enfantin. Il suffit de le hisser, de l’arr^eter sur le cliquet, et, crac ! au moment d’op'erer, quand on presse sur le d'eclic, il glisse avec une rapidit'e d’'eclair. Hop, tu as bien vu ? je te dis que c’est enfantin.

C’est enfantin.

M. Deibler aimait cette expression.

— Je ne d'ecide rien, disait-il souvent, j’ex'ecute. Je ne suis pas le cerveau, je suis la main. Que je sois ou non partisan de la peine de mort, on n’a m^eme pas `a s’en pr'eoccuper. Ma profession est d’^etre bourreau. Je suis bourreau. Et voil`a tout.

Tels n’'etaient pas les sentiments de Jean-Marie…

Lorsque, M. Deibler, en effet, frapp'e de l’insensibilit'e de l’apache contemplant, sans un tressaillement la mort de son camarade, 'etait entr'e en relation avec lui, il ne s’y 'etait pas tromp'e. M. Deibler avait estim'e que cet homme ferait un parfait valet de guillotine, qu’il serait `a l’abri de toute nervosit'e, de toute 'emotion m^eme. Il avait vu juste.

Au cours de la r'ep'etition sinistre que le bourreau faisait dans le Hangar Rouge, Jean-Marie, en effet, maniant pour la premi`ere fois les montants de la « Veuve », sentant le contact des bois gluants de sang, pr^ets `a en boire encore, ne tressaillit m^eme pas.

Jean-Marie n’'etait encore venu au Hangar Rouge que quelques fois. On e^ut jur'e qu’il 'etait familier du sinistre local.

— Excellente recrue, pensait d’ailleurs le bourreau en contemplant son nouvel aide.

Et, tout naturellement, comme s’il n’avait point communiqu'e une nouvelle d’importance, M. Deibler instruisait l’apache :

— Jean-Marie, la guillotine que nous venons de monter est celle qui fonctionne `a Paris, celle dont nous nous servons le plus commun'ement, en somme celle qui, probablement, tranchera le cou du Camelot d’ici `a quelques mois, si, comme il est probable, ce criminel est condamn'e `a mort par le jury, lorsqu’il passera en Cour d’Assises. Allons d^iner. Nous reviendrons d’ici une heure et nous monterons l’autre guillotine, celle dont nous nous servirons dans trois jours, celle que nous utiliserons `a Quimper pour guillotiner cet autre criminel, OEil-de-Boeuf, condamn'e `a mort pour avoir assassin'e un officier russe.

— Vingt dieux, patron, alors, ce soir, nous aurons `a monter deux guillotines ? Ah, c’est une belle journ'ee.

Et la brute pensait ce qu’elle disait, s’applaudissait d’avoir la perspective de travailler toute une nuit `a sa lugubre besogne, `a la toilette de la « Veuve ».

***

Il y avait quelque temps d'ej`a que M. Deibler et ses aides s’'etaient retir'es du Hangar Rouge. Or, soudain, la porte grinca.

Un homme, prenant garde de faire du bruit, se glissa `a l’int'erieur du local, tira la porte sur lui, craqua une allumette, enflamma un falot et vint se camper devant la guillotine dress'ee au centre du hangar.

C’'etait Jean-Marie.

Jean-Marie, alors qu’il se rendait `a un restaurant voisin pour d^iner en compagnie de M. Deibler, s’'etait brusquement arr^et'e, fouillant les poches de sa veste :

— Tiens, j’ai oubli'e mes cigarettes.

Et tout naturellement, il pria le bourreau :

— Donnez-moi la clef, patron, je cours les prendre et je vous rejoins.

M. Deibler n’avait pas fait de difficult'es. Il avait d'ej`a envoy'e deux ou trois fois Jean-Marie faire des commissions au Hangar Rouge, et la sinistre brute s’en 'etait parfaitement acquitt'ee. M. Deibler, sans m'efiance, confia sa clef.

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